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tion pour le vague, l'impossible (qu'on pouvait soupçonner dans la description de la ronde et dans la relation du couron­...

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« tion pour le vague, l'impossible (qu'on pouvait soupçonner dans la description de la ronde et dans la relation du couron­ nement) - dont les conséquences n'étaient peut-être pas encore mesurées à l'époque - qui l'emporte. Peut-on vraiment parler d'une enfance enchantée au ton de ces chapitres ...

On y voit se dessiner, en tout cas, une per­ sonnalité qui aura tendance à quitter la proie pour l'ombre. L'esprit du dormeur éveillé (du narrateur!) a su recréer les séductions d'un mirage.

Il en avait été de même face à l'actrice, même si c'était alors, chez le héros totalement éveillé, un aban­ don plus lucide aux illusions de la scène théâtrale ...

Les trois principales figures de femmes de la nouvelle sont, maintenant, nettement présentées: l'actrice, la paysanne, la religieuse. CHAPITRE Ill : RÉSOLUTION Ressouvenirs Le héros explique sa fascination pour l'actrice comme une résurgence de son amour de jadis pour Adrienne.

Mais il perçoit aussi le risque d'une telle réminiscence: sombrer dans la folie, perdre pied dans un univers irréel.

Aussi entre­ prend-il d'aborder un terrain plus stable.

li retournera vers l'humble Sylvie, qui peut-être l'attend à Loisy ...

Il s'agit d'arriver avant la fin du bal de la fête de l'arc...

Contre ses habitudes, il se décide à aller consulter l'heure chez le concierge - sa pendule n'étant jamais remontée.

li voya­ gera tristement, de nuit, en voiture de poste finalement. C'est l'occasion, pour lui, de se laisser aller à recomposer encore une fois ses« souvenirs du temps» où il fréquentait ce pays du Valois. Une écriture critique L'œuvre de Nerval est, à bien des égards, une écriture de la réflexion et de la distance critiques.

Non sans clairvoyance, le héros raisonne et analyse: « Tout m'était expliqué par ce souvenir à demi rêvé.

» Dans une sorte de résumé sommaire, il revient sur les deux chapitres précédents: soir après soir, de « l'heure dÙ spectacle» à« l'heure du sommeil», « l'amour vague et sans espoir» pour l'actrice renaissait du « souvenir d'Adrienne»: « fleur de la nuit», « fantôme rose et blond glissant sur l'herbe verte» (vers blanc éthéré fait d'échos intérieurs grâce à la douceur des voyelles et des liquides) ...

On ne saurait mieux parler de ses chimères ! Ce parti pris pour l' explication rationnelle exclut tout recours à l'indécision ou à l'ambiguïté du genre fantastique. Au moment où Nerval écrit sa nouvelle, il a déjà énoncé et défini en termes esthétiques les différentes formes de la temporalité chimérique: la ressemblance, le palimpseste; tous les leurres de la cyclicité en somme.

« La ressemblance d'une figure oubliée depuis des années se dessinait [ ...

] ; c'était un crayon estompé par le temps qui se faisait peinture[ ...

].» Au royaume de l'illusion, de confusions fantasmatiques en superpositions factices (ce sont là deux moteurs impossibles à régler), de doubles en métamorphoses, le narrateur se trouve pris au piège d'un engrenage qui ne peut conduire - à la poursuite d'un archétype idéal - qu'à la folie et à la mort (cf.

«fou », «fatal », et cet autre hémistiche blanc qui accumule vertigineusement et avec fluidité les allitérations: « lefeufolletfeyant sur les joncs d'une eau morte» ...

).

Son effroi est légitime (remarquons l'abondance des points de suspension).

L'eau qui ne s'écoule plus (à la mortefontaine ?) est ici le symbole d'un temps qui ne passe plus, d'un monde illusoire. Substitutions et duplicité Nous observons de nouveau le mouvement naturel du héros qui, devant les exigences criantes du réel ( « Reprenons pied sur le réel», a-t-il dit), cherche des échappatoires.

Si le retour dans le passé lointain n'est guère envisageable (surtout quand la conscience s'en saisit sous la forme d'un mirage), pourquoi ne pas espérer en une relative permanence des êtres et des choses appartenant à un passé plus proche? Le souvenir offrirait peutêtre ainsi une prise: « Et Sylvie que j'aimais tant, pourquoi l'aije oubliée depuis trois ans?» Sylvie est pauvre ; or, le héros vient d'avoir un retour de fortune.

Pourquoi-jouant ainsi le rôle de son double mélancolique du début de la nouvelle - ne l'épouserait-il pas à défaut de l'actrice? Et l'on retrouve ici mention de l' «oncle» ; il est fait à nouveau allusion à la fortune dissipée depuis la mort de ce dernier, « depuis trois ans» toujours.

Nous avons là, avec cette insistante détermination de durée relative, une indication très précieuse car temporellement rassurante. Penser à Sylvie, ce serait vraiment revenir dans le réel.

Le souligneraient (indubitablement?) tous ces présents qui éclo­ sent:«Elle existe»,«Je revois»,«j'entends».

Car Sylvie chante, comme Adrienne ! Se rappeler les paroles de sa chanson favo­ rite, ainsi que le fait le héros, c'est tenter de rendre Sylvie réel­ lement présente.

De plus, la jeune fille - contrairement « au petit Parisien» - n'appartient-elle pas à une société archaïque et rituelle stable, où seraient ignorés les changements et les crises? C'est une villageoise; son cadre de vie rustique semble échap­ per aux.... »

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