SUJET Penserez-vous, avec Ferdinand Brunetière, que la vérité du roman « est faite sµrtout de l'intelligence des intérêts ou des...

« SUJET Penserez-vous, avec Ferdinand Brunetière, que la vérité du roman « est faite sµrtout de l'intelligence des intérêts ou des sentiments des autres »? Approuvez-vous plutôt cette justification du roman personnel qu'on lit chez B.

Constant : « On n'est bien connu que de soi.

Tl y a entre les autres et soi une bar­ rière invisible »? (E.

N.

S.

Sèvres; 1943.) RÉFLEXIONS PRÊLI1vIINAIRES 1.

S11fet très important, qui invitr, à ré/Uchir sur la distinction d!'s deux lignées fonùarnentales de romans : • le l, où le; héros sont e.rtérieurs les uns aux autres, • le « roman de soi ll, où les mûrfs eu:r-mèmes n'ont cl'intùët que comme un moment cle la i,ù; intérieure. Autrement dit : • la lignée objective et théâtrale, • la lignée introsper.tive et lyrico-morale. Thème de recherches vastes et passionnantes! On n'indiquera 1c1 que quelques directions d'étude. 2.

Nous soulignons, à titre d' e:rercice pratique, le célèbre parallèle du Lys dans la Vallée et de Volupté, cas privilégié où un romanéier de la lignée objective (Balzac) entend « refaire,) un roman intro­ spectif (Volupt{, de Sainte-lJem•1).

Dans un devoir complet, il fau­ drait foi demarulcr beaucoup d'exemples.

Balzuc a mbne joué rH>ec la difficulté en faisant dire je au héros principal, exactement comme l'avait fait Sainte-Beuve.

Et pourtant, malgré ce je, il sort bien de lui, il écrit vraiment un roman où éclate « l'intelligence des intérêts Olf des sentiments des autres l) : il serait donc très instructif de dégager ses procédés. 3.

Nous signalons, non pas tout à fait sur ce sujet, mais sur un sujet voisin (le problème des « clefs' >l romanesques), les pénétrantes dis­ tinctions de ivf.

Roger Pons entre les différents types de roman (étude parue dans L'Information littéraire, de janvier-février 1950, pp.

3437).

Nous dwons beaucoup à cette étude, modèle de dissertation littéraire générale. ÉLÉMENTS POUR UN PARALLÈLE ENTRE LE RO:AfAN OBJECTIF ET LE ROMAN INTROSPECTIF l.

Les romanciers « de l'intelligence des intérèts ou des sentiments des autres)). 1.

Ces romanciers reconnaissent tous que les personnages s'imposent à eux comme (< du dehors >>. On peut distingnr�r trois rriani,\res de s'imposer: a) La lwntise : cas dr:s très grands romanciers.

Phénomène à peu prè8 inanalysable.

Balzac est hanté par un monde de héros imagi­ naires très différents de lui : ·beaucoup d'anecdotes racontent qu'il parlait de ses personnages comme on parle de gens réels.

Plus ces personnages sont vivants et moins ils sont soumis au narra­ teur : (( Que de fois m'est-il arrivé de découvrir, en composant un récit, que tel personnage de premier plan auquel Î" pensais depuis longternps, dont j'avais fixé l'évolution dans les derniers détails, ne se conformait si bien au programme que parce qu'il était mort : il obéissait, mais comme un cadavre.

Au contraire, tel autre personnage.... »