Succédant en 1982 à l'homme du Nord, Ahmadou Ahidjo, dont il était le Premier ministre, le président Paul Biya, originaire...
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Succédant en 1982 à l'homme du Nord, Ahmadou Ahidjo, dont il était le Premier ministre, le président
Paul Biya, originaire du Sud, qui incarnait pour beaucoup l'image d'une possible ouverture après plus de
vingt ans de dictature, s'est révélé l'un des chefs d'État d'Afrique les plus rebelles à toute évolution
démocratique.
Après la tragique manifestation de Bamenda, le 26 mai 1990, dans le nord-ouest du pays,
le Cameroun a connu une période de répression et de violences qui a fait plus de 300 victimes, plusieurs
mois d'opération "ville morte" dans le pays, répondant au refus du chef de l'État d'organiser une
"conférence nationale" réclamée par l'opposition.
Une tardive reconnaissance du multipartisme (décembre 1990), arrachée par la rue, et la tenue
d'élections législatives anticipées (mars 1992), boycottée par une partie significative de l'opposition, n'ont
pas apaisé la crise politique de cet État dont le président, de plus en plus discrédité, n'entendait toujours
pas passer la main.
L'annonce, le 25 août 1992, de l'élection présidentielle pour le 11 octobre 1992, alors
qu'elle était prévue en mai 1993 selon la Constitution en vigueur, a fortement accru la tension.
Les
élections communales, fixées à octobre, ont été reportées et le mandat des conseillers municipaux
prorogé.
Bien que le code électoral pour le scrutin présidentiel, promulgué le 17 septembre, ne prévoie
qu'un seul tour, l'opposition qui l'a dénoncé, s'est présentée en ordre dispersé face à P.
Biya, candidat de
l'ancien parti unique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui a reçu le
soutien d'Augustin Frédérick Kodock, dirigeant de la branche légalisée de l'Union des populations du
Cameroun (UPC) occupant 18 des 180 sièges au Parlement, et du Mouvement de défense de la
République (MDR), implanté dans l'extrême Nord (6 députés).
Refus d'ouverture et répression
Dans la course à la présidence, les deux principaux adversaires de P.
Biya ont été, d'une part, John Fru
Ndi, le charismatique chairman du Front social démocratique (SDF) qui avait boycotté les législatives et
dont l'audience a largement dépassé la province anglophone du Nord-Ouest, et, d'autre part, Bello Bouba
Maïgari, ancien Premier ministre, originaire du Nord, en rupture avec P.
Biya après l'échec du coup d'État
militaire d'avril 1984, et candidat de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), forte de
68 députés.
Les résultats proclamés par la Cour suprême le 23 octobre ont donné la victoire au président sortant avec
39,97% des suffrages.
J.
Fru Ndi, officiellement crédité de 35,98% des voix, s'est proclamé élu deux
jours avant le verdict de la Cour suprême, tandis que B.
Bouba Maïgari (19,21%), faute d'un accord de
gouvernement, est resté dans l'opposition.
Ces élections truquées, selon le sévère rapport de l'Institut
national démocratique (NDI) nord-américain, ont déchaîné les violences en particulier à Douala, capitale
économique, dans l'ouest du pays et dans la province du Nord-Ouest.
Tandis que J.
Fru Ndi était assigné à résidence à Bamenda et que plusieurs centaines de ses partisans
étaient incarcérés et maltraités, l'état d'urgence, déclaré dans la province du Nord-Ouest le 27 octobre,
n'a été levé que le 29 décembre, à la suite de pressions internationales.
Le SDF et ses alliés de l'Union
des forces démocratiques du Cameroun (UFDC) de Victorin Haméni Biéleu ont été les principales victimes
de la répression.
Le gouvernement formé le 27 novembre 1992 n'a marqué aucune ouverture réelle.
P.
Biya s'est contenté
de récompenser par des ministères d'État les dirigeants de la branche légalisée de l'UPC et du MDR (A.F.
Kodock et Dakollé Daïssala) qui l'avaient soutenu pendant sa campagne.
Faute d'accord avec l'UNDP, il a
débauché le bras droit de B.
Bouba Maïgari, Hamidou Mustapha, pompeusement promu vice-Premier
ministre.
Promise le 3 novembre 1992 par P.
Biya lors de sa prestation de serment, la réforme de la Constitution,
qui devait faire l'objet d'un grand débat, n'était pas concrétisée à la mi-1993; le Parlement, réduit à un
rôle de figurant de la vie politique, n'avait été saisi d'aucune proposition.
Tandis que le 17 avril 1993, J.
Fru Ndi lançait un appel à la tenue d'une "conférence nationale souveraine", suscitant les réticences de
certains de ses proches (Samuel Eboua, Bernard Muna), P.
Biya, le 28 avril, dans son message....
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