Devoir de Philosophie

Tanzanie (1985-1986): Relèves et relances La Tanzanie a longtemps suscité l'intérêt, sinon les passions. Une politique de développement autocentré, de...

Extrait du document

« Tanzanie (1985-1986): Relèves et relances La Tanzanie a longtemps suscité l'intérêt, sinon les passions.

Une politique de développement autocentré, de non-alignement authentique, un style politique alliant morale démocratique et rigueur sans concession ni dogmatisme pouvaient caractériser la politique Nyerere.

Or en 1985, Julius Kambarage Nyerere, le père de l'Indépendance, leader incontesté depuis plus de trente ans, a abandonné volontairement ses fonctions de chef de l'État dans une conjoncture morose. L'annonce de sa retraite pouvait susciter les ambitions rivales d'héritiers putatifs risquant de cristalliser des tensions que l'autorité du Mwalimu avait réussi à contrôler: tensions politiques, notamment à propos des rapports entre les deux composantes de la "République unie", le continent et les îles (Zanzibar et Pemba) ; tensions économiques surtout, car les faibles performances de l'appareil productif et des circuits de distribution rendaient de plus en plus inéluctables des choix d'autant plus douloureux qu'ils devaient être faits avec le spectre des fourches caudines du FMI.

1985-1986 aurait pu être l'année de tous les dangers si l'autorité incontestée du président sortant n'avait au moins permis de rendre crédible l'entité tanzanienne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Changement et continuité politique 1985 a été une année électorale exceptionnelle, même si le système politique tanzanien est suffisamment stable pour que les échéances constitutionnelles aient été respectées depuis l'Indépendance.

L'existence du parti unique n'empêche pas une certaine compétition dans les scrutins législatifs (deux candidats par circonscription, sélectionnés après des primaires disputées) et le renouvellement périodique d'une partie du personnel politique ; les législatives du 27 octobre 1985 n'ont pas dérogé à ces traditions. Mais ce jour-là, une élection présidentielle avait également lieu, sans la candidature de J.

Nyerere.

Sur sa proposition, le congrès du Chama Cha Mapinduzi (CCM) d'août 1985 avait retenu la candidature d'un autre Mwalimu, alors président du Conseil révolutionnaire de Zanzibar, Ali Hassan Mwinyi.

Celui-ci fut élu par 4 778 114 voix, 215 626 électeurs se prononçant contre.

Même en tenant compte des quelque 188 000 bulletins nuls, il reste une forte abstention (6 901 555 électeurs inscrits) qui peut être interprétée comme le signe de l'existence de problèmes de mobilisation en dépit d'une campagne électorale active. Le nouveau président n'est pas un inconnu ; avant d'accéder à la tête du gouvernement de Zanzibar en janvier 1984, il avait fait partie de différents gouvernements de la Tanzanie, notamment aux délicates fonctions de ministre de l'Intérieur.

Mais il ne peut prétendre d'emblée à la même autorité, a fortiori au même charisme, que son prédécesseur.

Il n'y a cependant pas rupture, mais plutôt transition. Le nouveau gouvernement constitué le 6 novembre 1985 comporte les principaux collaborateurs de J.

Nyerere, qu'il s'agisse du nouveau Premier ministre, Joseph Warioba, et du Vice-Premier ministre, Salim Ahmed Salim (ancien Premier ministre).

Surtout, le retrait de Nyerere n'est que partiel: quittant l'appareil d'État, il reste président du CCM, et continue ainsi à exercer la haute surveillance sur l'orientation du système politique.

Âgé de soixante-trois ans (contre soixante à Mwinyi), il serait étonnant qu'il se comporte en retraité.

Il s'agit plutôt d'une reprise du scénario de 1962, la situation du parti l'incitant à consacrer son énergie à son redressement.

Vingt-trois ans plus tard, on parle à nouveau d'une nécessaire reprise en main, différentes difficultés étant plus ou moins imputées à des insuffisances de l'appareil partisan. Après la révolution de janvier 1984 qui avait renversé le Sultanat régnant sur Zanzibar et Pemba, l'union avec le continent avait été proclamée dans un cadre constitutionnel original et peu "unitaire".

La "République unie de Tanzanie" laissait aux îles une large autonomie interne, qui avait autorisé la curieuse coexistence de J.

Nyerere et d'un tyran sans guère de scrupules, A.

Karume.

Ce dernier fut assassiné, et son successeur, A.

Jumbe, tout en maintenant un style autoritaire dans les îles, était un vice-président plus présentable auprès du Mwalimu.

Jouant, y compris sur le continent, son rôle de lieutenant, il devait pourtant démissionner de ses fonctions le 29 janvier 1984. Ce départ soudain traduisait l'existence d'un malaise au sein de certains groupes zanzibarites opposés à un trop grand rapprochement avec un continent plus pauvre, mais bien peuplé.

Le malaise pouvait s'alimenter de ressentiments nés.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓