Sujet: « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque s...
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Sujet: « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des
retentissements.
Chaque silence aussi.
» Commentez cette phrase de Sartre.
Cette phrase évoque plusieurs paradoxes présents dans la figure de l'intellectuel engagé:
- cette figure est-elle propre à une époque ou a-t-elle toujours existé?
- Est-ce un devoir de l'écrivain de prendre position dans son époque? Le silence est-il
coupable?
Et des paradoxes propres à la lecture sartrienne de la figure de l'écrivain engagé :
- écrire (ou ne pas écrire) a-t-il la valeur d'un acte réel? L'écrivain engagé peut-il se dire
"existentialiste", selon le terme inventé par Sartre?
I.
L'importance de l'écrivain dans son époque : la figure de l'intellectuel engagé
- C'est à l'époque des Lumières que l'écrivain apparaît pour la première fois comme un
personnage qui peut jouer un rôle dans la société.
Dès le XVIIIe, avec par exemple
l'engagement de Voltaire dans l'affaire Callas, se profile la figure de "l'intellectuel
engagé", qui prendra de plus en plus d'ampleur jusqu'à jouer un rôle crucial au XXe.
- Sartre, de manière polémique, attaque les écrivains qui ont refusé de prendre postion
par rapport à leur époque.
On peut penser à l'exemple controversé de Romain Rolland,
qui a suscité beaucoup de critiques pendant la 1ère guerre mondiale : il a en effet choisi
de se retirer ostensiblement du conflit en s'exilant en Suisse, et a écrit un livre : Audessus de la mêlée, qui condamne la guerre.
Même si ce message est louable, on a pu
trouver confortable cette position "en retrait", qui n'était permise que par son statut
favorisé d'intellectuel.
II.
L'écrivain engagé comme figure de l'existentialisme
- l'existentialisme sartrien, exposé dans L'existentialisme est un humanisme, voit
l'existence humaine comme une suite de "situations", auxquelles est confronté le sujet.
L'essence du sujet ne lui est pas donnée a priori, mais elle se dévoile à lui selon les
réactions dont il fait preuve, lorsqu'il est en butte à ces situations.
C'est dans l'action que
se révèle le sujet, il est d'abord "faire" et non "être".
Le terme de "situation" est un mot-clé chez Sartre.
Que le sujet réagisse et fasse des
choix, ou qu'au contraire il ne réagisse pas et refuse de choisir, ce refus même de choisir
montre le caractère absolu de sa liberté.
- Dans cette citation, l'écrivain engagé devient figure de l'existentialisme : confronté à
son "époque", il peut choisir de prendre position, de parler.
Ou au contraire il peut
préférer l'inaction.
Mais ces deux réactions ont une valeur (le silence "retentit" autant
que la parole) et l'écrivain est responsable de sa parole...
comme de son silence.
- Cette idée prend une....
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