Thermoluminescence Nous sommes quelquefois étonnés par la précision avec laquelle /es archéologues contemporains sont capables, par exemple, d'indiquer l'époque de...
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«
Thermoluminescence
Nous sommes quelquefois étonnés par la précision
avec laquelle /es archéologues contemporains sont
capables, par exemple, d'indiquer l'époque de fabri
cation d'un objet très ancien.
Le mécénat (ou spon
soring!) récent de grandes entreprises (E.D.F.
P?r
· exemple) a, en utilisant des techniques destinées à
d'autres usages (pour tester le béton des barrages ou
des protections des centrales), permis de sonder
(sans effraction) la masse de la pyramide de Chéops.
L'informatique est venue au secours des égypto
logues pour reconstituer l'aspect ancien du grand
ensemble de Karnak...
Les progrès considérables de l'archéologie ont été
favorisés par l'emprunt de procédés résultant de
l'application de connaissances récentes des scienti
fiques.
La thermoluminescence est l'une des proprié
tés utilisées.
Ce que de nombreux auteurs continuent à baptiser sciences
exactes (ou quelquefois sciences dures), valent par la connais
sance qu'elles nous apportent sur les propriétés d!,l monde et
des organismes vivants qui peuplent la Terre.
Leur intérêt
réside aussi dans les technologies qu'elles inspirent.
Mais il ne
faudrait pas oublier que certains apports théoriques, et de mul
tiples technologies dérivées, ont beaucoup contribué, depuis
quelques décennies, aux progrès d'autres secteurs de la
connaissance, notamment en sciences humaines et sociales.
Les sciences «dures», en elles-mêmes et pour eiles-mêmes,
deviennent alors des outils dans d'autres secteurs.
Les méthodes des sciences expérimentales (certains de leurs
aspects, du moins) ont, pour partie, inspiré la démarche des
études dans des champs quelquefois très lointains.
Et les pro
priétés explorées (par la physique, la chimie, la biologie, la
géologie ...
) ont contribué aux découvertes, à l'amélioration des
analyses, là où, même au siècle dernier, les érudits n'auraient
pas pensé les voir surgir.
L'archéologie est une discipline qui a grandement bénéficié de
l'évolution des sciences.
Le scientifique fondamentaliste n'en
devient pas pour autant un archéologue (sauf double formation).
Ce dernier ne se transforme pas pour autant en physicien.
Mais une collaboration s'instaure, au plus grand bénéfice des
uns et des autres, comme d'ailleurs de la spécialité concernée.
Nous aborderons ici quelques-unes de ces techniques, qu'elles
s'appliquent aux méthodes de détection, aux datations ...
La
thermoluminescence est l'une d'entre elles, mais non la
seule.
Toujours est-il qu'il s'agit d'un domaine où les avancées
(les progrès, si l'on veut ; à ce propos, on peut utiliser ce terme
sans réticences) des sciences ont eu - et continueront sans
.:doute à avoir - une influence très positive.
Des dieux, des tombeaux, des savants
Dans un livre dont le titre est celui de ce paragraphe (et le
sous-titre Le Roman vrai de l'archéologie), C.
W.
Ceram racontait en 1949 ce que fut l'archéologie à l'origine et faisait le récit
des découvertes les plus spectaculaires.
L'ouvrage est une histoire de la science archéologique, écrite pour un large public.
Il
n'entre pas dans le détail des techniques, mais expose ces aventures que furent les premières recherches et explorations systématiques des vestiges du passé.
Après les quêtes sporadiques,
les pillages fréquents, le commerce des antiquaires, Ceram
situe à Winckelmann (qui travailla au XVIII• siècle sur les
ruines d'Herculanum et de Pompéi) les débuts d'une archéologie digne de ce nom.
Viennent plus tard les fouilles de
Mycènes, Troie, la Crète...
Conséquence heureuse (cela
arrive!) d'une expédition militaire, l'égyptologie se développe
à partir des explorations et examens du groupe de savants français qui avaient accompagné Bonaparte ...
L'auteur insiste sur
quelques épisodes célèbres : Champollion et le décryptage de
l'écriture sacrée égyptienne; la découverte du tombeau de Toutankhamon par Carter ...
Une fois l'amateurisme pur dépassé (même s'il garde encore
quelquefois un rôle actif), l'archéologue (l'équipe archéologique, plutôt) a recours à l'interdisciplinarité: paléographie;
épigraphie; toponymie; cryptographie; ethnologie; architec-
ture; histoire de l'art ...
L'évolution relativement récente de la
linguistique (utilisant fréquemment l'outil informatique) a
éclairci quelques énigmes ...
Si l'étude des roches, des minéraux (la minéralogie) relève
d'une pratique empirique très ancienne, sa systématisation
n'est formalisée qu'à partir du XVIIe siècle.
Les historiens
datent généralement la naissance de la géologie (voir art.
7) en
tant que science à l'œuvre de !'Écossais Charles Lyell (17971875).
L'un des chapitres de cette discipline, la stratigraphie
(qui analyse la superposition de couches sédimentaires) a été
utilisée assez tôt par les préhistoriens et les archéologues.
G.Owen s'inspire de considérations voisines au XVIe siècle,
davantage encore Robert Hooke et Nicolas Sténon au xvne,s;
puis Buffon au XVIIl 0 • Cela concerne principalement les fossiles, donc des restes provenant de périodes qui ont très largement précédé l'histoire et même souvent la préhistoire.
Ce sont
l'histoire de la Terre et celle de la vie (voir art.
25) qui ·sont
intéressées, davantage que celle des hommes et des sociétés.
Toutefois la présence d'objets, de squelettes, de traces de
plantes, dans une même couche de terrain peut parfois donner
des indications précieuses (avec, semble-t-il, des risques
d'erreur non négligeables).
Les couches sédimentaires
Au fil des siècles (voire plutôt des millénaires), des matériaux divers se sont déposés en différents endroits des
reliefs.
C'est le cas, par exemple, de sables et de roches, de
restes organiques, amenés par les cours d'eau dans des
estuaires et des cuvettes, de ceux qui se sont entassés
dans des fonds marins, etc.
En fonction des transformations
de la Terre, des secousses sismiques, etc., certaines de ces
couches ont pu pendant un certain temps se trouver à l'air
libre, puis recevoir de nouveaux dépôts.
Il existe ainsi des terrains - dits sédimentaires - formés de
strates successives, de composition quelquefois différente,
qui ont pu se transformer sous l'action de la pression des
couches situées au-dessus d'elles, d'agents physico-chimiques, ou de la température.
Mais c'est principalement depuis quelques décennies que les
ressources des sciences et des technologies modernes ont servi
l'archéologie, tant pour le repérage des sites que pour la datation et l'analyse des vestiges, développant ainsi une spécialité
nouvelle: la physique appliquée à l'archéologie, parfois amalgamée à d'autres disciplines sous le vocable peu déterminant
d' archéométrie.
Les méthodes physiques de prospection
Le repérage des sites et la reconstitution de l'espace archéologique sont souvent facilités par la photographie aérienne.
Vus d'avion, photographiés en utilisant des films à émulsion
très sensible, des ruines recouvertes par la végétation ou par
une couche de terre, des fossés, des tracés de champs, ou de villages, etc., apparaissent sur la pellicule.
On peut ainsi procéder
à une première approche, et à une première perception des
arrangements anciens, avant de se livrer à une étude systématique.
Une fois délimités les périmètres à explorer (que cela soit par
le procédé précédent ou par des méthodes plus traditionnelles
- à partir des noms de lieux, par exemple), plusieurs méthodes
physiques, développées par ailleurs en géophysique (voir art.
7),
peuvent être utilisées.
La géophysique
La géophysique est l'étude des propriétés de la« Planète-Terre»
(y compris ses enveloppes gazeuse, liquide et glacée), à l'aide
des théories, des instruments, des techniques, etc., empruntés
à la Physique (voir art.
7).
Elle inclut donc la physique de
l'atmosphère, comme celle de l'océan et des glaces.
L'une des plus connues est la prospection magnétique.
La
Terre, comme on le sait, se comporte comme un énorme aimant
(d'où l'orientation des boussoles).
En chaque point de la planète existe donc un champ magnétique (voir art.
17).
D'un
endroit à un autre, la direction et l'intensité de ce champ
En
varient.
déplaçant progressivement, sur une surface terrestre
quelconque, une minuscule boussole très sensible, celle-ci
s'oriente en chaque point selon la tangente à une courbe (le
méridien magnétique).
Une anomalie du sous-sol modifie localement le champ magnétique terrestre.
La cartographie des anomalies repérées peut donner accès à l'implantation d'un habitat,
ou d'une structure d'habitat, enfouis.
L'appareil utilisé pour ce
type de prospection est le magnétomètre-.
La tangente à une courbe
C'est une droite qui touche en un point la ligne courbe
considérée.
On peut aussi avoir des courbes tangentes.
L'utilisation des propriétés électriques des sols est également
pratiquée.
Un sol conduit plus ou moins bien l'électricité (ce
qui se traduit, en physique, en disant que sa conductivité est
plus ou moins grande ou, à l'inverse, que sa résistivité est plus
ou moins faible).
Cela dépend de sa composition, de sa teneur
en eau...
Les mesures sont effectuées en plantant des électrodes dans le sol, en le quadrillant régulièrement.
On peut ainsi
tracer-des courbes d'isoconductivité (en reliant entre eux, de
proche en proche, les points où la conductivité est la même;
tout comme, en météorologie, on trace des courbes isobares
- d'égale pression).
Comme dans le paragraphe précèdent sur
le magnétisme, la présence de vestiges divers perturbe ces
courbes.
Les méthodes de datation
Le célèbre radiocarbone (ou carbone 14)
Le noyau d'une substance naturellement radioactive (ou qui
devient radioactive sous le choc de certaines particules) se
désintègre en émettant un (ou plusieurs) noyau(x) différent{s)
du noyau originel, des particules (variables selon les cas) et des
rayonnements énergétiques (voir art.
l, 2 et 16).
Au bout d'une_
période (caractéristique de l'élément radioactif initial - encore
appelé radioélément), il ne demeure que la moitié des noyaux
radioactifs initiaux, au bout de deux périodes que le quart, etc.
Cette loi (dite de la décroissance radioactive) a été formulée
en 1902 par Ernest Rutherford et Fredeiick Soddy.
En 1907,
B.
Boltwood a essayé d'utiliser cette propriété en géologie
pour détermin~r l'âge de certains minéraux.
Dans la haute atmosphère, des noyaux d'azote 14, heurtés
par les rayons cosmiques, se transforment en noyaux de carbone 14 (voir art.
2 et 16).
Il s'agit là d'un élément instable, la
forme stable de cet atome étant le carbone 12.
Avant les explosions nucléaires provoquées par l'homme, la proportion de
noyaux de carbone 14 par rapport aux noyaux de carbone 12
dans l'atmosphère était environ de li!) pour mille milliards
d'atomes.
Les noyaux évoqués sont entraînés sur la Terre (par les mouvements atmosphériques ...
) et assimilés - dans la mê!lle proportion que celle de leur présence dans l'atmosphère -par les
matières organiques vivantes (hommes, animaux, plantes ...
).
Quand l'organisme meurt, cette assimilation cesse.
Étant
instable, le carbone 14 se désintègre pour redonner de l'azote
14.
La période de cette transformation est de 5 730 (± 40) ans.
En mesurant la proportion de carbone 14 subsistant dans un
matériau d'origine organique, on peut donc déterminer le temps
qui s'est écoulé depuis sa «mort».
La méthode a été mise au point vers 1950, principalement
par W.-F.
Libby auquel elle a valu le Prix Nobel en 1960.
Elle
permet des datations de 2 000 à 40 000 ans d'âge environ, avec
une précision comprise entre ±5 et ± 10 %.
Elle n'est évidemment pas applicable à toutes les datations.
Par ailleurs il est
possible que, dans certains cas, des,événements fortuits aient
pu modifier les proportions étudiées et perturbent donc la
mesure ..
La détermination par le carbone 14 a, compte tenu de
ces limites, apporté quantité de résultats et demeure l'une des
méthodes les plus fiables de l'archéologie contemporaine.
la précision des mesures en sciences
L'évaluation de l'incertitude sur un résultat est d'une importance capitale en sciences expérimentales (et dans bien
d'autres domaines, d'ailleurs).
Elle est quelquefois relativement vague.
Dire que, sur l'âge d'un objet évalué à 10 000
ans, la précision est de l'ordre de ± 5 % à ± 10 % signifie
que nous pouvons nous tromper (dans un sens ou dans
l'autre) de 500 à 1 000 ans.
L'âge réel peut donc être, selon
les cas, de 11 000 ans, 10 500 ans, 10 000 ans, 9 500 ans
ou 9 000 ans (ou tout autre nombre compris entre 11 000 et
9 000 ans).
Plus l'objet est ancien, plus la marge d'incertitude est importante.
Un «recoupement» par une autre
méthode (par exemple, si l'âge est suffisamment grand, par
la présence de l'objet dans une couche géologique bien
déterminée) peut aider à diminuer la marge d'incertitude.
L'indétermination vient de différents facteurs.: limites des
instruments eux-mêmes ou de la méthode, existence
connue d'éléments perturbateurs, influence possible de
l'expérimentateur sur le résultat, etc.
Il est certain qu'il n'est
pas souhaitable d'utiliser des appareils d'une très grande
précision si l'on sait que, par ailleurs, l'on....
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