Syrie (1992-1993): Nouveau départ? La république baassiste a réagi à l'effondrement de l'URSS, son principal soutien, en tentant de relancer...
Extrait du document
«
Syrie (1992-1993): Nouveau départ?
La république baassiste a réagi à l'effondrement de l'URSS, son principal
soutien, en tentant de relancer son économie par une ouverture au secteur privé.
En même temps, sa participation à la coalition anti-irakienne lors de la crise
et de la guerre du Golfe (1990-1991) a facilité sa réinsertion dans la
communauté internationale et permis sa présence aux négociations israélo-arabes
engagées en octobre 1991.
L'autre signe de normalisation fut la restriction
imposée aux opérations antiturques du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan)
à partir de ses bases en Syrie et dans la Bekaa libanaise, conformément à
l'accord du 10 février 1993 passé entre les ministres des Affaires étrangères
turc et syrien.
La reprise de l'aide financière des monarchies du Golfe et la production
pétrolière record du pays se sont conjuguées pour assurer un spectaculaire
redressement des finances.
La Syrie a rompu avec les pénuries (à l'exception de
celle concernant l'électricité) et le déficit de la balance des paiements
qu'elle a connu dans les années 1983-1988.
Au début 1993, tous les produits
étaient disponibles, à condition d'y mettre le prix; l'inflation a été ramenée à
moins de 10% par an; la poursuite des découvertes pétrolières à Deir ez-Zor a
élevé le rythme d'extraction à 500 000 barils/jour en 1992 et permis de dégager
un surplus net d'un milliard de dollars, tandis que l'aide des pays arabes a
atteint 1,5 milliard de prêts et dons pour la période allant de mars 1991 à
décembre 1992.
Relance et libéralisation économiques sélectives
Les bénéfices économiques de la détente ont cependant été inégalement répartis:
les fonctionnaires et salariés du secteur public ont souffert de l'érosion de
leur pouvoir d'achat, malgré une hausse de 25% de leurs salaires intervenue au
31 octobre 1991.
Le monde rural a, en revanche, bénéficié d'un effort
d'investissement - 20% du total de la période correspondant au VIe plan
(1986-1990); des dizaines de milliers d'émigrés revenus à partir de mars 1991
des pays du Golfe se sont lancés dans l'agriculture irriguée; l'État avait la
volonté d'atteindre l'autosuffisance alimentaire et y est parvenu en 1992.
Dans
les villes, la "nouvelle bourgeoisie" a étalé des modes de consommation
inimaginables avant la guerre du Golfe.
La reprise économique a été manifeste dans tout le pays: tourisme, amélioration
de l'infrastructure et investissements dans le secteur privé (1,6 milliard de
dollars entre mai 1991 et décembre 1992).
Celui-ci a bénéficié à partir du 4 mai
1991 de la loi 10 prévoyant une exemption des taxes sur les biens d'équipement
importés grâce aux ressources engendrées par les exportations.
Ainsi a été
amorcée une véritable libéralisation de l'import-export.
Près de 700 projets ont
été autorisés par le Haut Conseil de l'investissement global d'environ 1,6
milliard de dollars, (transport et tourisme, mais aussi textile et
agro-alimentaire).
Ainsi le secteur privé a-t-il assuré en 1992 53% des
importations et 80% des exportations en valeur du pays.
La Syrie "socialiste" depuis la révolution baassiste de mars 1963, a-t-elle
esquissé un retour à l'économie de marché? D'un côté, on a assisté à une
certaine marginalisation du secteur public, dans le domaine des transports, par
exemple, tandis que la part de la contrebande dans les importations s'est
trouvée réduite.
Mais d'un autre, la loi 10 entre en contradiction avec le
décret législatif 24 (1986) qui interdit la possession de devises étrangères, et
les autorités syriennes ont retardé la mise en place d'un secteur bancaire
privé.
La liberté accordée a donc présenté une visée limitée: favoriser certains
hommes d'affaires influents et rétablir la confiance des investisseurs étrangers
et des Syriens expatriés.
Dans son discours d'investiture à la présidence de la
République (pour inaugurer son quatrième mandat), le 12 mars 1992, le général
Hafez el-Assad a fixé les bornes du processus en invoquant la défense des
intérêts sociaux dans le pays.
L'autre changement attendu concernait les relations avec Israël.
Amorcées dans
une ambiance franchement hostile, les négociations bilatérales syro-israéliennes
de la conférence de paix sur le Proche-Orient ont pris un tour nouveau lors des
sixième et septième sessions respectivement ouvertes le 24 août et le 22 octobre
1992.
Au discours de H.
el-Assad, le 8 septembre de la même année, déclarant que
la Syrie "recherchait une paix honorable", le Premier ministre israélien Itzhak
Rabin a répondu, le 9, que son....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓