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Sans l'art, parlerait-on de beauté? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La question ne porte pas banalement sur...

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« Sans l'art, parlerait-on de beauté? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La question ne porte pas banalement sur le rapport entre beauté natu­ relle et beauté artistique : il s'agit plus précisément de savoir si la notion de beauté est originellcme1tt suscitée par l'art - pour être ensuite, éven­ tuellement, appliquée à d'autres domaines. Si la beauté apparaît par l'art, cela semble avoir pour conséquence qu'elle est un fait de culture (et donc éventuellement variable d'une cul­ ture à l'autre). S'il existe des relations au monde antérieures aux pratiques artis­ tiques, doit-on admettre qu'elles s'effectuent sans aucune conscience de la beauté? ■ Pièges à éviter - Éviter la comparaison entre beauté naturelle et beauté artistique : ce n · est pas k sujet exact. - Inutile de rappeler que la beauté n'est pas nécessairement une notion centrale dans l'art moderne : il convient d'admettre que le concept a du sens, et d · emprunter en conséquence en priori'té ses exemples à l'art « classique ». - Ne pas restreindre la définition de l'art à la simple imitation de la nature, puisque œla semble suppose qu'il pourrait déjà y avoir de la beauté dans la nature, avant l'élaboration artistique. SUJETS CORRIGÉS CORRIGÉ [Introduction] Il arrive fréquemment que l'on s'extasie devant la beauté d'un paysage, d'une personne, d'un coucher de soleil, et l'on semble alors sous-entendre que des objets ou spectacles « naturels » recèlent en eux une incontestable beauté.

On peut toutefois se demander si la beauté ainsi repérée l'est indépendamment de toute connaissance ou référence artistique.

Lorsque Malraux affinne que l'on devient peintre, non en contemplant la nature, mais en visitant fes musées, il indique que, pour l'artiste, le beau ne se conçoit d'abord que relativement à l'art et à son histoire.

Doit-on admettre qu'il en va de même pour tout individu, même s'il n'en prend pas nécessairement conscience, ou s'il s'illusionne sur le caractère spontané de sa conception de la beauté ? [I.

La beauté sans l'art] Pour Platon, le Beau est une Idée parfaite et éternelle, qu'une représentation matérielle ne peut qu'évoquer lointainement, et dégrader - précisément en raison de son inscription dans la matière imparfaite.

Dans cette optique, l'art lui-même, dans ses réalisations humaines, est nécessairement postérieur à l'existence de la beauté.

En prenant appui sur une telle conception, on en vient à considérer que la beauté d'un être naturel est plus proche de la beauté idéale que celle qui poun-a se rencontrer dans une œuvre d'art, puisque cette dernière ne sera qu'une « copie de copie», double dégradation de l'Idée transcendante. Il paraît pourtant difficile de s'en tenir à une telle définition de l'art, condamné à seulement« imiter» le monde sensible, car l'histoire de l'art, y compris lorsqu'il est bien figuratif, montre qu'on ne peut rendre compte des œuvres par la notion restrictive d'imitation : le peintre, le sculpteur, le dessinateur ajoutent à ce qu'ils perçoivent des éléments qui modifient l'objet ou le spectacle «représenté».

De telles modifications ne sont pas suscitées par la motif, mais bien par les exigences de la représentation artistique, c'est-à-dire par des règles d'organisation et de construction, culturellement variables, qui définissent les « écoles » ou les « styles » artistiques.

Kant soulignait dans ce sens que l'œuvre n'est pas la représentation d'une belle chose, mais qu'elle constitue la belle représentation d'une chose, ce qui indique clairement que la beauté artistique est inédite, mais n'affirme pas cependant que ce soit elle qui constitue l'origine de toute notion de beauté. En fait, le problème considéré consiste à se demander si la beauté ne CORRIGÉ 10 peut apparaître ou être conçue que grâce à l'art- dont l'inexistence aurait, entre autres conséquences, notre incapacité à évoquer si peu que ce soit et où que ce soit la présence du beau.

Ce qui semble rendre le problème difficile à résoudre, c'est qu'on admet qu'il existe des pratiques artistiques très tôt dans les sociétés humaines puisqu'on en trouve des preuves dès les groupes, de la préhistoire -, et que nous avons peu de chance de rencontrer une société ignorant l'art pour examiner si elle pourrait, malgré cela, parler de beauté. [Il.

Les activités pratiques prioritaires] On peut toutefois considérer que l'art, même s'il naît rapidement, n'est sans doute pas une activité immédiate ou première de l'homme.

Les sociétés« originelles» ont dû d'abord résoudre leurs problèmes de survie - abri, alimentation, etc.

-, c'est-à-dire combler des besoins primaires, relativement auxquels le « besoin d'art» apparaît pour ainsi dire superflu ou «luxueux» : ce n'est qu'après un usage certainement très long des armes de chasse que l'on a commencé à les inciser et les décorer dans la préhistoire.

Et pour décorer les parois des grottes, il fallait d'abord que l'on y soit en sécurité, et que l'alimentation ne pose plus de problèmes. On peut d'ailleurs constater, encore aujourd'hui, que des sociétés traditionnelles, dans lesquelles des expressions artistiques existent bien, semblent ne guère être sensibles à ce que nous nommons les beautés de la ·nature ce qui peut indiquer qu'un« paysage» est d'abord un espace de déplacement, de chasse, ou de danger, avant d'être contemplé « esthétiquement ».

Le regard esthétique implique un détachement relativement aux fonctions éventuelles de ce qui est regardé, et il n'est pas vraisemblable que ce détachement puisse avoir lieu dans un univers « primitif» où.... »

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