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Temps et durée Dans la nouvelle, récit bref qui tend vers la concentra­ tion, aucune indication temporelle n'est gratuite, aucun...

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« Temps et durée Dans la nouvelle, récit bref qui tend vers la concentra­ tion, aucune indication temporelle n'est gratuite, aucun tra­ vail sur la temporalité n'est dépourvu de sens.

Ainsi, )es cinq Nouvelles de Pétersbourg fondent une partie de leurs effets sur un traitement habile du temps de référence (la chronologie) et du temps de la narration.

En effet, Gogol · voyait dans le temps un,allié de l'artiste; c'est ce que signifie le mot-clé du «Portrait» : «patience» (p.

104). LA CHRONOLOGIE Un ancrage dans le temps historique Les cinq nouvelles se réfèrent à l'actualité du narrateur et de ses lecteurs ou du moins à un passé récent.

C'est une façon de rendre crédible le fantastique ou l'absurde1 _ Le début de « La Perspective Nevski», donc de l'en­ semble du recueil, situe l'histoire dans le présent : «Rien n'est plus beau que la Perspective Nevski» (p.

43).

Et, à la fin de la nouvelle, Gogol rappelle la proximité entre le temps des faits racontés et son propre temps : « l'autre jour» (p.

90). « Le Nez» s'amorce par une indication chronologique qui contribuera à la banalisation de I' « inconcevable» : « Ce jour-là, 25 mars dernier, Pétersbourg fut le théâtre d'une aventure des plus étranges» (p.

201 ). « Le Manteau» n'est pas daté avec tant de précision par rapport à l'auteur.

Mais Gogol, dès le début, prend soin de rattacher l'histoire narrée au temps présent : «À l'heure 1.

Voir les chapitres 9 et 11 . actuelle ...

», « Quant au grade (car chez nous, c'est toujours par cette indication qu'il faut commencer) ...

» (p.

237). ' Dans les autres nouvelles, l'ancrage temporel s'impose au cours du récit. L'histoire de Tchartkov, héros de la première partie du « Portrait» commence, certes, au passé.

Mais le début de la seconde partie la situe au x,xe siècle (p.

139).

La mention de la Révolution française (1789), (p.

146), et les notations sur-l'âge du peintre 8***, de neuf ans (p.

158) à trente-cinq ans (p.

141), permettent de situer l'histoire de Tchartkov au plus tôt en 1815. Certes, « Le Journal d'un fou», malgré l'indication « aujourd'hui» (p.

167), pourrait avoir été écrit dans le passé par son héros-narrateur.

Mais de multiples allusions à des événements historiques ou littéraires contribuent à rendre l'histoire du fou proche des lecteurs de l'époque.

Elle n'en devient que plus inquiétante.

Telles sont d'abord les références au journal L'Abeille du Nord (fondé en 1825), puis à la révolution en France de 1830 (p.

172).

Les troubles qui suivirent la mort de Ferdinand VII d'Espagne - et qui vont accélérer la folie de Poprichtchine - sont datables en 1833.

Et l'allusion aux chemins de fer (p.

194) rappelle la construction de la première voie ferrée en Russie, en 1835. Précision et imprécision chronologiques • Une abondance de points de repère chronologiques Gogol use abondamment des temps du calendrier et de l'horloge pour cadrer ses intrigues. Paradoxalement, c'est l'histoire la plus invraisemblable, celle du « Nez», qui apparaît comme la mieux cadrée du point de vue chronologique.

L'événement initial et l'événement final de l'aventure - la perte de son nez par Kovaliov et le retour de l'organe à sa place - sont datés respectivement du 25 mars et du 7 avril.

Donc le récit ne couvre même pas deux semaines.

Les démarches successives de la première journée vont d' « assez bonne heure» (p.

205) à la nuit tombante (p.

219). La journée-type de la société pétersbourgeoise sur laquelle s'ouvre« La Perspective Nevski» est scandée par des notations précises de moments de la journée : « au tout petit matin» (p.

44), dès « le crépuscule» (p.

50), voire d'indications horaires : à « deux heures» (p.

46), à « trois heures» (p.

49).

Dans cette nouvelle, les «aventures» de Piskariov et de Pirogov débutent un soir (p.

52), et elles sont situées d'abord selon une chronologie objective. Ainsi, la nuit qui suit la rencontre entre Piskariov et la jeune «inconnue» est mesurée selon le temps d'une horloge, puis selon le moment du jour : « Minuit était depuis longtemps passé, l'horloge d'un clocher sonnait la demie d'une heure» (p.

61 ), puis « l'aube importune» (p.

67). L'aventure d'Akaki, héros du «Manteau», suit une chronologie aisément repérable.

Gogol insère « une année» d'économies (p.

253) entre des journées décisives: telles sont les journées de visite chez le tailleur et la journée d'inauguration du manteau neuf jusqu'à l'heure fatidique de «minuit» (p.

260).

Ce sera l'heure du vol du manteau. Les durées de référence de chaque partie du « Portrait» sont nettement plus longues que celles des précédentes aventures.

Elles correspondent à plusieurs années.

Dans la première partie du« Portrait», Gogol mesure d'abord les événements décisifs qui bouleversent la vie de Tchartkov selon le passage du « clair de lune» au « jour blafard» (p.

110), puis selon la succession des journées, marquée par des notations de temps relatif : « le matin venu» (p.

118), « le lendemain».... »

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