Thaïlande (1985-1986): Morosité Le fait marquant de l'année 1985 en Thaïlande a été le coup d'État manqué du 9 septembre,...
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Thaïlande (1985-1986): Morosité
Le fait marquant de l'année 1985 en Thaïlande a été le coup d'État manqué du 9
septembre, dirigé apparemment par le colonel Manoon Roopkajorn, le chef des
"Jeunes Turcs", déjà auteur du précédent putsch raté du 1er au 3 avril 1981.
En
fait, il semble que les deux factions rivales au sein de l'armée aient encouragé
cette tentative, l'une pour renverser le gouvernement, l'autre pour mieux
circonvenir sa rivale.
La défection d'unités blindées sensées appuyer les
conjurés a rapidement fait avorter l'affaire, qui s'est soldée néanmoins par au
moins dix morts.
Si ce coup de force n'a duré qu'une matinée, il a laissé des séquelles durables.
Bien qu'il ait terni l'image que cherche à projeter le régime d'un "royaume
serein en voie de démocratisation", cet accès de fièvre militaire marque
paradoxalement un renforcement du pouvoir civil.
Pour la première fois en effet,
les auteurs présumés du putsch ont été traduits devant un tribunal civil, et
leur dossier instruit par la police (plutôt que classé par l'armée).
Même si
aucun des quarante inculpés - une dizaine d'entre eux étaient toujours en fuite
au printemps 1986 - n'appartenait aux forces vives des deux factions de l'armée,
cinq généraux en retraite (dont l'ancien Premier ministre Kriangsak Chamanand),
figuraient dans le lot des détenus.
Ce procès public a cependant été une source
de tensions continues entre civils et militaires.
La mise en liberté sous
caution des cinq généraux, fin février 1986, laissait penser qu'après avoir fait
la preuve de sa détermination, le gouvernement entendait désamorcer cette bombe:
une amnistie paraissait probable à l'occasion du prochain anniversaire du
souverain ou du suivant.
(Le roi Bhumibol Adulyadej aura soixante ans en
décembre 1987.)
Règlement de comptes feutré de l'après-coup d'État? Les promotions militaires de
septembre 1985 ont favorisé le général Chawalit Yong-jaiyut et d'autres
officiers "démocratiques", aux dépens du général Pijit Kunlawanit, chef de la
1re armée (Bangkok), considéré, à tort ou à raison, comme ayant encouragé le
colonel Manoon.
Nommé chef d'état-major adjoint de l'armée, le général Chawalit
est apparu dès lors comme le successeur probable du général Arthit Kamlang-ek,
dont le double mandat de commandant en chef de l'armée et de commandant
interarmes avait été prolongé exceptionnellement d'un an à partir de septembre
1985.
En mai 1986, il a été effectivement relevé de ses fonctions et remplacé
par Chawalit.
Le "coup", comme on dit en thaï, a aussi précipité un remaniement ministériel
longtemps reporté.
Un autre a eu lieu à la mi-janvier 1986 pour calmer la
discorde provoquée au sein du principal parti au pouvoir (Kit Sangkom, "Action
sociale") par le retrait de son chef historique, le vieux et brillant prince
Kukrit Pramot.
Ces deux remaniements ont été l'occasion pour le Premier ministre
Prem Tinasulanond, au pouvoir depuis mars 1980, de conforter son assise au
Parlement et d'accroître encore son quota de ministres "non partisans"
(technocrates ou amis d'enfance, en tout cas royalistes intègres).
La stabilité foncière de son régime et la montée des non-partisans n'a pas fait
l'affaire d'une classe politique avide de faveurs et de "fromages".
Les
dissensions internes ont déchiré tour à tour tous les partis, de gouvernement
comme d'opposition.
Plus cohérent que les autres, le Parti démocrate s'est
adjugé toutes les élections partielles de l'année, a reconquis sa base de
Bangkok, mais il a laissé échapper le poste de gouverneur au profit d'un
candidat pauvre, bouddhiste ascète, voire ultra, et ancien secrétaire du Premier
ministre, le colonel Jamlong Srimeuang.
Les démocrates semblaient devoir être
les principaux bénéficiaires des élections législatives anticipées, fixées au 27
juillet 1986 après que le Premier ministre eut dissous le Parlement le 2 mai,
suite à une crise politique.
A mesure que cette échéance se rapprochait,
querelles internes, rivalités partisanes et reclassements individuels et
claniques s'accéléraient, dans un climat général de morosité croissante.
Stagnation économique
"La pire année de stagnation économique depuis vingt ans": c'est ainsi que le
président de la Bangkok Bank, Chatri Soponpanit, a qualifié l'année 1985,
reflétant le point de vue de la plupart des milieux d'affaires locaux qui ont
pâti des mesures d'assainissement financier et de la politique d'austérité
maintenus par le gouvernement.
Si le taux de croissance global du PNB est resté positif (4% en 1985), il est
tendanciellement à la baisse, freiné par la piètre performance des secteurs
agricoles (20% du PNB, 3,3% d'expansion) et minier, l'un et l'autre frappés par
la dépression des cours mondiaux.
Le cas du riz, aliment de base et principale
exportation,....
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