Sujet: Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit...
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Sujet: Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir
profond de l'homme.
Car il s'agit bien du même monde.
La souffrance est la même, le
mensonge et l'amour.
Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces.
Mais eux,
du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si
bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion.
Ce sujet pose comme présupposé que "le désir profond de l'homme" est d'aller au bout
de ses passions, mais que le monde le réfrène; et que le spectacle d'une homme allant
au bout de sa passion est bouleversant.
Camus semble limiter sa réflexion au monde
romanesque, mais on peut l'étendre à la littérature pour examiner plusieurs questions :
qu'est-ce qui fait la force de la littérature? L'effet que font les héros sur le lecteur semble
s'apparenter à la force de la catharsis théâtrale.
D'autre part, la définition de Camus du
monde romanesque nous semble-t-elle pertinente ("la correction de ce monde-ci, suivant
le désir profond de l'homme").
Cette définition amène à une réflexion sur la notion de
mimesis.
I.
"Eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin"
- Le monde romanesque présente des personnages archétypaux, qui pousse leur logique
à l'extrême, parfois jusqu'à la mort : on a de nombreux exemples de ce type.
Emma
Bovary se suicide, le héros de la nouvelle de Dostoïevski, Le joueur, est aspiré par le
besoin de jouer à la roulette.
Dostoïevski dit, en parlant de son héros : « le personnage
principal est très vivant (…) le point principal est que toute sa sève vitale, ses forces, son
impétuosité, son audace sont absorbées par la roulette.
C’est un joueur, mais ce n’est
pas un joueur ordinaire.
» C'est l'archétype du "Joueur".
- Le personnage de Don Juan, qui a donné lieu à des adaptations théâtrales et musicales,
est un archétype, il incarne l'obsession amoureuse.
Mozart, dans Don Giovanni, pousse la
chose à l'invraisemblable en attribuant à Don Juan "mille et trois" conquêtes.
Ce héros,
allant au bout de son principe libertin, trouvera la mort.
Le monde littéraire est tellement
peuplé d'archétype qu'il donne lieu à des qualificatifs fondés sur le nom propre des héros
: Henri Gouhier signale cela dans Le théâtre et l'existence, en limitant ce fait à la
comédie : on peut dire "c'est un Harpagon".
Mais cela existe aussi pour le roman : on
peut dire "c'est un Rastignac".
II.
"Il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à
l'extrémité de leur passion"
- Dans Dionysos, Pierre-Aimé Touchard mène une réflexion sur la force du théâtre; il dit
par exemple qu'on aime au théâtre la liberté dont on est privé dans la vie : l'homme
d'action n'a pas besoin du théâtre.
C'est pourquoi il est "bouleversant" de voir se faire ce
qu'on ne peut faire à cause des impératifs sociaux : la chose se réalise malgré tout
(aboutissement des pulsions violentes par exemple) mais sans danger pour nous ni pour
la société : Scapin frappe son maître enfermé dans un sac (ce qui constitue une scène
très violente, si on ôte l'atmosphère comique) mais le....
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