Sciences physiques Fausses sciences Epistémologiquement, une fausse science se caractérise par l'absence totale de progrès dans son histoire - l'astrologie...
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«
Sciences physiques
Fausses sciences
Epistémologiquement, une fausse science se caractérise par l'absence
totale de progrès dans son histoire - l'astrologie était déjà constituée
et achevée à Babylone; par le fait qu'on y ignore l'échec et qu'on
prétend tout y expliquer.
toujours - ces deux aspects provenant du fait
que l'expérimentation y est inconnue; et par un système de défense
assez faible s'appuyant sur des pseudo-résultats, c'est-à-dire sur des
coïncidences ou des on-dit interprétés par généralisation abusive
comme des confirmations de ses postulats de base.
Psychologiquement, et quand il est sincère, le zélateur d'une fausse
science éprouve pour la science dite «officielle» à la fois du mépris et
une admiration qu'il manifeste en singeant le langage scientifique par
l'utilisation d'un langage obscur dont la fonction objective est de
camoufler l'inanité des concepts qu'il utilise.
Sociologiquement, les fausses sciences rencontrent un grand succès
chez les individus de faible niveau culturel sur le plan logique et
scientifique et semblent jouer un rôle compensatoire à l'affaiblissement
du sentiment religieux.
Politiquement, il serait intéressant d'étudier dans quelle mesure la
popularisation des fausses sciences n'est pas encouragée par certains
états afin de préparer l'opinion à accepter leur politique de restriction
des crédits à la recherche scientifique (le matériel d'un astrologue est si
peu coûteux en regard de ses - prétendus, résultats).
N.B.
On ne confondra pas les fausses sciences avec les hypothèses
telles qu� la parapsychologie, qui ont été scientifiquement testées d'ailleurs sans aucun succès, par exemple aux Etats-Unis, au cours des
expériences pratiquées dans le sous-marin atomique « Nautilus» ou
dans la capsule Apollo-XIV en route vers la Lune.
Méthode expérimentale
Voir également « Fait scientifique» p.
107, Hypothèse 0 , Vérification °
expérimentale et Empirisme 0 •
On peut distinguer trois phases :
« La première consiste en la formulation d'une hypothèse0 , - peu
importe comment : que ce soit audacieusement ou précautionneuse
ment; difficilement ainsi qu'on le dit de Kepler pour sa loi des
ellipses, ou en un éclair, ainsi que Newton aurait compris la loi de la
gravitation universelle (...).
La seconde phase est celle du développe
ment des implications de l'hypothèse sur le plan des faits0 observa
bles, quand elle est accompagnée d'autres considérations (fondées
soit sur l'observation, soit sur d'autres suppositions).
Dans la
troisième phase, la théorie est considérée comme soutenable quand
les faits qu'elle implique sont confirmés par l'observation, ou bien
déclarée irrecevable dans le cas contraire.
»
W.M.
O'Neil, « Faits et Théories»,
Paris, A.
Colin, 1972, page 199
« Ces trois phases, simplement évoquées,.
n'apparaissent pas
toujours, ainsi que l'histoire le montre, dans l'ordre qui vient d'être
cité.
Parfois les observations viennent en premier, parfois elles sont
suscitées par les hypothèses sans le strict développement des
implications de la seconde phase.
Mais ceci n'affecte en rien les
structures formelles ou les propriétés logiques de la méthode.
»
Ibid.
page 200
Explication scientifique
• Voir l'article
« Prévisions0 ».
« Soit un phénomène0 à expliquer ; on nommera « explanandum »
sa description.
Le travail scientifique d'explication consiste à lui
associer un « explanans », c'est-à-dire un ensemble d'énoncés com
prenant d'une part la description des conditions antécédentes, d'autre
part des lois générales.
Une déduction° logique opérée selon des
règles définies permet de dériver l'explanandum de l'explanans.
Etant
donné la description des conditions de l'expérience et les lois de la
mécanique, on prévoira, par déduction au sens indiqué, le comporte
ment de tel solide ; et on confrontera cette prédiction* au résultat
effectivement obtenu afin de s'assurer de la valeur de l'explanans.
Expliquer un phénomène donné de dilatation, c'est donc fournir
un explanans indiquant :
- les conditions antécédentes, savoir : une barre de fer, ayant
telle longueur à la température t , a été portée à la température t ;
- une loi0 énonçant comment la longueur varie en fonction de la
température et où prend place un coefficient caractéristique du fer.
De tout cela, il résulte que la barre en question se dilate de telle
longueur ; c'est précisément ce qu'il fallait expliquer (explanandum).
Le travail même de la science consiste à découvrir des lois0 qui
rendent compte, sous réserve de contrôle, de chaque phénomène.
Celui-ci peut à son tour, naturellement, jouer le rôle de condition
antécédente pour un nouvel explanandum.
»
P.
Thuillier, « Jeux et Enjeux de la Science>>,
Paris, R.
Laffont, 1972, pages 73 et 74
Fait scientifique
« Contrairement à ce que disent Newton et les empiristes0
radicaux, il est douteux qu'il existe des phénomènes0 « purs »
susceptibles de prouver sans équivoque les énoncés théoriques.
Et
cela est d'autant plus net que les théories0 sont elles-mêmes plus
complexes.
Depuis la dernière moitié du XIX• siècle au moins,
diverses études ont mis en évidence le caractère très élaboré des
prétendus faits.
Loin d'être des données qu'il suffi!ait de constater,
les faits sont sélectionnés, construits et interprétés (sinon même
recréés librement, sur la base de quelques souvenirs et sans contrôle
expérimental réel).
Les ouvrages modernes d'épistémologie0 abon
dent en formules du type : « Tout fait est imprégné de théorie », ou :
« Il n'y a pas de langage intrinsèquement observationnel », ou
encore : « Il n'y a pas de critères absolus pour séparer ce qui est
observation° de ce qui est théorie.
» Ces propositions ont de lourdes
107
conséquences, puisque, à la limite, elles rendent impossible toute
« vérification »0 : les faits F étant nécessairement appréhendés et
organisés à travers une théorie T, la confirmation de T par F se
présenterait comme un cercle vicieux.
»
P.
Thuillier,« Jeux et Enjeux de la Science»,
Paris, R.
Laffont, 1972, page 26
« L'observation scientifique est toujours une observation polémi
que ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma
préalable, un plan d'observation ; elle montre en démontrant ; elle
hiérarchise les apparences ; elle transcende l'immédiat ; elle recons
truit le réel après avoir reconstruit ses schémas.
Naturellement, dès
qu'on passe de l'observation° à l'expérimentation°, le caractère
polémique de la connaissance devient plus net encore.
Alors il faut
que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des
instruments, produit sur le plan des instruments.
Or les instruments
ne sont que des théories matérialisées.
Il en sort des phénomènes qui
portent de toute part la marque théorique.
»
G.
Bachelard,« Le Nouvel Esprit Scientifique»,
Paris, P.U.F., 1966, page 12
Exemple : Il est très probable que des télescopes aient été utilisés pour
l'observation du ciel, avant Galilée (il n'en entend parler qu'en 1609, or
il en existe depuis l'année 1590 au moins).
Mais l'intérêt que Galilée porte au télescope n'est pas de pure
curiosité : il décide de l'utiliser car il voit très probablement dans le
grossissement des objets célestes la possibilité d'infirmer la thèse
aristotélicienne de l'incorruptibilité et de la perfection du monde
«supra-lunaire» (voir« Cosmos0»).
Chez Galilée la décision de construi
re et d'utiliser un télescope est, en un sens, une décision«copernicien
ne».
Les découvertes des phases ci"e Vénus, des satellites de Jupiter et
des taches Solaires furent d'ailleurs autant de confirmations des thèses
de Copernic.
Expérimentation scientifique
1.
Pourquoi expérimenter?
C'est un lieu commun que de dire que la Science porte sur la
quantité et s'exerce au moyen de la mesure.
Ce lieu commun, comme
il arrive généralement, recouvre et dissimule en même temps une
vérité profonde qu'il nous faut, tout d'abord, mettre en lumière : la
science recherche ses objets, elle les construit, elle les élabore ; elle ne
les trouve pas « tout faits », tout donnés dans la perception ou
l'expérience immédiate.
Le monde de la science est une construction ;
les méthodes de cette construction, constituent la première étape de
la science ; ce n'en est pas la moins difficile.
Tout bachelier sait aussi que la physique est mathématisation° de
la nature.
Sur les nombres fournis par la mesure, l'instrument
mathématique s'exerce et produit déduction° et prévision°.
Mais il
reste à comprendre comment cette mathématisation s'effect).le,
pourquoi elle a prise sur ces objets que lui propose la construction
accomplie.
Science du quantitatif soumis aux mathématiques, toute notre
étude de la pensée scientifique partira de ces prémisses ; il faut donc
qu'elles soient parfaitement claires.
Pour cela, il faut traiter des
exemples(...)
2.
D'une expérimentation simple à l'énoncé de la loi de Newton:
...
L'expérience schématisée que nous envisageons est celle qu'on
fait avec la machine d'Atwood : un petit solide est attaché à un fil qui
passe sur une ou plusieurs poulies et est tendu par un corps qui pèse
à l'autre extrémité du fil.
On mesure l'accélération du petit solide
dans des circonstances diverses.
Dans un premier type d'expériences nous tendrons le fil en lui
attachant un certain corps, toujours le même, et nous exercerons
cette tension sur une collection de petits solides, formés de la même
matière - un métal pur, par exemple - avec les mêmes dimensions.
Nous vérifierons tout d'abord que chacun d'entre eux prend la même
accélération sous l'effet de la tension en sorte qu'ils soient interchan
geables, puis nous les grouperons par deux, par trois, etc., et nous
mesurerons chaque fois l'accélération prise par le solide composé
ainsi constitué.
Nous constaterons qu'il existe une relation répétable
entre le nombre de petits solides ainsi réunis et l'accélération prise
chaque fois, à savoir que le produit de ces deux grandeurs est
constant.
Ce qu'il y a de commun à toutes ces expériences, c'est le fil et les
conditions où il est tendu.
Parce que nous retrouvons quelque chose
qui se répète, la valeur de la constante, chaque fois que nous mettons
en jeu le fil tendu de même, nous pouvons assigner à ce fil ainsi tendu
une propriété permanente, c'est-à-dire capable de se manifester
chaque fois que l'occasion est offerte, que nous nommerons sa
« tension » ou « la force » qu'il exerce sur les petits solides, que nous
définirons et mesurerons par la valeur de la constante ainsi manifes
tée.
Nous aurons ainsi atteint un être scientifique - la tension du fil qui est un nom donné à un paramètre (la constante) qui figure dans
une relation répétable.
Ce terme de paramètre que nous introduisons au lieu de
conserver le terme initial de constante a l'avantage de signifier que,
pour d'autres expériences analogues faites avec d'autres conditions
de tensio1; (fil et corps attaché), nous rencontrerons chaque fois une
nouvelle valeur constante pour le produit du nombre des petits
solides par l'accélération.
Ces différentes valeurs, comparées entre
elles, fournissent une échelle relative pour mesurer les différentes
tensions correspondantes.
Nous sommes maintenant capables de nous assurer si différentes
forces, dues à différents corps attachés au bout du fil, sont égalesi
c'est-à-dire donnent la même valeur à la constante.
Entreprenons
maintenant un nouveau type d'expériences.
Prenons un seul petit solide, toujours le même, sur lequel s'exerce
l'action du fil tendu maintenant de façon variable, en lui appliquant
une ou plusieurs forces égales.
Nous constatons actuellement une
nouvelle relation répétable, cette fois manifestée par la variation
concomitante, entre les accélérations prises par le petit solide et le
nombre des forces égales qui s'exercent sur lui: à savoir que ces
grandeurs sont proportionnelles.
Le rapport de proportionnalité est
une constante qui désigne une propriété permanente de ce qui reste
invariable au cours de ces variations concomitantes, à savoir le petit
solide ; cette propriété, nous la nommons « masse » et la valeur de la
constàrite qui la désigne fournit aussi un moyen de la mesurer (dans
une échelle relative), pour des petits solides différents.
Nous pouvons ensuite nous assurer que cet être scientifique
« masse » ainsi assigné à chaque petit solide possède le caractère
d'additivité, en ce que la valeur du paramètre qui la définit et la
mesure pour un solide composé, est la somme des valeurs du
paramètre correspondant à chacun des solides composants.
Nous aurions pu aussi rechercher si les « forces » définies
précédemment étaient additives.
Nous aurions constaté alors que la
direction du fil tendu jouait là un rôle fondamental.
En associant
deux forces assignées à deux fils de directions différentes, la force
totale exercée, toujours définie et mesurée par une valeur du premier
paramètre reconnu, est égale à la résultante géométrique des forces
composantes (règle du parallélogramme des forces) auxquelles on
attribue la direction même du fil qui les porte ; ainsi se manifeste le
caractère vectoriel de la force définie.
En combinant les résultats de tous ces groupes d'expériences,
avec des petits solides différents et des tensions différentes, nous
sommes maintenant en mesure d'écrire la formule de la loi fonda
mentale du mouvement due à Newton:
F=Mî
J.
Ullmo, « La Pensée Scientifique Moderne»,
Paris, Flammarion, 1959, page 23 pour le premier texte,
pages 27 à 30 pour le second
1.
On aura remarqué lê caractère opératoire des définitions données de
la Force et de la Masse:« c'est la mesure même qui définit la grandeur
à mesurer, celle-ci ne préexiste pas à sa mesure».
(Ibid.
page 24) ...
et
c'est la mise en rapport des séries de mesure qui va permettre
d'énoncer la loi qui mathématise le phénomène étudié.
• Voir la note (3) de
Loi 0 scientifique).
2.
Mais c'est également la mesure qui assure /'universalité* de la loi
puisque celle-ci met en rapport des entités construites (ou qu'il est
toujours possible de construire) par les opérations qui permettent de
l'énoncer.
Théorie
Une simple familiarité avec l'une quelconque des branches de la
science nous révèle qu'elle recourt à la fois à l'observation° des faits0
et à l'élaboration théorique.
Dans une science, les faits sont .
constitués par ce que le scientifique observe, et les théories par ce
qu'il suppose ou invente.
Ces suppositions sont faites parfois pour
combler des vides dans sa connaissance des faits, parfois pour
augmenter la compréhension qu'il a de ces faits et parfois encore
pour d'autres raisons.
La 9escription des ensembles complexes de
points communs et de différences existant entre les nombreuses
«
classes0 d'organismes vivants et celle des restes fossilisés d'une
succession d'espèces0 éteintes depuis longtemps sont le fruit de vastes
observations que quiconque possédant l'intérêt, le temps et l'habileté
nécessaires peut faire par soi-mêm�.
La théorie de l'évolution° , qui
pose que les différentes espèces sont le produit d'un processus très
ancien impliquant sélection naturelle et hérédité, n'est pas la descrip
tion d'un processus que quelqu'un a pu observer du commencement
à la fin : c'est une supposition.
Sans doute ne s'agit-il pas uniquement
d'une supposition, car elle contient quelques faits d'observation ;
mais c'en est une néanmoins dans son ensemble.
Nous en sommes
venus à penser qu'elle est vraie, qu'elle est un « fait», au même titre
que la description des différences et des points communs existant
entre les espèces.
Mais à la différence de ces faits décrits, la théorie de
l'évolution été inventée et non observée.
Le but de ceux qui émirent
cette hypothèse0 fut d'introduire quelque signification, quelque
intelligibilité dans ce qui autrement ne serait demeuré qu'une
collection de faits bruts dépourvus de sens.
Tandis que l'observation
n'offre qu'un compte rendu de faits concernant les différentes espèces
et leurs rapports mutuels, la théorie de l'évolution de Darwin et de
quelques autres rend compte de ces mêmes faits.
»
W.M.
O'Neil, >,
Paris, A.
Colin, 1972, pages 9-10
Vérification expérimentale
Les vérifications expéri111entales ne sont ni directes ni absolues.
La difficulté de « vérifier» une théorie0 par l'« expérience0» peut
être mise en évidence par une réflexion sur la nature même des
théories.
Celles-ci se présentent, en effet, comme un ensemble de
propositions contenant des concepts fondamentaux et des liaisons
logiques.
(L'utilisation de structures mathématiques est fréquente,
mais ne constitue pas une règle générale.) Posons cette question :
comment comparer des « propositions0» à des « faits0» ? On ne peut
comparer que des choses comparables.
Un « fait brut», en tant que
tel, ne peut pas être comparé à un énoncé, sinon après avoir lui-même
été traduit dans un langage adéquat.
Mais faire intervenir un langage,
c'est faire intervenir une interprétation.
C'est évident quand· on
compare les diverses « descriptions» que donnent les historiens des
« faits» historiques ; mais même les physiciens modernes sont obligés
de constituer et d'élaborer les faits pour qu'il en résulte des énoncés
comparables non pas même à « la théorie», mais à des énoncés qui
s'y rattachent indirectement.
En effet, du seul point de vue technique
(c'est-à-dir� en laissant de côté les conditionnements physiologiques,
psychologiques et idéologiques de la « perception»), le cliché courant
selon lequel on déduit de la théorie des conséquences vérifiables pour
les soumettre directement à l'expérience est contestable.
« Ceci est trop simple pour être vrai, déclare Mario Bunge.
La
déduction ° des conséquences vérifiables comporte toujours l'addition
d'hypothèses0 supplémentaires qui vont au-delà de la....
»
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