Thaïlande (1988-1989): Libéralisation et confusion L'accession au poste de Premier ministre du général Chatchaï Choonhawan a amené une libéralisation mais...
Extrait du document
«
Thaïlande (1988-1989): Libéralisation et confusion
L'accession au poste de Premier ministre du général Chatchaï Choonhawan a amené
une libéralisation mais aussi une certaine confusion dans la politique
extérieure alors que, de manière permanente, des rumeurs de coup d'État ont
circulé.
En outre, la querelle s'est faite de plus en plus vive entre tenants et
opposants de l'industrialisation.
La campagne électorale qui a suivi la dissolution de l'Assemblée nationale, le
29 avril 1988, a été relativement calme - on a cependant compté une dizaine
d'agents électoraux assassinés - mais marquée par un haut degré de corruption.
On estime que pour être élu, un homme politique doit "investir" entre 10 et 20
millions de bahts et que dans la seule région du Nord-Est, la plus pauvre - et
donc là où les voix s'achètent le plus facilement, entre trois et quatre
milliards de bahts ont été déversés "sur" l'électorat.
La condamnation de Veera
Musikhapong, secrétaire général du Parti du peuple, nouvellement formé et issu
d'une scission du Parti démocrate, a constitué un incident remarqué: quatre ans
de prison pour crime de lèse-majesté (22 juin 1988).
Immédiatement, de nombreux
hommes politiques, et même des militaires, lui exprimèrent leur sympathie et
Veera transforma sa cellule en quartier général de campagne.
Finalement amnistié
par décret royal le 19 juillet, il participa aux derniers jours de la campagne.
Le 24 juillet, 63,56% des 26,6 millions d'électeurs choisirent 357 députés parmi
3 606 candidats représentant 16 partis.
Aucun des partis n'obtenant la majorité,
le précédent Premier ministre, le général Prem Tinasulanond fut appelé, mais il
fut rejeté par l'opinion, lassée de son paternalisme et de son autoritarisme.
Le
4 août, le général Chatchaï fut donc désigné car sa formation, le Parti de la
nation thaïe, avait emporté 87 sièges.
Il constitua un gouvernement de coalition
avec le Parti de l'action sociale (54 sièges), le Parti démocrate (48), le Parti
des citoyens (21) et le Parti des masses (5).
D'emblée, Chatchaï acquit une très
grande popularité par son style truculent et libéral, allant jusqu'à interdire
aux fonctionnaires provinciaux de rassembler le peuple pour le saluer lors de
ses visites, moyen habituellement utilisé par les personnalités pour faire
croire à leur prestige.
Rapprochement avec la Chine
Chatchaï Choonhawan, changeant complètement de cap, déclara vouloir "transformer
le champ de bataille indochinois en champ d'échanges commerciaux".
Le 22
décembre 1988, il invita le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, à Bangkok, et
si d'abord l'armée le suivit dans cette initiative, en revanche, le ministère
des Affaires étrangères s'y opposa fortement ainsi que l'ANSEA (Association des
nations du Sud-Est asiatique), la Chine et les États-Unis.
Face à ce tollé,
lorsque Hun Sen arriva le 25 janvier, l'armée se distancia de Chatchaï qui
apparut comme seul responsable de cette venue.
Cette approche directe ayant
échoué, en mars, à Pékin, Chatchaï confirma à Deng Xiaoping qu'il abandonnait sa
politique unilatérale et qu'il s'alignerait désormais sur le front
ANSEA-Chine-États-Unis.
Le commerce s'est développé avec le Laos aussi bien
qu'avec le Cambodge et le Vietnam, le problème politique étant désormais séparé
de l'aspect économique.
La Thaïlande s'est encore rapprochée de la Chine avec la visite d'une délégation
militaire à Pékin du 22 au 26 novembre 1988, laquelle a finalisé des contrats
d'achats d'armements portant sur 4 frégates de 1 800 tonnes, 30 chars T-69 et
800 véhicules blindés pour transports de troupes qui s'ajoutent aux 50 chars et
400 véhicules blindés achetés depuis 1987.
L'armée de l'air a entamé des
négociations pour l'achat d'une escadrille de F-7M, version modifiée du Mig 23
soviétique.
Il a aussi été envisagé d'installer un dépôt d'armement sino-thaï
sur le territoire thaïlandais, sur le modèle de celui organisé avec les
États-Unis.
Ceux-ci ont commencé leurs premières livraisons de munitions - pour
une valeur de 10 millions de dollars - ce même mois de novembre.
Toujours durant
cette période, la Thaïlande a acheté aux États-Unis 20 canons de 155 mm dotés
d'un guidage de tir électronique.
Cependant, les États-Unis ont réduit leur aide
militaire de 42,9%....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓