SADE Donatien Alphonse François, marqui s de 1740-1814 Romancier et conteur, né à Paris. Élevé d'abord par son oncle, l'abbé...
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SADE Donatien Alphonse François, marqui s de
1740-1814
Romancier et conteur, né à Paris.
Élevé d'abord par son oncle,
l'abbé de Sade, puis au collège d'Harcourt, il prend part à là guerre
de Sept Ans comme officier de cavalerie ; se marie à l'âge de
vingt-trois ans.
Dès lors, il va mener la vie scandaleuse qui est celle
de bien des nobles libertins de son époque, aggravée pourtant, dans
son cas, de perver
sion.
(La psychanalyse, notons-le au passage, a
établi que la tendance au« sadisme» - dans des proportions très
diverses, certes - est beau
coup moins exceptionnelle que ne
l'avaient laissé croire les pharisiens, et aussi les procureurs
bénévoles.) Mais, dira-t-on, Sade a bien consti
tué, dans ce domaine,
un cas? Qu'en est-il? En 1768, il est incarcéré pour violences envers
une femme de rencontre; en 1772, accusé d'em
poisonnement (une
dose accidentelle de« bonbons aphrodisiaques»).
Il doit s'enfuir, et
sera condamné à mort par contumace.
Au demeurant, Maurice Heine
a montré dans la revue de médecine Hippocrate (mars 1933) que les
accusations portées contre Sade étaient en grande partie arbitraires.
Sa belle-mère, à deux reprises, le fait arrêter: 1772 et 1778, où il est
enfermé au donjon de Vincennes, et à la Bastille.
Il y restera douze
années.
En 1789, peu de jours avant le 14 juillet, le prisonnier tente
d'ameuter la foule depuis la fenêtre de son cachot.
Il est déclaré fou,
et déplacé à l'hospice de Charenton, d'où le libérera en 1790 le
décret abolissant l'arbitraire des« lettres de cachet».
Partisan sincère de la Révolution, Sade est en 1793 secrétaire de la
section des Piques ; mais son attitude d'excessive clémence durant la
Terreur lui vaut de connaître à nouveau la prison.
L'année suivante, il
est rendu à la liberté par la chute de Robespierre.
Dans tout le pays, la
« galanterie » éclate de nouveau, déborde (plus encore que sous
l'Ancien Régime).
Mais bientôt le Premier consul, ennemi juré des
libertins depuis qu'il vient de signer le Concordat (1801), resserre la
discipline religieuse.
Il fait incarcérer le « divin marquis » pour écrits
contraires aux bonnes mœurs.
Interné
administrativement deux ans plus tard à Charenton, c'est là qu'au
bout de douze nouvelles années de détention arbitraire (mais on le
laisse jusqu'en 1808 organiser des spectacles), il va mourir:«
Vingt-sept années, sous trois régimes, dans onze prisons », résume
André Breton dans son Anthologie de l'humour noir (notons la «
catégorie» où Breton range notre auteur).
Sade a beaucoup écrit; et non pas, comme on l'a dit parfois, grâce à
ses nombreux emprisonnements, puisque sa période de plus grande
fécondité se situe précisément durant les dix années - 1791 à 1801 de liberté relative.
(Mais il est juste d'ajouter que la rédaction des Cent
vingt journées de Sodome - publication posthume, de 1931 à 1935 remonte à 1785 et qu'il avait travaillé jusqu'en 1807 aux dix volumes
manuscrits des Journées de Florbelle, que la police de Louis XVIII fera
brûler.) C'est en 1791 en effet que Sade, âgé de cinquante et un ans,
publie son premier ouvrage, Justine ou les Malheurs de la vertu.
Le livre
est bien accueilli, note Maurice Heine, qui ajoute :« Succès de bon aloi,
non de scandale; on n'y trouvera nul mot indécent, et les situations sca
breuses y sont gazées avec une rare ingéniosité.» (Maurice Heine pré
cise d'ailleurs que Sade va se rattraper dans six ans, sous le Directoire,
avec sa Nouvelle Justine, en profitant de « la facilité des mœurs
régnantes».) La même année, 1791, il écrit un drame en prose.
Oxtiem
ou les Malheurs du libertinage.
Suivront La Philosophie dans le boudoir
(1795) et, en 1795 également, le roman Aline et Valcour.
Au premier de
ces deux ouvrages, qu'anime le très inventif Dolmancé, s'appliquerait à
merveille la remarque d'André Breton sur Sade (dont il sera l'éditeur en
1931): « Les excès même de l'imagination à quoi l'entraîne son génie
naturel [ ...] ont toute chance de faire surgir de son récit quelques pas
sages d'une outrance manifeste, qui détend le lecteur en lui donnant à
penser que l'auteur n'est pas dupe.» Or, notons-le, cet« humour», et
cette « outrance manifeste», André Breton les décèle quelles que
soient les scènes où le marquis nous entraîne à sa suite,« dans le plaisir
comme dans le crime».
Par exemple l'épisode étonnant de l'ogre dans
La Nouvelle Justine, suivie de !'Histoire de Juliette, sa sœur (1797, dix
volumes) :" ce Moscovite géant, du nom de Minski, vit dans les entrailles
de la terre (sous les volcans éteints de Pietra-Mala dans les Apennins)
parmi des richesses immenses.
Son portrait physique et moral par l'au
teur conjugue une inépuisable et fabuleuse virilité avec les travers réels
- mais limités - que Sade se connaît et, plus encore, avec des perver
sions criminelles, elles aussi fabuleuses: La nature (raconte Minski) pro
portionna mesfacultés physiques, et mes goûts, auxfaveurs dont me gratifiait
la fortune [...] L'univers entier ne me paraissait pas encore assez vaste pour
l'étendue de mes désirs; il me présentait des bornes: je n'en voulais pas.
Né
libertin, impie, débauché, sanguinaire etféroce, je ne parcourus le monde que
pour en connaître les vices.
Et plus loin: Tous les débris de cadavres que
vous voyez ici ne sont que les restes des créatures que je dévore; je ne me
nourris que de chair humaine, etc.
Rappelons que la mode est au roman
noir à la manière anglaise (en particulier Le Moine de Lewis dont la
2e édition doit être« amendée») et que Sade, cruel en littérature, avait
été pour sa part puni de prison pour s'être élevé,....
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