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Thaïlande (1983-1984): Transitions C'est dans le cadre d'une relative stabilité politique que la relance économique de 1983 en Thaïlande s'est...

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« Thaïlande (1983-1984): Transitions C'est dans le cadre d'une relative stabilité politique que la relance économique de 1983 en Thaïlande s'est confirmée en 1984 et que le gouvernement a maintenu les appuis internationaux dont il a bénéficié au cours de la crise cambodgienne. Les forces de gauche sont restées très affaiblies et désorientées après le brutal déclin du Parti communiste de Thaïlande et des guérillas.

Néanmoins, le régime n'a pas su apporter de solution durable aux profonds déséquilibres politiques et économiques qui se sont manifestés depuis le début de la décennie en cours. Ainsi, dans le domaine institutionnel, l'année 1983 s'était ouverte sur un violent conflit opposant l'armée aux grands partis politiques.

Une importante évolution constitutionnelle était en effet en cours dans le royaume de Thaïlande.

Elle devait permettre de sanctionner la puissance grandissante de milieux d'affaires modernes, de relativiser le poids des militaires et de renforcer le rôle politique direct des grands partis.

Mais elle s'est heurtée à des intérêts établis, enracinés depuis cinquante ans: après la Révolution de 1932 (le passage à une monarchie constitutionnelle), la famille royale, la bureaucratie administrative et l'armée ont contrôlé l'essentiel du pouvoir d'État. Après des menaces de coup d'État et une dissolution précipitée du Parlement par le roi, les élections d'avril 1983 ont donné une large majorité aux grands partis.

Après reclassement de certains députés, le parti Chart Thai contrôlait un groupe parlementaire de 108 membres, le Parti d'action sociale de 101 membres, et le Parti démocrate de 56 membres.

Ces deux derniers partis ont constitué le nouveau gouvernement en coalition avec le parti Prachakorn Thai (36 députés) et le parti Démocratie nationale (18 députéms).

Le Chart Thai s'est retrouvé, lui, dans l'opposition. Ces élections n'ont pourtant pas représenté, comme elles le devaient, le tournant décisif dans la transformation réelle du régime politique en une démocratie parlementaire des grands partis.

Le système électoral est resté en effet dominé par le jeu clientéliste et non par l'affrontement de programmes alternatifs.

Kukrit Pramoj, figure respectée et principal dirigeant du Parti d'action sociale, a fait sensation, début 1984, en publiant une critique violente de ce système, dénonçant le caractère corrompu de cette démocratie et la vénalité des députés.

Quant à l'armée, au lieu de s'effacer, elle a affirmé toujours haut et clair sa volonté d'orienter les destinées du pays: la démocratie, ont dit les officiers supérieurs, ne saurait être réalisée par des partis représentant les intérêts particuliers de groupes d'affaires.

L'armée représenterait, elle, l'intérêt général. L'un des principaux tenants de cette thèse, le général Arthit Kamlang-ek, était en 1984 le commandant en chef de l'armée de terre et le commandant suprême des forces armées.

Soutenu par le Palais - la famille royale joue toujours un rôle politique et économique très important -, ses positions se sont encore renforcées après les mises à la retraite et les promotions annuelles de septembre 1983: mis sur une voie de garage, le général Harn Linanond - tenant d'un rôle effacé des militaires - a finalement démissionné.

En revanche, le rôle du général Chaovalit Yongchaiyut - idéologue de la "responsabilité" sociale et politique des militaires -, et du général Pichit Kullavanich - chef de la région militaire de Bangkok, la capitale - a été confirmé. Si les grands partis détenaient en 1984 la majorité des portefeuilles gouvernementaux, le général Prem Tinsulanond restait Premier ministre et le roi Bhumibol Adulayadej (Rama IX) chef de l'État.

Dans ces conditions, il semblait très probable que le conflit institutionnel - "démocratie affairiste" des partis ou "démocratie musclée" des militaires - rebondisse à l'avenir.

Malgré une relative stabilité politique, le pays connaît en effet une réelle instabilité constitutionnelle. Le rôle des grands partis liés aux milieux d'affaires et celui de l'armée se sont renforcés à l'occasion de la crise profonde qui a déchiré le Parti communiste de Thaïlande.

En l'absence de perspectives révolutionnaires, des formations comme le Parti d'action sociale de Kukrit Pramoj et le parti Démocrate nationale de l'ancien Premier ministre Kriangsak Chonanan peuvent incarner l'aspiration aux réformes politiques.

Par contre, l'état-major a pu se prévaloir du succès de sa politique de contre-insurrection.

Surtout, l'influence de fractions militaires s'est renforcée jusqu'au sein du mouvement ouvrier lui-même.

Ce problème est aujourd'hui au coeur de la division syndicale et notamment de la scission qui a frappé la principale confédération, le Labor Congress of Thaïland (LCT). L'année 1983 a confirmé un autre trait de la situation politique en Thaïlande. Le régime s'est affirmé plus démocratique que souvent dans le passé.

Mais, grâce au recul des guérillas et à la désorganisation du mouvement de masse (il n'y a.... »

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