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Thaïlande (2005-2006): Année de confusion et de polarisation Au début de l’année 2006, le gouvernement de Thaksin Shinawatra a affronté...

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« Thaïlande (2005-2006): Année de confusion et de polarisation Au début de l’année 2006, le gouvernement de Thaksin Shinawatra a affronté une opération de déstabilisation bien orchestrée.

Tout est parti de la suppression, en septembre 2005, d’une émission télévisée animée par Sondhi Limthongkul. Celui-ci a donc décidé de tenir un meeting hebdomadaire dans le jardin Lumphini à Bangkok.

Des activistes, dont Chamlong Srimuang, ex-gouverneur de la cité et dirigeant d’une secte bouddhiste rigoriste, l’ont rejoint pour former les « Alliés pour la démocratie ».

Thaksin a commis alors l’erreur de vendre sa société familiale à une entreprise de Singapour pour 1,5 milliard d’euros sans taxation.

Bien que tout cela soit légal, la presse a dénoncé le manque de nationalisme de Thaksin. Après la dissolution de l’Assemblée nationale en février 2006, les partis d’opposition ont boycotté des élections qu’ils ne pouvaient remporter, prétextant qu’une campagne de 38 jours était insuffisante.

À Bangkok, les manifestations se sont multipliées pour demander au roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) d’utiliser le vague article 7 de la Constitution afin de nommer un nouveau gouvernement.

Les élections du 2 avril 2006 ont donné un résultat favorable au parti de Thaksin, le Thai Rak Thai, avec 16 millions de voix contre 10 millions ayant coché la case « refus de choisir ».

Cependant, au soir du 4 avril, après une entrevue avec le roi, Thaksin a déclaré préférer ne pas redevenir Premier ministre et a nommé à sa place son premier vice-premier ministre.

Fin avril 2006, le roi a expliqué aux membres des trois Cours suprêmes qu’une élection à un seul parti n’était pas démocratique.

Le 8 mai, ces trois institutions ont invalidé les élections et annoncé la tenue de nouvelles pour octobre 2006.

Le 22 mai, après un nouvel entretien avec le monarque, Thaksin est revenu aux affaires.

À court terme, l’important était de pouvoir dignement organiser les cérémonies marquant, au mois de juin, le 60e anniversaire du règne d’un roi qui, renonçant à la neutralité, est sorti renforcé de la crise. Quant aux élections sénatoriales, elles se sont tenues, comme prévu, le 19 avril 2006.

Les espoirs placés dans un Sénat nouvelle formule – c’est-à-dire composé de membres de la société civile – institué par la Constitution de 1997 ont été largement déçus.

En effet, les sénateurs élus étaient d’ex-hommes politiques ou, pour plus de la moitié, parents de politiciens en activité : le Sénat sorti des urnes a été surnommé l'« Assemblée de la parenté ». Une société davantage polarisée Cette crise politique a rendu manifeste l’opposition entre les classes moyennes urbaines, instruites, d’origine chinoise, et la population rurale thaïe, pauvre, peu éduquée.

« Les ruraux élisent les gouvernements ; les Bangkokiens les renversent » a pu dire la presse.

Mais les Bangkokiens ne comptaient que pour 11 % de la population du pays contre 34 % pour les habitants du seul Nord-Est.

De plus, les masses pauvres tenaient les projets de Thaksin (aides au logement, bourses d’études en Europe…) pour une amorce de promotion sociale.

« On ne mange jamais gratis » ont répliqué les leaders du Prachathipat pour dénoncer la politique populiste du « Santa Claus » (père Noël) Thaksin.

Toutefois, le Premier ministre a rendu une partie de leur dignité aux plus pauvres et il sera sans doute bien difficile de revenir au statu quo ante. Sur le plan économique, au 1er janvier 2006, le salaire minimum quotidien à Bangkok est passé de 3,77 à 3,83 euros, les syndicats en demandant 4,85.

Le pays a compté environ 3 millions de travailleurs birmans, laotiens ou cambodgiens en situation régulière ou non.

Pas moins de 600 000 ouvriers embauchés à la journée dans les zones industrielles ont échappé aux lois du travail.

Le système de soin à 0,6 euro par visite a couvert 77,5 % de la population, soit les plus pauvres. En 2006, il devrait couvrir les opérations les plus délicates ainsi que le traitement du VIH-sida.

Après une année 2005 bien meilleure que la précédente sur le front de la grippe aviaire, avec seulement deux décès dus au virus H5N1, le pays n’a connu aucun cas au premier trimestre 2006.

Toutefois, la situation préoccupante dans des pays proches a souligné la fragilité de cette décrue.

Un an après le tsunami (décembre 2004), la côte sud-ouest n’avait pas renoué avec la prospérité.

Un millier de corps restaient à identifier, parmi lesquels environ 300 travailleurs birmans.

Par ailleurs, il restait encore à reconstruire les 20 000 bateaux endommagés, tandis que le secteur touristique se rétablissait lentement. Globalement, l’économie s’est plutôt bien portée.

Le baht a atteint son plus haut niveau depuis 6 ans, et les exportations au mois de mars 2006 leur record depuis 5 ans.

En mars 2006, le Tribunal administratif a donné un coup d’arrêt à la politique de privatisation en s’opposant à celle de la société productrice d’électricité.

Le gouvernement y comptait pourtant pour financer les mégaprojets devant assurer la croissance économique.... »

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