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«
Sartre
1905 -1980
« L'homme est condamné à � libre.
• L'existentialisme
est un humanisme
Éléments de biographie
t Les premières années
Jean-Paul Sartre, orphelin de père, passe son enfance à Paris entouré de
sa mère et de ses grands-parents maternels.
Lorsque sa mère se remarie,
la famille part vivre à la Rochelle.
Période difficile pour Sartre qui se sent
rejeté et entretient avec son beau-père des rapports conflictuels.
Passionné par les livres, il se destine à l'écriture et au professorat.
A l'École
normale supérieure, il fréquente Raymond Aron et Paul Nizan.
Lors de sa
préparation à l'oral de l'agrégation de philosophie, il se lie avec Simone de
Beauvoir.
Le couple qu'ils formeront, libre et solidaire, restera légendaire.
Agrégé de philosophie, Sartre enseigne et publie ses premiers ouvrages
philosophiques et littéraires : L'imagination (1936), introduction à
L'imaginaire qui ne paraîtra que quatre ans plus tard, La Nausée (1938), et
Le Mur (1939).
t Un intellectuel engagé
Mobilisé en 1939, Sartre est retenu captif jusqu'en mars 1941.
De retour à
Paris, il crée un réseau de résistance intellectuelle (Socialisme et Liberté).
L'Etre et le Néant paraît en 1943, mais c'est surtout par le théâtre que
Sartre se fait connaître, notamment avec Les Mouches et Huis clos.
Conscient des responsabilités qui incombent aux intellectuels qui
occupent le devant de la scène, Sartre renonce à l'enseignement pour se
consacrer entièrement au journalisme et à l'écriture.
Il crée la revue Les
Temps modernes.
D'abord engagé auprès des communistes, il rompt définitivement ce lien
suite à la défaite du « Printemps de Prague ».
Son combat contre les luttes
anticoloniales (guerres d'Indochine, d'Algérie, du Vietnam) en fait le
maître à penser de la gauche intellectuelle.
Progressivement atteint de cécité, il laisse une œuvre inachevée.
Célèbre par
ses œuvres théâtrales, littéraires et philosophiques, il fut un homme engagé,
un génie infatigable et désintéressé représentant les défenseurs de la liberté.
Thèses essentielles
Penseur de la liberté et de la contingence, Sartre développe un existen
tialisme athée: « une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par
ailleurs, déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et
une subjectivité humaine.
» (L'existentialisme est un humanisme).
Le premier principe de l'existentialisme est que l'existence précède
l'essence, de telle sorte que l'homme est absolument libre.
t l'existence précède l'essence
Les choses sont tandis que l'homme existe : les choses ont une essence
avant d'être.
Par exemple, ce coupe-papier a été pensé selon sa fonction
avant d'être fabriqué et d'advenir à l'être.
Il restera toujours coupe-papier.
Il est conforme à son essence.
En revanche, l'homme « n'est d'abord rien », au sens où l'on ne peut
d'avance le réduire à un ensemble de déterminations : il existe avant
tout.
En lui, « l'existence précède l'essence ».
En effet, l'homme ne fait
pas que subsister, il surgit hors de lui-même, non pas pour actualiser
une hypothétique essence qui lui serait d'ores et déjà assignée, mais pour
s'inventer lui-même au travers du projet, véritable dépassement de soi.
« L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être
une mousse, une pourriture, ou un chou-fleur.
» (L'existentialisme est un
humanisme),
t Contingence et responsabilité
La contingence, définie dansL'Stre et le Néant comme« pure appréhension
de soi comme existence de fait», sans justification, caractérise l'existence
humaine : l'existentialisme athée de Sartre affirme que Dieu n'existe pas,
et par conséquent qu'il n'y a pas d'essence préalable de l'homme dont
l'existence ne serait que le déploiement.
Ainsi, la subjectivité est au fondement des valeurs et des actes.
Une
multiplicité de possibilités s'offrent au sujet, et il se trouve obligé de faire
des choix qui orienteront son existence.
Chacun est seul responsable de
ses choix, il sera ce qu'il s'est fait.
Mais en se choisissant, c'est aussi tous les hommes que l'on choisit :
« choisir d'être ceci ou cela, c'est affirmer en même temps la valeur de ce
que nous choisissons.
» Notre responsabilité est donc double: au travers de
nos actes, nous donnons à voir l'image de l'homme tel que nous estimons
qu'il doit être.
Par conséquent, responsable de soi-même, chacun est
également responsable de l'humanité entière.
« En me choisissant, je
choisis l'homme.
» (L'existentialisme est un humanisme).
t La Nausée
Face à la conscience de la facticité et de l'absurdité de l'existence humaine
(elle est de fait, sans raison), l'homme est sujet à la Nausée, ce sentiment
de vide qui tourne le cœur, ce vertige devant l'absence de raison d'être
qui génère le sentiment d'être « de trop ».
L'angoisse s'empare du sujet
lorsqu'il comprend qu'il est seul responsable du chemin de son existence,
et que celle-ci est sans justification, qu'elle aurait très bien pu ne pas être,
comme si elle était entièrement gratuite.
La liberté est source d'angoisse: elle fait de l'homme un être entièrement
responsable de lui-même, sans excuses lorsqu'il fait de mauvais choix.
Mais
elle est aussi ce qui permet à l'homme de se projeter dans l'avenir et d'agir.
t La mauvaise foi
Parce qu'il est difficile d'assumer une telle liberté, celui que Sartre nomme
« le salaud » a tendance à se laisser aller à la mauvaise foi, cette absence
de sincérité envers soi-même.
Le salaud est lâche : il fuit sa liberté en se
mentant à lui-même, cédant à l'illusion de la nécessité des événements.
Le salaud, par exemple, explique son acte en invoquant un déterminisme
psychique parce qu'il n'a pas le courage de l'assumer.
Il se sent ainsi un peu
moins coupable, mais l'on voit bien qu'essayer de se justifier en recourant à
l'alibi du déterminisme (qu'il soit psychique, naturel, ou encore....
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