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SAINT-EXUPÉRY ET L'AÉROPOSTALE

Publié le 05/02/2019

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LES PIONNIERS DE L'AVIATION COMMERCIALE FRANÇAISE

C’est aux Indes, en février 1911, qu’un avion, piloté par un Français, est la première fois employé pour transporter du courrier. En France, des transports ponctuels de sacs postaux ont lieu en 1912 et 1913. Le 13 août 1918, le gouvernement français inaugure un service postal aérien, qui dure onze mois, entre Le Bourget et Saint-Nazaire. Un peu plus tard, une liaison est établie entre Nice et Ajaccio. C’est en février 1919 que la poste aérienne devient internationale : après bien des réticences, les Britanniques ont enfin autorisé le survol de leur territoire... Une commission gouvernementale est chargée d’évaluer les coûts du transport aérien du courrier. Simultanément, on assiste à des initiatives privées. Ainsi naît, par exemple, l’éphémère Compagnie des transports aériens du Sud-Ouest, dont le but est d’amener les riches clients vers les casinos de la côte basque. La société Aérotransports du Midi-Sud-Ernoult, quant à elle, crée une liaison

Saint-Exupéry et Guillaumet devant un Laté 28, avion puissant créé pour permettre l’établissement de lignes en Amérique du Sud. Les deux compagnons firent souvent équipe dans des missions risquées en Argentine, au Brésil et au Chili.

Accident du Potez de Guillaumet dans les Andes en 1938. L’aventure de l’aviation s'est terminée de façon tragique pour bon nombre de ses pionniers.

raid New York-Terre de Feu. Il prend l’air avec son mécanicien le 17 février 1938, mais ne dépasse pas l’escale du Guatemala, où son appareil, trop lourdement chargé, s’écrase au décollage. Le bilan, cette fois, est sérieux: multiples fractures du crâne et poignet brisé.

 

Pendant son long séjour à l’hôpital, puis au cours de sa convalescence aux États-Unis, il termine un roman commencé plusieurs années auparavant: Terre des hommes, qui connaît un vif succès en Amérique, où il est publié sous le titre Wind, Sand and Stars (« Du vent, du sable et des étoiles ») et qui est couronné en France par le prix du roman de l’Académie française (1939).

 

Un homme d’action face à la défaite

 

Bien que les médecins l’aient déclaré inapte, Saint-Exupéry rejoint fin 1939 la base aérienne de Tou-

Bordeaux-Toulouse-Montpellier, et l’un de ses pilotes, Costes, aura un destin glorieux. Il réussira en effet le premier tour du monde avec Le Brise et la première liaison Paris-New York sans escale. Mais il manque à ces sociétés à but commercial un grand dessein, contrairement aux vues à long terme de Pierre Latécoère, qui dès 1918 envisage une liaison régulière France-Argentine, sans réussir à intéresser à son projet le secrétaire d’État à l’Aéro-nautique. Le 25 décembre, il franchit lui-même les Pyrénées et établit le premier tronçon des futures Lignes Latécoère: Toulouse-Barcelone. Le 9 mars 1919, il s'envole pour le Maroc et signe un accord avec le résident général Lyautey, si bien que la compagnie peut acheter quinze avions et engager des pilotes. Le 1\" septembre 1919, la liaison Toulouse-Rabat, via Barcelone, Alicante et Malaga, est inaugurée, et étendue à Casablanca en décembre. L’Aéropostale est en gestation.

« Saint-Exupéry et l'Aéropostale T"' tHF --·--- .

existence et met fin en même temps à une liai­ son orageuse avec Louise de Vilmorin.

Affecté à la ligne Toulouse-Casablanca, puis Casablanca­ Dakar , sur un Bre guet, la nouvelle recrue se voit confier, en 1926, une mission difficile: diriger la base de Cap-Juby, sur la côte occidentale du Sahara.

Il doit en faire un poste de secours aux portes du désert pour tous les aviateurs en diffi­ culté, en obtenant si possible la coopération du gouver nement espagnol.

La tâche est délicate, non seulement parce que les Espagnols voient d'un mauvais œil cette intrusion sur leur territoire colonial, mais aussi parce que la base est cernée par des tribus maures rebelles, pour lesquelles un avion en détresse est synonyme de marchandises à piller et d'équipages à rançonner (cette même année 1926, au mois de juin, Jean Mermoz a ainsi été fait prisonnier pendant plusieurs jours).

Saint­ Exupéry reste un an et demi dans cette enclave, et s'acquitte si bien de sa tâche que le gouverne­ ment français lui décerne ultérieurement la Légion d'honneur pour son action pacificatrice.

Pour les aviateurs en perdition, Cap-Juby repré­ sente le seul lien avec le reste du monde (plus de dix sauvetages sont effectués dans des conditions périlleuses).

La naissance de l'Aéropostale et la révélation d'un écrivain Désormais, le monde de l'aviation et la rude camaraderie, qui y règne lui sont devenus indis­ pensables.

A peine relevé de ses fonctions, il reprend du service, cette fois comme pilote, sur les lignes africaines.

Le peu de temps libre qui lui reste, il l'emploie à écrire: de cette expérience africaine naît son premier roman, Courrier Sud, publié en 1929.

Pour le visionnaire qu'est Latécoère, il ne suffit plus d'avoir conquis l'Afrique occidentale, il faut maintenant franchir l'océan et acheminer le courrier jusqu'en Amérique latine.

Au mois d'avril 1927, tandis que Saint-Exupéry monte une garde vigilante aux confins du Sahara, un accord ......

Affiche pour les lignes aériennes Latécoère.

La première ligne Toulouse­ Barcelone-Casablanca est exploitée à partir de 1923.

Pierre� Latécoère.

Cet industriel audacieux conçut la première ligne aérienne reliant la France à ses colonies et peut être considéré comme le créateur de l'Aéropostale française.

' Affiche pour un club d'aviateurs.

Mermoz symbolisa pour toute une génération le courage, l'audace et la modernité de la France.

et un rachat conclu avec le financier Marcel Bouilloux-Laffont donnent naissance à la Compa­ gnie générale aéropostale (CGA), que l'on appelle tout simplement l'Aéropostale.

L'aviation postale à la conquête du Nouveau Monde Un contrat postal vient d'être signé avec l'Argen­ tine, et un nouveau chef pilote au charisme incomparable -Jean Mermoz -est arrivé outre­ Atlantique pour y établir les têtes de pont des lignes commerciales.

La première liaison postale France -Amérique du Sud est ouverte le 1"' mars JE AN MERMOZ Malgré sa gloire d'écrivain, Saint-Ex upéry n'atteignit jamais à la célébrité et au charisme de son contemporain Jean Mermoz, né le 9 décembre 1901.

Tempérament plus • solaire • et plus extraverti, servi par un physique de jeune premier athlétique, Mermoz est partagé entre une nonchalance bohème et le goût de l'action spectaculaire.

Moins d'un an après sa fracassante première de l'Atlantique Sud, il bat le record de distance en circuit fermé le 2 avril 1931, parcourant 8960 km en 59 h 14 mn.

Nouvel exploit le 17 janvier 1933 à bord de l'Arc-en-ciel, qui préfigure les premiers avions de ligne modernes et prouve sa fiabilité de Paris à Rio et à Buenos Aires.

Un voyage que Mermoz transforme en triomphale tournée de propa­ gande pour les ailes françaises, dont il incarne désormais le prestige.

Personnage de premier plan dans la vie publique, il est de toutes les fêtes aériennes, de tous les meetings, affi­ chant toujours le même panache et le même mépris du danger, ne reculant pas devant les • coups de gueule • et les polémiques.

Il fustige notamment la politique du ministre de l'Air, Pierre Cot, qui selon lui •brade• à l'Allemagne les lignes de l'Atlantique si chèrement payées par les Français.

Ce fervent patriotisme explique son engage­ ment dans les rangs des Croix-de-Feu du colo­ nel de La Rocque, mouvement nationaliste vio­ lemment germanophobe.

Le 7 décembre 1936, malgré les avaries répétées des hydravions Laté-301 (des modèles identiques à la Croix.. »

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