Sujet d'histoire. Vivre pendant la première guerre mondiale. (Il est demandé - de présenter les principaux enjeux scientifiques du sujet,...
Extrait du document
«
Sujet d'histoire.
Vivre pendant la première guerre
mondiale.
(Il est demandé
- de présenter les principaux enjeux scientifiques
du sujet, en analysant les documents qui l'accom
pagnent;
- de proposer quelques pistes d'utilisation de tout
ou partie de ce dossier dans une classe de cycle 3 ;
- de mettre en évidence les objectifs transversaux
(maîtrise de la langue française, éducation civique)
et de préciser les liens possibles avec d'autres
disciplines enseignées à l'école primaire).
Composition du dossier .
• Document 1 : Lettre d'un poilu.
Lettre citée dans
Paroles de poilus, Flammarion («Librio», 1998).
« Samedi 25 mars 1916
Ma chère mère,
« Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer ? Je me
demande encore bien des fois s'il est vrai que je suis
encore vivant ; pense donc, nous sommes montés
1 200 et nous sommes redescendus 300 ; pourquoi
suis-je de ces 300 gui ont eu la chance de s'en tirer?
[ ...] Oui_ ma chere mère, nous a':ons .
beaucoup
souffert.
A la souffrance morale de croire chaque
instant la mort nous surprendre, viennent s'ajouter les
souffrances physiques des longues nuits sans dormir :
huit jours sans boire et presque sans manger, huit
jours au milieu d'un charnier humain, couchant au
milieu des cadavres, marchant sur nos camarades
tombés la veille.
Ah, j'ai bien pensé à vous tous
durant ces heures terribles.
Plus de rire, plus de gaîté
au bataillon ; nous portons dans notre cœur le deuil de
tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars
[ ...
].
Ton fils qui te chérit, Gaston.»
• Docm;nent 2 : La défense vue par un soldat alle
mand, A l'Ouest, rien de nouveau, Erich Maria
Remarque, (Stock, 1928).
« Personne ne croirait que dans ce désert tout
déchiqueté il puisse y avoir encore des êtres humains
; mais, maintenant, des casq_ues d'acier surgissent
partout dans la tranchée et, a cinquante mètres de
nous, il y a déjà une mitrailleuse qm, aussitôt, se met
à crépiter.
Les défenses de fils de fer sont hachées.
Néanmoins, elles présentent encore quelques obs
tacles.
Nous voyons les assaillants venu.
Notre
artillerie fulgure.
Les mitrailleuses ronflent, les fusils
grésillent.
Les gens d'en face font tous leurs efforts
pour avancer [ ...].
Nous reconnaissons les visages
crispés et les casques ; ce sont des Français.
Ils
atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes
visibles.
Toute une file est fauchée par la mitrail
leuse qui est à côté de nous ; puis nous avons une
série d'enrarages et les assaillants se ra fprochent.
Je
vois l'un d eux tomber dans un cheva de frise, la
figure haute.
Le corps s'affaisse sur lui-même comme
un sac, les mains restent croisées comme s'il voulait
prier.
Puis le corps se détache tout entier et il n'y a
plus que les mains coupées par le coup de feu, avec
des tronçons de bras qui restent accrochés dans les
barbelés [ ...].
Nous sommes devenus des animaux
dangereux, nous ne combattons pas, nous nous
défendons contre la destruction.
Ce n'est pas contre
les humains que nous lançons des grenades, car à ce
moment-là, nous ne sentons qu'une chose : c'est que
la mort est là qui nous traque, sous ces mains et ces
casques.
La fureur qui nous anime est insensée ; nous
ne pouvons que détruire et tuer, pour nous sauver...
pour nous.sauver et nous venger.»
• Document 3 : Les problèmes des civils,
La situation à Issoire (Puy de Dôme), (26 juin
1918), Rapports mensuels du sous-préfet, extraits.
« Par suite de la suppression des permissions, les
échecs au front ne se traduisent plus que par la
correspondance : les soldats s'abstenant, en genéral,
de commentaires, les opérations en cours ne sont
connues que par ce qu'en rapportent les journaux.
Le
moral des jeunes soldats est bon.
Les récoltes ont
belle apparence.
Au point de vue économique, la
situation paraît assez critique, le pain a manqué dans
nombre de communes qui ont vaillamment supporté
cette privation ; à Issoire, le charbon devient de plus
en plus rare et le gaz fait fréquemment défaut dans les
cuisines.
Les difficultés se manifestent encore davan
tage sur le marché de cette ville où le prix des
roduits d'alimentation atteint des chiffres exagérés
f...
]
Cette hausse des prix, qui provoque un manifeste
énervement, est due à des causes diverses : d'une part
à la présence d'étrangers satisfaisant complaisamment
l'âpreté au gain, toujours croissante, de l'élément
rural, d'autre part aux agissements de rabatteurs,
opérant dans la région pour le compte de
commissionnaires [ ...] Toutes ces difficultés n'empê
chent pas [la populat10n de demeurer calme et con
fiante ; très sympathique aux divers éléments
Américains qui séjournent à Issoire, elle blâme les
odieux mercantis* qui les y exploitent honteusement
et, en leur témoignant un patriotique accueil, voit
luire, dans les arrivées toujours de plus en plus
nombreuses de leurs contingents, la victoire pro
chaine de nos armes.
»
* Mercanti : commerçant malhonnête.
• Document 4 : La vie des enfants, L'Illustration,
29 janvier 1916, cité dans Muriel Vigié (s.
dir),
Images et récits Histoire de France, tome III, du
XVIItme siècle à nos jours, cycle III, CM2 (SCEREN
CRDP, Académie de Versailles).
« Les enfants de Reims qui sont héroïques comme
nos soldats, et comme eux exposés aux périls de la
première ligne de feu portent, comme eux aussi, des
masques contre les gaz asphyxiants, car les
Allemands ne cessent de bombarder la ville martyre,
et chaque semaine tombent sur la cathédrale ou dans
les rues des obus chargés de gaz ou d'explosifs.
Cette
menace perpétuelle n'empêche pas les petits Rémois
de fréquenter assidûment les classes souterraines qui
furent aménagées dans les caves f ...
] Ils ajoutent sim
plement, à leur équipement d'écoliers, au cartable
Bernard MALCZYK / André JANSON
rempli de cahiers et de livres, et au petit paquet de
leur goûter, un sachet qui contient les lunettes et la
pochette des compresses remplies de l'antidote contre
les gaz asphyxiants.
Par prudence, ils mettent leurs
lunettes autour de leur front, dès qu'ils quittent la
maison paternelle, afin d'être immédiatement pro
tégés contre la surprise mortelle de l'obus inat
tendu.
»
• Document 5 : Fabrication d'obus de 155 mm
à l'usine Peugeot de Valentigney dans le Doubs.
Collection particulière, Extrait de Dans l'année 1915,
(Ministère des anciens combattants et victimes de
guerre).
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• Document 6 : Illustration extraite de Elzbieta,
f'lon Flon et Musette (Pastel, 1993, littérature de
jeunesse actuelle).
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• La Première Guerre mondiale est une déchirure :
il y a l'avant et l'après.
Elle correspond à la faillite
des politiques et des militaires, une interminable
boucherie pour les soldats, une débâcle de l'esprit
humaniste, le début du déclin de l'Europe, la fin
de ses propres valeurs : l'optimisme, la croyance
en la science, en la raison, en la démocratie.
La guerre dure de 1914 à 1918 et oppose la Triple
Alliance (I'Allemagne et l'Autriche-Hongrie) à la
Triple Entente (France, Russie, Royaume-Uni, Italie
après 1915).
Le conflit, d'abord européen, devient
mondial en 1917 avec l'entrée en guerre des Etats
Unis et l'appel aux colonies.
Après l'échec en 1914
de la guerre de mouvement, le conflit s'engage dans
une guerre de position symbolisée par les tranchées :
la guerre devient totale, marquée par une extrême
violence.
Ce thème, au centre des problématiques
historiques actuelles, se trouve dans les documents.
Cinq sont d'origine française et un d'origine
allemande.
Deux sont des iconographies.
Corrigé:
les enjeux scientifiques
• En 1914, l'échec de la guerre de mouvement
imaginée par les états majors oblige les combattants
à tenir le terrain.
Pour ce faire, les soldats creusent
des tranchées : c'est le début de la guerre de
position.
Elle va donner à la guerre un nouveau
visage : une guerre d'une extrême violence et une
guerre totale.
• La guerre est d'une extrême violence.
Cet aspect des combats peut être abordé à partir
des documents 1 et 2.
Ils sont de nature et de statut
différents.
Le document 1 est tiré d'une lettre
envoyée par un poilu français à sa mère.
En 1998
pour les 80 ans de la fin de la première guerre
mondiale, France-Inter demande à ses auditeurs
de rechercher dans les archives familiales les
témoignages de leurs aïeux sur la Première Guerre
mondiale.
En effet, malgré la censure de l'armée,
l'autocensure des soldats eux-mêmes pour ne pas
inquiéter leurs proches, des lettres décrivent la réalité
des conditions de vie et des combats.
Un certain
nombre de ces témoignages a été rassemblé dans
l'ouvrage Paroles de poilus, paru en 1998 chez
Flammarion.
Le document 2 est tiré d'un roman
publié en Allemagne en 1929 par Erich Maria
Remarque A l'ouest rien de nouveau (texte habituel
des communiqués de guerre).
Le livre s'inscrit dans
la vague des romans d'inspiration pacifique que
connaît l'Allemagne traumatisée par la défaite.
Mais il dépassait la simple évocation des horreurs
de la guerre pour déboucher sur la dénonciation
d'un système social.
Ses héros sont des adolescents
qu'on a entraînés dans la guerre.
Ce livre vaut
à l'auteur la haine des nazis, qui le contraignent,
en 1935, à l'exil.
En France, on peut citer dans
le même courant le Feu, d'Henri Barbusse ou les
Croix de bois, de Roland Dorgelès.
Ces extraits insistent sur la vie épouvantable sur
le front.
Réalisées méthodiquement pour durer,....
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