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Sartre (1905-1980) LA LIBERTÉ HUMAINE A près avoir décrit la conscience, Sartre s'attache à montrer (en particulier dans L'Êtrc et...

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« Sartre (1905-1980) LA LIBERTÉ HUMAINE A près avoir décrit la conscience, Sartre s'attache à montrer (en particulier dans L'Êtrc et le Néant) qu'elle est synonyme de liberté.

Il retrouve par là l'idée stoïcienne de liberté absolue du Jugement : tout ne dépend pers de nous dans le monde, mais nous sommes entièrement responsables de la manière dont nous no,is y rapportons. 1.

La liberté de la conscience A.

La distance de soi à soi ■ Je suis conscient de la pomme qui est posée sur la table; c'est donc que je rn 'y rapporte et que je m'en différencie.

Être conscient d'une chose, c'est ne pas être la chose, c'est se poser soi-même à côté de la chose, comme autre qu'elle.

Or, nous avons conscience de nous-mêmes. Serions-nous autres que nous-mêmes ? ■Examinons : être conscient de soi, avoir conscience de soi, non pas de manière irréfléchie, mais en se prenant vraiment comme objet de réflexion, c'est nécessairement se mettre à distance de soi-même.

Avoir conscience de soi, c'est se décoller de soi, s'arracher à soi, se regarder un peu comme on regarde un autre. ■ Le moi qui regarde est déjà autre que le moi qu'il regarde.

De ce fait, nous ne coïncidons jamais parfaitement avec nous-mêmes, à la dif­ férence des choses.

Nous sommes toujours « à distance », toujours autres que nous-mêmes.

La conscience implique l'altérité à soi. B.

La liberté ■Par la conscience de soi, j'ai toujours en quelque sorte une longueur d'avance sur moi-même: au moment où je prends conscience de ce que je suis, je ne le suis déjà plus vraiment.

Autrement dit, la conscience me révèle que je suis toujours, sinon effectivement autre, du moins poten­ tiellement autre que moi-même- bref, qu'il me revient de décider si je veux être le même ou changer. ■ Voilà qui est lourd de conséquences : je ne suis (en tout ce qui peut relever de mon action) rien de déterminé définitivement.

En me révé­ lant que je ne suis pas déterminé, que je ne suis rien, la conscience me révèle donc que je suis libre.

Je ne suis pas une chose, je ne suis pas pris dans le déterminisme qui régit le monde des choses. ■ Prenons un exemple.

Vous vous dites: « Je suis lâche, c'est comme ça.

» II est évident que c'est faux.

Vous parlez de vous comme d'une chose, qui est ce qu'elle est sans pouvoir s'en arracher.

Mais puisque vous en avez conscience, vous ne l'êtes pas, c'est vous qui vous faites tel. C.

L'en-soi et le pour-soi ■ Sartre appelle «pour-soi» le mode d'être de l'homme, qui consiste à se rapporter à soi dans une transparence absolue, sans jamais rien être de déterminé.

Il appelle «en-soi» l'être des choses(des pierres aux animaux), qui, à la différence du pour-soi, existe conformément à une définition fixe, sans pouvoir prendre le moindre écart par rapport à elle. L'en-soi est identique à soi, sans distance,« opaque et massif». ■ Les choses- l'en-soi-existent conformément à une nature, qu'on appelle leur essence(= définition).

En elles, l'essence précède l'exis­ tence.C'est-à-dire que leur existence réelle n'apporte rien de neuf à leur essence, mais la réalise.

Le chou-fleur, le stylo existent conformément à leur essence. ■ Le pour-soi, lui, n'a pas d'essence: il est toujours libre de se faire autre.

D'une certaine manière, c'est lui qui fait son essence en existant (je ne suis pas fainéant, ou conservateur, c'est moi qui me fais être tel, et moi qui puis à tout moment cesser de me faire être tel).

Pour l'homme, « l'existence précède l'essence».

« L'homme se définit peu à peu, et la définition reste toujours ouverte» (L' Existentialisme est un humanisme). 2.

La condition de l'homme A.

L'angoisse ■ L'homme prend quelquefois une conscience très vive de sa liberté.

II éprouve alors un sentiment particulier que Sartre appelle « l'an­ goisse».

Elle survient dans ces moments où nous avons l'intuition que rien en nous n'est déterminé, mais que tout est suspendu à notre liberté, que nous sommes entièrement responsables de nous-mêmes. ■ Alors que la peur se porte toujours sur quelque chose d'extérieur à nous, l'angoisse se porte sur notre propre liberté imprévisible.

C'est la liberté qui s'angoisse d'elle-même.

Le soldat pour la première fois au front a peur des rafales de mitrailleuses ; mais il s'angoisse de sa réac­ tion: quelle attitude choisira-t-il au moment de monter à l'assaut? trem­ bler, pleurer comme un enfant, braver le danger, ruser ...

De même, sur un chemin à pic, j'ai peur de déraper, mais ce qui m'angoisse quand je regarde dans le vide, c'est ma liberté elle-même: je pourrais m'y jeter, il suffit d'un rien, d'un petit geste ... B.

La mauvaise foi ■ L'homme découvre ainsi qu'«il est condamné à être libre».

Il n'est pas possible de faire autrement: il faut faire des choix, conduire sa vie.

Celui-là même qui se laisse porter par le cours des choses fait un choix, celui de ne pas choisir.

C'est la « condition de l'homme», à défaut de nature ou d'essence. Sartre ■ Cette condition est difficile.

Le rêve de l'homme est d'avoir l'assu­ rance et la tranquillité définitive de l'en-soi, qui ne porte pas constam­ ment le fardeau de soi-même.

Le pour-soi voudrait bien être quelque chose une fois pour toutes, s'en remettre aux choses, à une nature qui le déchargerait de supporter l'idée.... »

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