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Thaïlande (1986-1987): Une démocratie contestée La fin de l'année 1986 et le début de 1987 auraient été plutôt ternes sans...

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« Thaïlande (1986-1987): Une démocratie contestée La fin de l'année 1986 et le début de 1987 auraient été plutôt ternes sans la fracassante irruption sur la scène politique du général Chaovalit Yongchaiyut, promu commandant en chef de l'armée de terre en mai 1986, et qui a provoqué des débats houleux et très révélateurs autour du concept de démocratie dans un pays où la préoccupation majeure reste la crainte de la récession. La campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 27 juillet 1986 a été marquée par les habituelles querelles internes au sein des partis et les achats massifs de votes, mais aussi par le soutien de la population au système parlementaire, démontré par une participation de 61,5% en province, contre 40% seulement à Bangkok ; ce taux élevé d'abstention dans la capitale s'explique par le désir des Bangkokiens d'une véritable libéralisation, et leur rejet des partis jugés tous trop conservateurs.

Le Parti démocrate (PD) a emporté le plus de sièges avec 100 élus (sur 347), suivi par le Parti de la nation thaïe (PNT, 63 sièges) et le Parti de l'action sociale (PAS, 51 sièges). Le leader du Parti démocrate, Pichai Rattakul, en butte à la méfiance des militaires et à l'hostilité de ses rivaux qui se battaient pour obtenir les meilleurs ministères, n'a pu être choisi comme Premier ministre.

Force a été de faire appel encore une fois au général Prem Tinasulanond qui a constitué son cinquième gouvernement le 11 août, en formant une coalition des trois grands partis et du nouveau Parti des citoyens, regroupant des militaires en retraite. Le général Chaovalit à l'avant-scène Dès octobre 1986, après les promotions annuelles de septembre qui lui avaient permis de bien placer les officiers favorables à ses idées, le général Chaovalit est intervenu en s'attaquant aux problèmes de sécurité: avertissements au Parti communiste de Thaïlande (PCT) qu'il soupçonnait de préparer une guérilla urbaine et politique grâce à ses éléments infiltrés dans les syndicats, rappels à l'ordre aux universités et aux partis ; mais le nombre des guérilleros du PCT se limitant à 570, ceux du PC du Siam à 400, et leurs actions, très sporadiques, se situant dans les provinces les plus éloignées, ces menaces n'ont engendré que scepticisme.

Chaovalit s'est alors retiré sous sa tente d'où il est ressorti en février 1987 pour enfourcher un meilleur cheval de bataille: la seule manière de lutter contre le communisme, a-t-il proclamé, est l'instauration d'une véritable démocratie, mais celle-ci est compromise par les partis qui ne sont que des groupuscules d'hommes d'affaire plus soucieux de leurs intérêts que de ceux du peuple.

Les nouveaux leaders doivent donc émaner des classes moyennes et se mettre au service des paysans et ouvriers ; pour ce faire, le chef de l'armée est prêt à effectuer une "révolution" s'il a l'accord du peuple.

Cette fois, Chaovalit a été largement suivi, en particulier par les syndicats, mais il a provoqué une grave querelle avec les traditionalistes.

Le prince Kukrit Pramot, fondateur et ex-président du PAS, a accusé Chaovalit d'avoir subi un lavage de cerveau par les communistes ; il a déclaré qu'il n'accepterait jamais que la Thaïlande soit dirigée par un "présidium", et qu'il faudrait encore cinquante ans pour que la Thaïlande parvienne à une véritable démocratie.

Kukrit, par la même occasion, s'en est pris à Prem en l'accusant de monopoliser le pouvoir, mais ce dernier a gardé son mutisme habituel. Dans le même temps, des rumeurs ont circulé sur un coup d'État organisé par les éléments minoritaires mais très actifs de l'extrême droite des forces armées et visant spécialement Chaovalit.

Celui-ci a alors modifié son jeu, repoussant à plus tard ses projets et il a reformé équipe avec Prem, dont il avait été l'aide de camp en 1979.

En avril 1987, les officiers supérieurs et subalternes de l'armée de terre ont manifesté massivement en faveur de Prem et Chaovalit, unis face aux nostalgiques d'un passé totalement révolu.

L'alerte a été très chaude et la démocratie est désormais menacée à la fois par l'extrême droite néo-fasciste et par les classes privilégiées refusant de voir leur statut remis en question et faisant tout pour maintenir un système paternaliste et anachronique. Dans le domaine de la politique étrangère, l'évolution la plus notable a été le rapprochement avec la Chine, symbolisé par la visite à Bangkok, en janvier 1987, du général Yang Dezhi, chef d'état-major des forces armées chinoises, au cours de laquelle a été annoncée la livraison par la.... »

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