Thaïlande (1990-1991): Interrogations sur la nature du futur régime L'année restera marquée par le coup d'État militaire du 23 février...
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Thaïlande (1990-1991): Interrogations sur la nature du futur régime
L'année restera marquée par le coup d'État militaire du 23 février 1991 qui a
chassé du pouvoir le gouvernement du général Chatchaï Choonahawan, accusé
d'avoir engendré la perversion sociale par la corruption.
Dès mai 1990, le conflit entre les militaires et le gouvernement était entré
dans une phase de tension aiguë.
Harcelé par les jeunes conseillers de Chatchaï
issus des universités qui prétendaient le "dresser et le mettre en cage", et par
le sergent Chalerm Yoobamroung, président du Parti des masses et ministre
attaché au Bureau du Premier ministre, le général Chaovalit Yonchaïyut vice-Premier ministre et ministre de la Défense - a donné sa démission le 11
juin 1990.
Les forces armées ont condamné le gouvernement par solidarité avec
cet ancien commandant en chef de l'armée de terre - poste dont il avait déjà dû
démissionner le 27 mars précédent.
Les échanges d'insultes n'ont dès lors plus
cessé.
Pour contourner les difficultés qu'il connaissait, le général Chatchaï a
effectué un remaniement ministériel, le 26 août, en nommant trois technocrates
en remplacement de trois hommes politiques trop marqués par les prévarications.
Le 25 septembre 1990, un contrat de 6 milliards de dollars était passé avec
British Telecom pour l'installation d'un réseau téléphonique dans tout le pays
alors qu'un contrat de 2 milliards de dollars avait déjà été signé le mois
précédent pour la construction d'un métro aérien à Bangkok.
L'opinion publique a
dénoncé ces coûteux contrats destinés à obtenir de très grosses commissions.
Autre signe de la décomposition politique, Chalerm, président de l'Organisation
des radios et télévisions de Thaïlande, a profité de son poste pour attaquer
quotidiennement les militaires et a affirmé détenir des secrets sur le
commandant suprême des forces armées, le général Sunthorn Konsompong, et sur le
commandant en chef de l'armée de terre, le général Suchinda Kraprayoun, ce que
ces derniers ont interprété comme un chantage.
La chute du général Chatchaï
La pression sur le gouvernement s'est faite plus forte lorsque, le 7 novembre
1990, des officiers ont exigé de Chatchaï, alors en voyage au Japon, son départ
du pouvoir, exigence que Chatchaï déclara accepter.
Le 12, le général Suchinda a
fait encercler le siège du gouvernement par l'armée, invoquant une possibilité
de manifestations organisées par Chalerm.
Rentré du Japon, le général Chatchaï
rendit aussitôt visite au roi dans son palais de Sakhon Nakhon (région
Nord-Est).
Revenu à Bangkok, il annonça un nouveau remaniement dans lequel
Chalerm était promu vice-ministre de l'Éducation.
Mais Chatchaï, accusé de
vendre les postes ministériels aux plus offrants, perdit tout appui populaire.
Quant à Chalerm, des rumeurs le créditèrent de proxénétisme.
Le coup d'État du 23 février 1991 a été mené par les généraux Sunthorn et
Suchinda, appuyés par le commandant en chef de l'armée de l'air, le général
Kaset Rojananil.
L'interdiction des partis et l'abolition de la Constitution ont
été immédiatement proclamés.
Mais, alors que la population commençait de
s'insurger, le général Suchinda, dès le 24 février, devait promettre un régime
"encore plus démocratique" et des élections, pour faire mieux accepter le
putsch.
Les étudiants ne bougèrent pas.
Le 26, la junte prenait le nom officiel
de Conseil national pour le maintien de la paix (CNMP) et annonçait que la loi
martiale ne serait levée qu'après la dissolution des syndicats des entreprises
publiques, ces syndicats étant accusés d'être au service de groupes de pression
politiques, et d'abord des traditionalistes, et de ne servir qu'à maintenir de
très hauts salaires.
Des privatisations ont été annoncées pour la compagnie
aérienne Thaï International, l'électricité et le téléphone.
Le 6 mars 1991, un
gouvernement civil était nommé et le 9, Chatchaï partait en exil à Londres.
Le
15 avril, le syndicat des entreprises publiques était interdit mais la loi
martiale sera levée le 2 mai.
Alors que les élections étaient prévues au plus tard pour avril 1992, il restait
à savoir quelle forme prendrait la nouvelle démocratie promise.
Un courant de
militaires a proposé que le Premier ministre soit élu au suffrage universel
direct et qu'il choisisse lui-même ses ministres.
Dans ce cas, l'Assemblée....
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