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Tirer parti d'un corrigé ♦ SUJET: «FAUT-IL REDOUTER LA MORT?» ■ Longueur total du corrigé: 200 lignes environ, c'est-à-dire l'équivalent-bac...

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« Tirer parti d'un corrigé ♦ SUJET: «FAUT-IL REDOUTER LA MORT?» ■ Longueur total du corrigé: 200 lignes environ, c'est-à-dire l'équivalent-bac d'une copie double+ un ou deux intercalaire(s) selon la grosseur et la largeur de l'écriture.

La longueur des bonnes copies de bac varie entre 100 et ...

300 lignes.

Disons que ce corrigé correspond, quantitativement, à une dissertation possible en quatre heures. La page de droite vous donne le texte de la dissertation.

La page de gauche vous donne l'exploration de la dissertation, c'est-à-dire le suivi, étape par étape, de la progression depuis l'introduction jusqu'à la conclusion. Cette exploration-commentaire a pour but de vous montrer, non plus com­ ment faire une dissertation philosophique, mais comment une dissertation phi­ losophique est faite.

Elle vous propose donc de re-parcourir le chemin de la méthode en sens inverse : partir d'un corrigé pour remonter aux principes de son élaboration, vérifier qu'il correspond bien aux exigences de forme, d'ordre et de contenu, que nous avons posées.

Lorsqu'on vous donne un corrigé en classe, essayez de l'explorer et de le relire dans cet esprit. La dissertation, qui porte sur un sujet classique et à propos duquel il est rela­ tivement facile de mobiliser un gros matériel de références, d'arguments, d'exemples, ne prétend pas être exhaustive ni passer en revue tout ce matériel. Elle veut au contraire vous montrer que la réflexion est choix, sélection, donc élimination, le cas échéant, d'éléments qui auraient pu être utilisés mais qui, par souci d'économie démonstrative ou, plus simplement, faute de place (c'est-à­ dire pour vous faute de temps), ont été intentionnellement laissés de côté.

À la suite de la dissertation et de son exploration, nous vous indiquons certains de c�s éléments afin de vous montrer dans quelle(s) direction(s) aurait pu égale­ ment s'engager l'argumentation dµ devoir. Lisez d'abord d'une traite le corrigé (page de droite).

Relisez-le ensuite en vous reportant à son exploration (page de gauche) et, si nécessaire, aux chapitres de méthode correspondants.

Et, surtout, ne l'apprenez pas par cœur ...

Ne � le recopiez pas tel quel si l'on vous donne le sujet à traiter! � ■ ■ ■ ■ Il L'introduction L'introduction, 1.

est écrite pour quelqu'un qui n'aurait pas lu le sujet; 2.

se situe dans la «fourchette» 10-20 lignes ; 3.

amène réellement le sujet et l'énoncé à partir: • d'un fait ou d'une réflexion sur ce fait : conscience de la mort comme destin \ -+ « thanato-phobie» du genre humain. • d'une confrontation/ contradiction : horreur de la mort comme chose «affreuse», mais: courage de certains hommes d'une part, expression comme «belles morts» d'autre part; 4.formule le sujet tel qu'il est proposé; S.

donne le cadre I contexte et l'enjeu de la question: ◄•, • • • • • •• •• • •• ••............ • cadre = réflexion sur la condition humaine Ge suis un «mortel») donc sur • • • •• '· ·· •• l'existence ·• I • enjeu =;roblème éthique de la sagesse (savoir la mort comme certaine, estce une raison de désespérer/ de vivre dans la crainte et le tremblement?). .

.. .. . Introduire, c'est introduire le sujet, c'est-à-dire introduire le lecteur au sujet.

(enjeu-+ intérêt de la réflexion) El La problématique La problématique, 1.

est à peine plus longue que l'introduction; 2.

donne au lecteur le fil conducteur du devoir; ······ 3.

questionne le sujet à partir de son analyse, c'est-à-dire: """"""-·· ··· précise le sujet, donc l'objet de la question • en définissant le verbe clé «redouter» au moyen d'une distinction concep­ tuelle (peur?! crainte). • en délimitant la question, donc en éliminant le problème qui ne se pose pas ici (peur de la mort); ■ établit le programme du développement (;,1 annonce d'un plan formel: «Je montrerai d'abord...

ensuite ...

»): ■ .. ....······...

•' • en posant les problèmes à traiter, • en distinguant les niveaux de traitement des problèmes (mourir/être mort). Avantage non négligeable d'une analyse qui «cible» bien le sujet: précision des mots - clarté du propos (verbe «redouter» - adjectif «terrible»). Analyser, problématiser un sujet, c'est montrer au lecteur qu'on sait où l'on va: en lui indiquant la direction, vous lui donnez le moyen de vous suivre. ' .. r-•• ... .i~·-....•• ... ..... [Introduction] Tout ce qui vit doit mourir un jour.

Non seulement l'homme n'échappe pas à la règle, mais encore il le sait.

Comment, dès lors, ne pas s'effrayer à l'idée que chaque instant qui passe nous rapproche d'un néant certain? Il y a pourtant des hommes qui affrontent courageusement la mort: le héros, le sage, le martyr.

On dit aussi qu'il y a de « belles morts».

Faut-il donc vraiment redouter la mort? L'homme se définissant lui-même comme un «mortel», la question de l'attitude de l'homme à l'égard de la mort est celle-là même de sa condition.

Et elle pose le problème éthique de la sagesse: Comment doit-on vivre? Doit-on vivre en pensant la mort comme redou­ table et la vie comme tragique? [Problématique] ,,,••·• 1 ••• , • • • Redouter, c'est craindre fortement.

Au sens précis du mot, la crainte diffère de la peur: on a peur d'un danger présent (réel ou supposé), on craint un danger à venir (réel ou supposé).

La question n'est donc pas de savoir s'il faut ou non avoir peur de la mort quand elle se présente: la peur de la mort étant commandée par l'instinct de conservation, elle est naturelle.

En danger, a fortiori en danger de mort, l'homme, comme tout vivant, a nécessairement peur: c'est une loi. La question est de savoir s'il y a lieu de craindre, et de craindre fortement, la mort à l'avance.

Cette crainte est-elle fondée, rationnelle? La mort est-elle donc une chose si terrible? Est-ce mourir qui est redoutable? Être mort un jour, cela doit-il nous angoisser la vie durant? Mais ne pas redouter la mort, n'est-ce pas une façon de ne pas «regarder les choses en face», d'éluder le problème de la mort tel qu'il se pose concrètement à nous? El La première partie ■ La première partie, • est à peu près de la même longueur que la seconde. • Elle traite la première ligne de problèmes (la crainte de la mort est-elle fon­ dée, rationnelle?). ■ Son introduction-entrée en matière : • s'ouvre sur une citation-référence qui «maximalise» l'objet de la réflexion - acuité/poids du problème (mais pas d'état d'âme ni de «lyrisme» déplacé: la mort est un Grand Thème, d'accord, mais, pour nous, c'est un objet de réflexion («la mort», pas «La Mort»), • justifie/renforce l'attitude qui sera mise en question ensuite (crainte de la mort) -1a critique sera plus forte si la chose à critiquer est d'abord fondée, • formule les questions auxquelles les sous-parties doivent répondre; ■ Partir du « sens commun» (langage ordinaire/ expressions familières) pour voir s'il «tient debout» et pour cela: • on le questionne : une question justifiée peut être une objection suffisante (Or, pourquoi...

puisque...

?), • on cherche du côté des philosophes (confrontation du «sens commun» et de la «raison critique»); Mais le «sens commun» a aussi sa raison, sa vérité, sa cohérence : il résiste par l'expérience, les faits (et les faits sont «têtus») : • expérience d'un réel (le mort, l'autre mort), • et vérité de ce réel qui s'est inscrite dans la langue (« affres »/«affreux»/ «lutter contre la mort»/«C'est terrible»); Il faut donc analyser rationnellement cette expérience (toujours pas d'état d'âme : on fait une dissertation sur la mort - on ne pleure pas les morts, on essaie de voir les choses comme elles sont, même si « ça n'empêche pas» le malheur, la tristesse, etc.

: • donc, pas d'anecdote «vécue», de récit «personnel», • analyser distinguer («D'une part...

D'autre part»), • des références philosophiques intégrées au propos, • un exemple (enterrement de Sartre) qui a valeur d'objectivité: on aurait pu citer Éric Weil : «Je ne pleurerai pas mon propre décès»; Une référence fondamentale sur le sujet (on souligne le titre): elle résume ce qui précède : « Ainsi, comme le dit Épicure...

» ; ■ ■ ■ ■ Et on tire parti de cette référence pour : • trouver une formule qui «estampille» l'idée-force(«...

concerne...

sans les atteindre...

atteint sans les concerner...

») / ne pas abuser des formules « symé­ triques» de ce genre (danger de rhétorique) mais, aux endroits stratégiques du devoir (bilans partiels/transitions), elles sont efficaces, • et pour aller plus loin (sans sortir du sujet) : ici, irrationalité de l'idée de la mort-+ «travail de mort» de l'imagination (nouvelle sous-partie); {]" partie] • 1 ...

• . . ..

... .. La mort, dit Hegel, est «le maître absolu».

L'homme sait à l'avance qu'elle sera vainqueur du combat de la vie contre elle.

En ce sens, toute la vie est «en danger de · mort».

Si l'homme est, selon l'expression de Heidegger, «un être-pour-la-mort», la vie est un «sursis» de «condamné à mort».

S'il est naturel d'avoir peur de la mort quand elle est là, il paraît également normal de la redouter avant qu'elle ne soit là.

Or, l'homme appréhende la mort à travers l'idée qu'il s'en fait.

Cette idée est-elle juste? Redoute-t-il la mort parce qu'elle est redoutable ou parce qu'il la croit telle? Que savons-nous de la mort? Comme on dit, personne n'est jamais revenu de l'au-delà pour nous en parler: la mort est l'inconnu.

Est-ce l'inconnu que nous craignons? Mais pourquoi redouter une chose que nous ne connaissons pas? Nous ignorons si elle est bonne ou mau­ vaise.

Pourquoi redouter l'inconnu avant d'y être confronté?« Qu'y a-t-il de plus fou, demande Sénèque, que d'avoir de l'angoisse pour les événements à venir?» Or, nous ne savons pas rien de la mort.

Nous avons l'expérience de la mort des autres: l'agonie et ses affres, le cadavre, la putréfaction posthume.

La mort n'est-elle pas de fait un phénomène et un événement terribles? Le mort ne nous montre-t-il pas ce qu'est la mort? Oui, mais que montre-t-il au juste? Rien d'effrayant, dira le philosophe.

Car, d'une part, le cadavre est radicalement insensible: il ne s'éprouve pas lui-même comme mort.

La mort est une anesthésie radicale.

Et, note Kant, la proposition «Je suis mort» énonce une absurdité logique: la mort est négation du sujet qui dit «Je».

Le cadavre ne peut donc pas « vivre» sa décomposition post mortem.

D'autre part, l'agonisant vit encore: jusqu'au dernier souffle, il n'y a dans le vivant que de la vie.

L'instant même de la mort se dérobe au «vécu».

Car le vécu implique durée, vie, conscience: la vie, alors, n'en finirait pas de mourir.

J'assiste à la mort d'autrui mais lui, en un sens, n'y assiste pas.

Relatant les obsèques de Sartre, Simone de Beauvoir écrit: «Je me disais que c'était exacte­ ment l'enterrement que souhaitait Sartre et qu'il ne le saurait pas.» Ainsi, comme le dit Épicure dans la Lettre à Ménécée, «la mort n'est rien pour nous»: elle concerne les vivants sans les atteindre et atteint les morts sans les concer­ ner.

La mort est le néant qui, par définition, n'est rien: le néant est sans propriété(s). C'est donc l'imagination qui nous abuse quand nous redoutons d'avoir à« vivre la mort».

Les images de« la mort vive» (squelette armé de la faux, danse macabre) sont des fictions d'épouvante, des «fantasmes».

L'imaginaire de la mort nous effraie ou son imagerie, non la mort ellt:-même: là-dessus, stoïciens et épicuriens s'accordent. ■ Retour au réel de l'expérience, non par un coup de force mais par un contre­ ............ coup «naturel» du discours : «imaginaire»/«imagination» - non pas seule­ ment irrationalité mais irréalité («Mais ...

»: l'animal, lui, ne se fait pas des idées, ne «fait pas du cinéma» quand il «hurle à la mort»); Il y a justement une différence homme-animal - nouvelle «intervention» de la raison philosophique • d'abord sous forme de réflexion personnelle facile à développer même si l'on n'a pas une grande culture (la vie et la mort sont des phénomènes naturels «couplés»), • puis, toujours pour étayer/renforcer l'argumentation sous forme de connais­ sance, autre référence-clé sur Ie,sujet : le stoïcisme (sagesse= adéquation de l'esprit à l'ordre universel de la nature); la référence est d'abord générale; elle se précise ensuite : on garde le meilleur de l'argument pour la fin du raisonne­ ment (citation de Marc Aurèle : «S'il n'y a rien de redoutable ...

» - en effet, puisque mort= transformation) ; ■ La conclusion (bilan) de la première partie: • se fonde sur le résultat de la sous-partie qui vient d'être développée («S'il suit la raison..., l'homme ...

»), • articule ce résultat à celui de la première phase de l'argumentation (« ...

en chassant les fantasmes que la vue du mort engendre ...

»), • répond explicitement au problème directeur de la première partie : «La crainte de la mort n'est pas chez l'homme ...

» - « Nous pouvons donc ...

et, même, nous le devons.» ■ D La deuxième partie ■ La deuxième partie, • traite la deuxième ligne de problèmes : Ne pas redouter la mort, n'est-ce pas en éluder le problème? • «enchaîne» sur la première : «La philosophie et la religion veulent...

» (sagesse= ne pas craindre la mort); • reprend le problème à la racine : «Or...

la mort est peut-être en soi ...

mais elle a pour nous le sens ...

» - on s'interroge, non plus sur la nature/réalité objective de la mort mais sur le sens (vérité «intérieure» de notre rapport à la mort). ■ Son introduction obéit aux mêmes principes que celle de la première partie : • «maximaliser» le thème de réflexion : on met sur le même plan religion et ..... ....., ······· ....... ······· ,. ...... la mort, cela ne supprime pas, semble-t-il, les motifs Mais si l'imagination naturels que le vivant a de redouter sa propre destruction.

Si la mort n'est pas terrible, pourquoi un chien «hurlerait-il à la mort»? L'homme n'est justement pas l'animal.

Doué de conscience, il l'est aussi de raison. Il peut penser rationnellement le processus de la vie et de la mort.

Du point de vue de la raison, l'homme est une partie de la vie universelle et de la vie de son espèce: l'une et l'autre se renouvellent et se perpétuent par le cycle de la naissance et de la mort. Vie et mort ne sont donc pas deux entités face à face; elles s'impliquent mutuelle­ ment, dialectiquement.

La mort doit être pensée comme un phénomène naturel.

Le sage qui, selon les stoïciens, vit selon la raison universelle, ne craint ni de mourir ni d'être mort.

En effet, chaque jour, notre corps (sang, tissus) change et se renouvelle sans qu'on en ait peur:« S'il n'y a rien de redoutable pour les éléments à se transfor­ mer continuellement, écrit Marc Aurèle, pourquoi craindrait-on le changement et la dissolution totale?» S'il suit la raison, donc l'ordre des choses, l'homme ne cédera pas au comporte­ ment instinctif de l'animal; il se préparera à la mort en chassant les fantasmes que la vue du mort engendre dans son esprit.

La crainte de la mort n'est donc pas, chez l'homme, une émotion naturelle mais une passion née de l'imagination, un pathos.

Si la mort est un fait qui ne dépend pas de nous, l'idée de la mort, elle, dépend de nous. Nous pouvons donc ne pas penser la mort comme terrible et, même, nous le devons puisque la mort, en soi, ne l'est pas. La philosophie et la religion veulent délivrer l'homme de la crainte de la mort.

Foi ou raison, les remèdes proposés sont analogues: la mort ne serait pas une fin absolue mais une simple métamorphose; elle serait mort du corps, non de l'âme.

Pour Spinoza, la philosophie doit être méditation de la vie, non de la mort.

Car, si la mort est négation de la vie, la· vie, tout aussi bien, est négation de la mort, négation du négatif, bref mort à la mort.

Mais le besoin de remèdes, efficaces ou non, ne prouve­ t-il pas, en même temps que la réalité du mal, la réalité de sa cause: le fait que, pour l'homme, la certitude d'exister est également certitude de devoir cesser d'exister? philosophie (par ailleurs radicalement différentes) pour ce qui est de proposer des remèdes-+ on «fait d'une pierre deux coups»= critique «simultanée» des (bonnes) raisons de la philosophie/des arguments-croyances de la (des) religion(s), • spécifier d'abord ce qu'on va critiquer (énumération des bonnes raisons/des remèdes: «la mort ne serait pas une fin absolue mais...

elle serait»), • formuler précisément les questions («mini-problématique»), pour éviter un ◄·, .. paragraphe-introduction trop compact, on «dédouble»/ remarquer que les questions sont liées et qu'elles ne perdent pas de vue le sujet (dans une nouvelle partie, toujours prendre garde au hors-sujet de déviation); ■ La deuxième partie est conçue comme retour critique de la réflexion sur les ....

• • • · acquis de la première partie-+ chaque sous-partie va donc: • reprendre un argument de la première partie et le faire suivre immédiatement d'une objection - exemple: «II est fou, dit Sénèque, ...

Mais ...

» (ou encore: «La mort est néant, n'est rien...

Mais l'idée que...

»), • mais pas nécessairement dans l'ordre qui était celui de la première partie: la dissertation est un texte en prose-+ elle prouve, argumente, démontre mais ce n'est pas un raisonnement logico-mathématique-+ souplesse, liberté d'allure du propos sont à rechercher (ou à ne pas contrarier systématiquement); exemple: la«reconduction» du réel macabre (comme preuve que l'imaginaire de la mort n'est pas réductible à l'erreur) vient en dernier lieu dans la deuxième partie alors que l'analyse de l'expérience du «cadavre de l'autre» intervenait plutôt au début de la première partie; ■ Le principe de la réfutation veut qu'on ne «parachute» pas l'antithèse; on ne la«téléphone» pas non plus par une question formelle (du type : «Mais la mort est-elle redoutable?»), non justifiée; on produit l'antithèse, qui est alors le résultat de la discussion de la thèse, l'aboutissement logique du travail critique; Le mécanisme de la réfutation est donc le suivant : ◄· • • • • ..

• • • • ........ »

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