Situation de Candide dans l'c:euvre de Voltaire DE L'OPTIMISME AU PESSIMISME Candide est le fruit de toute une expérience humaine....
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Situation
de Candide
dans l'c:euvre
de Voltaire
DE L'OPTIMISME
AU PESSIMISME
Candide est le fruit de toute une expérience humaine.
Aussi, avant d'aborder l'étude de l'œuvre, convient-il de
retracer le cheminement intérieur de Voltaire qui l'a conduit
à rejeter toute philosophie optimiste pour aboutir au pessi
misme grinçant de ce conte.
Au début de sa carrière, Voltaire connaît la réussite la plus
complète.
Brillant, célèbre, admiré de tous, il est à la tête
d'une certaine fortune personnelle, à l'abri des tourments et
se félicite en outre d'être né dans un siècle de progrès et
de civilisation.
Le poème qu'il écrit en 1736, Le Mondain,
fait preuve d'un optimisme provocant : « Le paradis terrestre
est là où je suis.
» Quelques années plus tard, vers cinquante
ans, il devient historiographe du roi, poète officiel, membre
de l'Académie française, gentilhomme ordinaire de la Cour.
Aucune ombre n'apparaît au tableau.
Cependant, Voltaire
arrive à un tournant de sa vie : les déceptions et les échecs
qu'il va subir l'affectent profondément.
Son état de santé
commence à l'inquiéter, ses ennemis le poursuivent de leurs
attaques incessantes mais surtout, et plus grave encore, on
se lasse de lui à la Cour.
Les premiers contes
C'est ainsi qu'en 1747, Voltaire fuit Versailles pour se
réfugier chez la duchesse du Maine à Sceaux, où, dit-on, il
commença à écrire des contes.
On pratiquait en effet, à la
Cour de Sceaux, des jeux de société comportant des gages :
Voltaire aurait été soumis à l'obligation de composer un
conte.
Toujours est-il qu'à partir de cette époque, il éprouvera_
le besoin de s'épancher à travers ces récits fictifs qui seront
porteurs de toute une philosophie : le bonheur humain est-il
possible dans un monde qu'il découvrira habité par le mal et
gâté par la sottise des hommes ? Ses premiers contes font
encore preuve d'optimisme ; les suivants porteront les
marques des épreuves de plus en plus lourdes qui s'abattront
sur lui.
Le Crocheteur borgne : ce conte relate l'histoire du malheureux Mesmour, qui fait un rêve extraordinaire de bonheur :
ainsi, malgré les injustices du destin, l'homme garde en lui
une chance intacte d'être heureux à condition de savoir
fermer l'œil devant le malheur.
Cosi-Sancta : cette jeune femme cause des malheurs quand
elle conserve sa vertu, mais sauve trois vies en commettant
trois infidélités à son mari.
On grave sur son tombeau : « Un
petit mal pour un grand bien.
»
Le monde comme il va : Babouc est envoyé à Persépolis
pour savoir si la ville mérite d'être sauvée ou s'il faut la
détruire.
Après une longue enquête, il conclut par ces mots :
« Si tout n'est pas bien, tout est passable.» Voltaire ne
désespère pas de trouver dans la vie quelque réconfort.
Zadig: le héros médite sur la destinée qui l'accable.
Il
apprend de l'ange Gesrad - qui se fait l'interprète de la
pensée de Leibniz - que le mal existe et qu'il faut s'y
résigner, car « il n'y a point de mal dont il ne naisse un
bien».
Memnon: ce personnage « conçut un jour le projet d'être
parfaitement heureux», projet insensé selon Voltaire, qui a
évolué depuis Le Crocheteur borgne.
Le destin s'acharne sur
le vertueux Memnon, bientôt malade, volé et éborgné.
Un
ange lui explique q1.1e tout est bien.
Memnon cependant ne
croira cela que lorsqu'il aura retrouvé son œil.
Voltaire devient
donc plus âpre : il nous faut prendre la vie comme elle vient
et tenter de la trouver tolérable.
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De« Micromégas » ('1752)
à « Candide» ('1759)
Mais sa philosophie s'assombrit encore.
Les épreuves vont
s'accumuler: mort, en 1749, de Madame du Châtelet, son
amie de toujours, échec de sa tragédie Sémiramis, séjour
empli de désillusion en Prusse auprès de Frédéric Il, et retour
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en France avec l'interdiction de franchir les portes de Paris.
En 1752, il publie Micromégas : un habitant de Sirius et
un autre de Saturne se rendent sur notre planète et donnent
« à la petite race humaine » une leçon de sagesse.
Ils leur
offrent un livre sur lequel est écrite la véritable philosophie :
en fait, il est entièrement blanc.
Tout serait bien, en somme,
si les hommes voulaient être raisonnables et renoncer à
chercher l'explication du monde.
En 1755, avec Scarmentado, Voltaire renonce à l'optimisme.
Scarmentado a voyagé de par le monde et il dresse un bilan
amer de ses tribulations : partout sévissent les guerres et le
fanatisme.
Désabusé, le héros rentre chez lui.
Voltaire a
soixante ans : lui aussi rêve d'une retraite paisible après tant
d'amères désillusions.
Il achète la propriété des Délices à
Genève.
Mais de nouvelles épreuves plus graves encore vont
conduire sa réflexion à maturité et assombrir définitivement
sa philosophie : ce sont le tremblement de terre de Lisbonne
qui, le 24 novembre 1755, détruit la ville en faisant quarante
mille morts, et la guerre de Sept Ans, qui ranime les hostilités
entre la France et la Prusse.
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