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TEXTE Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée «Le physiologiste et le médecin ne doivent...

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« TEXTE Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée «Le physiologiste et le médecin ne doivent jamais oublier que l'être vivant forme un organisme et une individualité.

Le physicien et le chimiste, ne pouvant se placer en dehors de l'univers, étudient les corps et les phénomènes isolément pour eux-mêmes, sans être .obligés de les rapporter néces­ sairement à l'ensemble de la nature.

Mais le physiologiste, se trouvant au contraire placé en dehors de l'organisme animal dont il voit l'ensemble, doit tenir compte de l'harmonie de cet ensemble, en même temps qu'il cherche à pénétrer dans son inférieur pour comprendre le mécanisme de chacune de ses parties.

De là il résulte que le physicien et le chimiste peuvent repousser toute idée de causes finales dans les faits qu'ils observent ; tandis que le physioiogiste est porté à admettre une finalité harmonique et préétablie dans le . corps organisé dont toutes les actions partielles sont soli­ daires et génératrices les unes des autres.

11 faut donc bièn savoir que, si l'on décompose l'organisme vivant en isolant ses diverses parties, ce n'est que pour la facilité de l'analyse expérimentale, et non point pour les concevoir séparément. En effet, quand on veut donner à une propriété physio­ logique sa valeur et sa véritable signification, il faut toujours la rapporter à l'ensemble et ne tirer de conclusion définitive que relativement à ses effets dans cet ensemble.» Claude BERNARD. Approche du texte A.

Le thème: Il s'agit de considérer deux objets de connaissance scienti­ fique: le monde inanimé, la matière qu'étudient la physique et la chimie, et le monde vivant qu'étudient la physiologie et la médecine ; de consjdérer également la nature de ces objets et les méthodes de ces diverses sciences. B.

Question implicite à laquelle le texte répond : Quelle est la nature particulière de l'être vivant par oppo­ sition à l'objet inanimé ? Les phénomènes physiologiques sont-ils comme les phénomènes physiques, réductibles à des éléments à partir desquels ils pourraient être compris ? C.

Réponse à la question : a) Idée générale : L'être vivant a des caractères qui lui sont propres qui procèdent d'une entité plus profonde da vie», et si la physiologie est une science rigoureuse elle a cependant ses méthodes propres distinctes de celles de la physique et de la chimie. b) Structure logique du texte : - «L'être vivant forme un organisme et une individualité», c'est «un t;nsemble harmonieux» où transparaît une «finalité harmonique et préétablie», tandis que les phénomènes de l'univers peuvent être étudiés «isolément pour eux-mêmes» sans répondre à une èause finale.- C'est pourquoi ce n'est que «pour la facilité de l'analyse expérimentale» que la méthode de la physiologie ou de.la biologie est la même que celle de la physique et de la chimie. Analyse du texte A.

Explication commentée : a} «Le physicien et le chimiste» ne peuvent «se placer en dehors de l'univers».

Les sciences de la nature (comme la physique qui étudie les propriétés générales des corps et la chimie qui en étudie la nature et les propriétés) partent de la considération des phénomènes eux-mêmes.

Or l'homme, sujet de l'étude fait partie de cet univers qu'il considère ne pouvant l'observer de l'extérieur.

Comment peut-il procéder pour le connaître ? «En étudiant les corps et les phénomènes isolément pour eux-mêmes» : étudier les corps revient à les décomposer, les isoler, les considérer à part.

La science en effet admet que tout corps est dé­ composable en molécules, elles-mêmes composés d'atomes et depuis Lorentz, on conçoit l'atome comme un système (autour d'un noyau central chargé d'électricité positive tournent des électrons chargés d'électricité négative).

Etudier les phénomènes c'est savoir quelles sont les lois qui en rendent compte (ex.

: en physique, la loi de la chute des corps et la poussée d'Archimède expliquent la chute amortie d'une pierre dans l'eau).

(Sur l'établissement des lois, cf. vol.

I p.

41.) Cette décomposition de la réalité permet d'expérimenter c'est-à-dire de reproduire artificiellement le phénomène dans des conditions déterminées par l'obser­ vateur lui-même. On peut étudier les phénomènes isolément sans être «obligé de les rapporter nécessairement à l'ensemble de la nature». De fait, la loi nous permet de penser les phénomènes de façon simplifiée, elle établit une unité sous la diversité ; mais les lois sont multiples et demeurent séparées.

Même si certaines lois apparaissent comme des cas particuliers de lois générales (ex.

: la loi de la chute des corps est un cas particulier de la loi de l'attraction universelle), l'unifi­ cation complète est loin d'être réalisée et on n'a pas besoin de faire appel à la loi de l'attraction universelle pour énoncer la loi de la chute des corps. Jamais dans le domaine-physique, notre pensée n'a vérita­ blement saisi une cause, nous ne trouvons jamais dans l'antécédent la raison du conséquent (ex.

: en affirmant que la chaleur dilate les métaux, nous ne savons pas pour­ quoi, nous ne comprenons pas comment la chaleur peut dilater un métal.

Ces deux faits «chaleur» et «dilatation>> sont hétérogènes.) Nous constatons qu'un fait succède à un autre fait : toute loi n'est pour nous que l'expression d'une coïncidence constante ou probable.

Les lois physiques laissent subsister leur hétérogénéité.

Le monde de la science nous apparaît comme un ensemble de faits divers dont nous ne pouvons connaître la raison. b} «De là il résulte que le physicien...

dans les faits qu'ils observent.» L'explication ne peut porter sur le particulier en tant que tel.

La connaissance que nous donne la science est hypothétique : elle porte sur une virtualité, sur un rapport de cause à conséquence et non sur une réalité effective.

Elle rend compte du particulier dans la mesure où elle le réduit au général.

Même si on pouvait énoncer toutes les lois entrant en jeu pour produire un phénomène, il resterait inexpliqué en tant que synthèse unique de ces lois.

C'est pourquoi l'esprit essaie de trouver une raison d'être à la rencontre des séries causales qui produisent un phénomène" (explication finaliste).

Or c'est une illusion. Il faut se contenter de remarquer que tout se passe comme si certains phénomènes concouraient vers des fins, et s'en tenir à des coïncidences, cè qu'expriment les lois.

La science nous montre comment les phénomènes se passent mais pas pourquoi ils se passent ainsi.

Le principe d'explication scientifique n'est pas le principe de causalité ni de fmalité mais 7e principe de déterminisme.

(Sur le principe du déterminisme, cf vol.

I, p.

41.) c) 1.

«Le physiologiste et le médecin ne doivent Jamais oublier...

une individualité'.» Le phénomène vital est le propre des êtres organisés, c'est-à-dire d'êtres composés de parties différehèiée.s et solidaires èn sorte que l'ensemble de ces parties constitue· un individu . ..

ayant une uriité et une identité. «Le· physiologiste se tr'ouvani 'au· contraire placé...

de l'harmonie de cet ensemble...

».

Le propre d'un organisme est le pouvoir d'autorégulation, de reproduction ; ses parties dépendent alors• de ces fonctions et répondent à des fins. «En même temps qu'il cherche à pénétrer...

chacune de ses parties.» L'attitude mécaniste consiste à affirmer par exemple que les phénomènes vitaux sont explicables par des processus physico-chimiques (cf selon C.

Bernard, la rêgulation est un équilibre entre des propriétés cellulaires). Mais les phénomènes vitaux, s'ils dépendent de lois méca­ niques, ne peuvent être compris que si l'on tient compte d'une «harmonie de l'ensemble», si l'on invoque une s9rte d� supercausalité groupant en vue de fins diverses séries causales, et leur donnant une unité.

Cette supercausalité est la finalîté. 2..

«Le physiologiste est porté à aàmettre une finalité...

les unes des autres.» Les phénomènes vitaux semblent impliquer une finalité interne : les éléments du corps sont adaptés les uns aux autres, existent en fonction les uns des autres et en fonction de l'organisme qu'ils constituent ; le tout détermine l'ordre des parties (finalité statique).

D'autre part, les faits vitaux répondent à des fonctions (ex.

: nutri­ tion, reproduction, etc.), ils convergent vers un but (ex.

: tous les éléments de l'œil convergent vers la vision) (finalité dynamique).

On peut donc expliquer les parties par le tout, les organes par leur fonction ; certaines réalités sont des moyens que l'on explique par les fins vers lesquelles elles tendent. d) 1.

«n faut donc bien savoir...

en isolant ses diverses parties...

» : Par l'observation externe, on considère le corps comme un édifice dont il faut retrouver l'architecture ; par la dissection ou la vivisection, la radiographie, on observe l'anatomie interne, les différents organes.

On peut considérer le corps comme une machine et étudier son fonctionnement (on considérera à part ses différentes fonctions, par exemple la nutrition, la croissance, etc.) ou comme un laboratoire, siège de nombreuses réactions chimiques que l'on étudie .. �éparément (ex.

: chimie de la digestion, ètc.). De même on procède par expérimentation (ex.

:l'expérience de C.

Bernard dite du «foie lavé» pour mettre en lumière la fonction glycogénique du foie) conforme ·à l'expérimen­ tation en physique ; par destr11ction d'organes (e�1 : gl�ndes endocrines pour en préciser les fonctions) ; ou encore par changement de régime (ex.

: injecter du sucre dans le sang d'un animal pour découvrir les causes du diabète). 2.

«...

ce n'est que pour la facilité de ·l'analyse expéri­ mentale...», car la •méthode expérimentale se heurte en biologie à des difficultés particulières : isolant son objet d'étude l'observation reste superficielle et artificieije, De plus il est difficile d'isoler un phénomène particulier, on ne peut répéter les expériences sur un même sujet ; la synthèse est presque toujours impossible.

En un mot, parce qu'on ne peut «concevoir séparément» les différentes parties d'un organisme. «En effet, quand on veut donner à une propriété physiolo­ gique sa valeur...

que relativement à ses effets dans cet.... »

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