Thaïlande (2003-2004): Un redressement encore fragile Depuis qu’il a pris la suite, en 2001, d’un Premier ministre réputé honnête mais...
Extrait du document
«
Thaïlande (2003-2004): Un redressement encore fragile
Depuis qu’il a pris la suite, en 2001, d’un Premier ministre réputé honnête mais
terne (Chuan Leekpai), Thaksin Shinawatra a adopté un style flamboyant et
résolument populiste.
Pour 2004, il avait promis «une année en or pour tous les
Thaïlandais» et, d’ici 2009, l’élimination de la pauvreté dans le pays.
Son
émission du samedi matin à la radio est très suivie.
Elle traduit aussi une
réelle méfiance vis-à-vis de la presse écrite, que les hommes au pouvoir
rachètent, pénalisent par le boycottage publicitaire ou traînent devant les
tribunaux pour diffamation.
Le projet – abandonné – d’acheter 30 % du club de
football de Liverpool a constitué l’un des grands débats du début de l’année
2004.
Pourtant, une enquête (rendue publique par le Conseil économique et social
le 27 juin 2004) indiquait que 91 % des Thaïlandais jugent la classe politique
corrompue.
L’opposition – essentiellement le Parti démocrate – est restée faible
et les petits partis tendaient à rejoindre le parti dominant (Thai Rak Thai).
Le
débat de confiance du printemps 2004, lors duquel 8 ministres ont fait l’objet
d’attaques, a été l’occasion d’accuser Thaksin lui-même de népotisme et
d’adopter des mesures économiques avantageant d’abord ses propres entreprises.
Une grave crise a touché les trois provinces les plus méridionales du pays.
Elle
couvait depuis un an mais s’est amplifiée le 4 janvier 2004 lors d’une opération
de grande envergure dans la province de Narathiwat : des douzaines d’hommes
armés ont attaqué un camp de l’armée, 3 postes de police et 17 écoles.
La loi
martiale a aussitôt été déclarée dans de nombreux districts de cette province,
mais également dans celles de Pattani et de Yala.
Les milliers de soldats et de
policiers envoyés n’ont réussi qu’à envenimer la situation.
Depuis,
quotidiennement, des policiers, des enseignants, des fonctionnaires et des
bonzes sont assassinés.
Le 28 avril 2004, des centaines de jeunes musulmans ont
attaqué 11 postes de l’armée et de la police (107 musulmans et 5 policiers et
militaires tués).
32 musulmans ont été abattus dans la mosquée Krue-se de
Pattani, la plus sacrée du pays.
Le site Internet de l’un des mouvements
rebelles déconseillait aux touristes étrangers de se rendre dans tout le Sud,
Krabi et Phuket compris.
Après un début de gestion de la crise assez mou de la
part du gouvernement, les autorités semblaient admettre l’influence de la Jemaah
Islamiyah et d’autres mouvements islamistes internationaux.
Consolidation du parti dominant en vue des législatives
L’élection du gouverneur de Bangkok, le 28 août 2004, aurait pu être un test
pour le parti de Thaksin, mais sa popularité étant moindre dans la capitale, il
soutiendra indirectement une candidate indépendante, très appréciée, Paveena
Hongsakul.
Mais la victoire du candidat du Parti démocrate, dont Bangkok est
traditionnellement un bastion, ne pouvait être exclue.
Pour les législatives de
janvier 2005, l’objectif du parti Thai Rak Thai est d’obtenir 401 députés
(contre 370 actuellement), afin que l’opposition, avec moins de cent députés, ne
puisse demander un débat de confiance.
Le parti de Thaksin comptait surtout
intégrer les derniers «petits» partis.
Le début de l’année 2004 a été marqué par
des rumeurs de fusion du parti Chart Pattana, qui compte 30 députés, avec le
Thai Rak Thai.
Quant au Chart Thai de l’ancien Premier ministre Banharn Silpa
Archa, il pourrait rapidement perdre 20 de ses députés désireux de rejoindre le
parti dominant.
Les rapports de Thaksin avec le Palais royal étaient médiocres.
Fin 2003
notamment, pour la première fois, le roi Rama IX a refusé de signer un décret
proposé par le gouvernement.
Mais Thaksin ne pouvait se permettre un conflit
ouvert avec la première institution du pays.
La politique économique de Thaksin, baptisée «thaksinomics» dans la presse, est
fondée sur l’encouragement de la consommation intérieure plutôt que sur les
exportations, puisque la Chine, surtout, est un concurrent irrésistible.
Les
moteurs de la croissance sont des taux d’intérêt bas, des augmentations de
salaire et une politique de grands projets et d’injection multiforme d’argent
public (30 milliards d’euros en 5 ans : 18 milliards pour le réseau ferré, 8
pour les routes, 2 pour le projet de ville nouvelle à Nakhon Nayok...).
Il a été
établi que 6 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires par an
pouvaient conduire à une augmentation de 4,5 points de la croissance.
Jusque-là
cela a fonctionné puisque la Bourse a enregistré une hausse de 87 % en 2003,
tandis que la croissance s’élevait à 6,7 %, meilleure performance du pays depuis
huit ans.
La population, elle, s’endettait dangereusement et bien peu des....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓