Texte de la copie Les biographies, d'une, utilité longtemps irréfutable, se sont vues quelque peu dépréciées depuis peu, notamment par...
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Texte de la copie
Les biographies, d'une, utilité longtemps irréfutable, se sont vues quelque peu dépréciées
depuis peu, notamment par les adeptes de la « nouvelle critique ».
Beaucoup pourtant y
restent attachés, et il n'est d'édition scolaire ou érudite qui ne présente de notice
biographique, même succincte : un tel débat, qui remet en question les méthodes
traditionnelles de critique littéraire, et par là l'intelligence de notre patrimoine culturel,
mérite notre attention par l'importance de l'enjeu.
Il convient donc d'étudier ce qui fait
pour certains la valeur des biographies, et d'un autre côté, ce qui fait dire que la vie
privée des grands créateurs n'est qu'un « misérable tas de petits secrets » inutile au
lecteur.
Ce type de recherches biographiques peut nous fournir des éléments intéressants à
différents niveaux : sur un plan général, elle nous renseigne sur le milieu (au sens
général) d'où est issu le futur artiste, sur les facteurs extérieurs qui ont pu être à
l'origine de sa destinée littéraire, et ont imprimé à son oeuvre un certain nombre de
caractères constants : on rejoint ici la théorie du milieu, le déterminisme dont Hippolyte
Taine fit une méthode de critique littéraire et qu'il appliqua en particulier dans son La
Fontaine : le fait que celui-ci fût à la fois français, champenois, courtisan de Louis XIV,
que sa faculté maîtresse ait été l'imagination, permet l'intelligence générale et
particulière de son oeuvre.
Cette théorie, en fait héritage de la théorie des climats de
Montesquieu, se retrouve dans une lettre de Diderot à Sophie Volland où il explique son
caractère et ses goûts (donc son oeuvre) par son origine langroise qui lui a donné la
vivacité d'esprit et l'inconstance : de fait l'oeuvre de Diderot est un foisonnement qui
peut même aller jusqu'à l'incohérence : ce caractère a subi des modifications où
interviennent encore des facteurs liés à sa vie privée (son séjour à Paris, la vie de
bohème), ou à sa personnalité (amour du bon, de l'unité).
Plus récemment, Sartre a
intitulé son essai sur Flaubert L'idiot de la famille, donnant à sa vocation littéraire des
sources profondes et ancrées dans la vie privée de Flaubert, ses complexes vis-à-vis de
sa famille par exemple.
La vie privée de l'artiste (toujours en vue d'une compréhension générale de l'homme et à
travers lui de son oeuvre) est intéressante parce qu'elle est souvent le reflet d'une
personnalité
« profonde, des combats qui s'y jouent, des changements qui s'y opèrent et que l'on
pourra retrouver,, sous diverses formes, dans l'oeuvre : Rimbaud d'abord enfant pieux,
brillant, sage, docile, puis révolté, passionné, transmettra à son oeuvre la révolte contre
la bourgeoisie, la religion (« La première communion »), la guerre et ceux qui la font
faire (« Le dormeur du val »), et qui l'avaient rendu tel qu'il était enfant.
Mais elle permet aussi une intelligence plus directe de l'oeuvre, cette fois sur un plan
particulier, précis : parfois pour des détails, ou un mouvement de poème : il est difficile
de ne pas rapprocher la malédiction maternelle de « Bénédiction » de ce qu'a vécu
Baudelaire enfant, ou du moins de ce qu'il a ressenti des événements (sa mère ne le
comprenait pas, mais allait-elle jusqu'à le haïr à ce point ?) et de comprendre bien ce
passage.
Toutefois, elle ouvre souvent la voie à un niveau d'interprétation important : la
pièce des Châtiments dont l'incipit est «Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée»,
offre ainsi une stratification de trois interprétations : le sens littéral (l'épisode biblique),
le sens général (Josué est le penseur, le poète, le roi est le despote, la cité, l'Etat
despotique) et enfin le sens autobiographique (derrière Josué il faut voir Victor Hugo,
derrière la cité le Second Empire, derrière le roi « Napoléon le petit »).
« A Villequier »
tire aussi son origine d'un fait de la vie privée de Victor....
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