Texte d'Al.fred Sauvy SOCIÉTÉ DE BESOINS « Notre soci4tl a de nombreux parrains et de nombreux noms socllté du loisir....
Extrait du document
«
Texte d'Al.fred Sauvy
SOCIÉTÉ DE BESOINS
« Notre soci4tl a de nombreux parrains et de nombreux noms
socllté du loisir.
socllté de consommation, etr..
et slll'tout sociétl
d•abondance.
Ce nom, déjà, est trompeur.
nous sommes dans wu: société de
besoins, of4 les besoins, publics et privés, montent plus vite que la
production.
Mais personne ne veut le reconnaitre, et aucun expert,
aucun institut scientifique, aucun parti, aucune kole n'ose calculer
le total des besoins exprimés.
Quant à la distinction entre besoins réels et besoins superflus,
qui fit couler tant d'encre au XV/Je siècle, elle est éminemment sub
jective.
Il serait plus difficile de distribuer aujourd'hui "à chacun selon
ses besoins" que du temps d'Engels.
Et surtout la progression des
besoins ne peut se comparer à celle de son temps.
Les besoins de
l'homme n'ont pas de Umite, mais il ne faut pas le dire».
ALFRED SAUVY
Extrait de "Mythologies de notre temps"
Questions
1 ° Quels "parrains" voyez-vous à notre société ?
2° Connaissez-vous des besoins reconnus universellement
3° Connaissez-vous d'autres œuvres d'Alfred Sauvy? Les avez-vous
lues?
4° Connaissez-vous d'autres auteurs qui se sont intéressés aux
"besoins" de l'être humain ?
5° Comment définiriez-vous les "besoins publics" ?
6 ° Qu'est-ce que le "superflu" pour vous?
7° Faut-il que les besoins s'expriment ?
8° "L'homme ne vit pas seulement de pain...
" : qu'évoque pour vous
cette phrase ?
°
9 Mai 68 est-il selon vous le procès de la société de consommation ou
son assomption?
°
[ 10 Si vous deviez choisir un nom plus juste à notre société, ce serait ?
�.B.
Vous devez répondre assez brièvement à ces deux questions (= l' équi
talent d'une minute, en moyenne).
�ien entendu, vous pourrez noter, à titre personnel, les divers autres élé
tents de réponses possibles.
1
Corrigé
Remarque liminaire
Parler d'un texte, c'est aussi parler de soi, de ses rapports avec le
foonde extérieur.
Ceci est particulièrement vrai dans les domaines dits
'de société" comme ici l'économie.
i
Votre commentaire dévoile vos qualités et vos faiblesses aussi sfire
ment sinon plus - que vous ne pourriez le faire vous-même.
C'est pourquoi votre attention doit se porter d'abord sur les termes
r., lés du texte, pour les définir, par rapport au texte et au contexte, mais
ussi par rapport à vous-même, afin que vous ne partiez pas sans le vou
oir sur de mauvaises pistes d'analyse et de commentaire.
Exemple : le terme "besoins"
Qu'évoque-t-il pour vous? Quelles associations de mots, d'idées?
Des paradis d'abondance? Ou des enfers de manque et d'abandon?
Que signifie, pour vous, dire "j'ai besoin de..." ?
Le dites-vous fréquemment ? Et à quel propos ? Etc.
L'auteur du texte
Alfred Sauvy est économiste, statisticien et démographe.
Il privilégie
une vision à la fois globale et de bon sens de l'économie.
Dans l'ou.vrage
dont est extrait ce texte, il s'attaque à quelques "mythes" de notre temps,
tels que le marché, la production, etc.
Ce faisant, il clarifie les concepts
de base de l'économie, et son ouvrage peut constituer une bonne intro
duction à cette discipline.
Étude du texte à commenter
Les mots-clés
- Mythe/mythologie : ce sont des mots qui ne renvoient pas vraiment
à "modernité", mais plutôt aux Anciens et à leurs croyances.
Or,
nous aussi, nous avons des mythes.
L'étude de ces mythes modernes
a été menée également par Roland Barthes (''Mythologies"), qui
donne du mythe la définition suivante : "parole choisie par l'his
toire...
ne saurait surgir de la "nature" des choses".
- abondance/besoins : le premier est au singulier, le second au pluriel.
L'abondance est mythique, en ce qu'elle revoie à l' "âge d'or" d'une
satisfaction totale et perpétuelle de tous les besoins.
les besoins, eux,
se compliquent et se différencient à l'infini.
Il semblerait donc que
l'abondance, contrairement au mythe soit limitée, et les besoins, eux
illimités.
- la série d'oppositions :
• besoins publics/privés (à définir, selon les époques et les lieux),
• besoins réels superflus (n'est-ce pas contradictoire ?),
• besoins exprimé/...
? ...
Qu'il puisse y avoir des besoins inexprimés, voire inconnus, dévoile
l'extension infinie du concept de "besoin".
L'économie cependant distingue entre
- besoins primaires (ex.
: nourriture, habillement.•.), nécessaires ;
- besoins secondaires (ex.
: loisir...), indispensables;
- besoins tertiaires (ex.: fut1.1ités...), superflus mais agréables.
La part de subjectivité reste grande dans la définition des contenus de
chaque catégorie de besoins.
Voici un texte complémentaire du même auteur et même ouvrage sur le
thème des besoins (pour documentation et réflexion}
« Vers 1830, un progressiste s'efforçait de montrer que la misère des
ouvriers n'était nullement inéluctable; il n'y a pas de raison, disait-il, pour
qu'un jour les ouvriers ne soient pas tous convenablement nourris et
habillés ; à une étape suivante, les ouvriers pourraient avoir un logement
convenable.
Poussé encore, il alla jusqu'à dire : "Eh bien, dans une
étape encore plus lointaine, je ne vois pas de raison pour que dans tout
ménage ouvrier, il n'y ait pas un piano."
te piano était le symbole même de la bourgeoisie ; après le diner, les
invités polis priaient la jeune fille de la maison d'y prendre place pour
faire preuve de ses talents.
Si cet optimiste revenait parmi nous, il ne trouverait de piano dans aucun
intérieur ouvrier.
En revanche, il verrait, satisfaits ou non, des besoins (voiture,
voyage, machine à laver, télévision, etc.) qu'il ne pouvait soupçonner.
>
Étude des oppositions
- besoins/production: les uns sont illinùtés, l'autre dépend de la capa
cité de travail des hommes et de la capacité de production des
machines et des structures productives.
- société du loisir/société de consommation, etc.
: l'appellation confé
rée à notre société semble elle aussi....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓