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_tleg�I (1770-1831)
!:ÉTAT ET !:HISTOIRE
L
a culture de l'homme l'arrache de sa particularité naturelle
pour lui permettre de se conformer à un modèle d'homme
universel: l'homme manifeste ainsi sa liberté (cf.
fiche 51) et sa supé
riorité sur l'animal.
Les mœurs sont la réalisation immédiate de cette
liberté au sein d'une conmumauté humaine: parce que l'homme qui
agit selon les mœurs agit par habitude, les mœurs fomient une seconde
nature immédiate, qu'il suit sans remise en question.
Lorsque la com
munauté prend conscience de son unité de mœurs, elle fonde l'institu
tion nationale de son unité : l'État.
L'État est le fondement concret des
mœurs, de la morale, du droit: de la liberté en général.
L'État naît de
la conscience de l'unité d'un peuple ; l'évolution de cette unité est
conservée dans l'histoire écrite.
Il n'y a d'histoire, sans doute, que là
où il y a État, c'est-à-dire conscience de l'universelle action d'un esprit
unique, qui se manifeste dans tous les produits d'une civilisation.
1.
La société et l'État
A.
La liberté des individus et la force de l'État
■ Pour certains, l'État a pour destination de veiller à la sûreté des
individus : chacun est libre d'y adhérer ou non pour son bien propre ; le
principe de l'État est l'intérêt des particuliers, but de l'union sociale.
■ Selon Rousseau, au contraire, le principe de] 'État est la volonté géné
rale.
La volonté générale est ce qui se dégage de commun dans les
volontés individuelles, une fois retranchées toutes les particularités.
La réalisation d'une telle théorie a abouti à la période révolutionnaire de
la Terreur: au nom de 1 'intérêt général, tout particularisme est supprimé
brutalement.
Au regard d'un tel État, les hommes ne doivent être que ce
qu'ils ont de commun, c'est-à-dire des citoyens, jamais des privés:
toutes leurs actions doivent être universelles.
■ En réalité, l'État reconnaît et garantit le droit des particuliers à mener
leur vie selon leurs intérêts.
En échange, la réalisation des intérêts des
particuliers, prévenant toute tentative de sédition, renforce l'État par
l'enrichissement de la nation.
Protecteur de la société civile, l'État est
son fondement ; bénéficiaire de son activité, il en est la destination.
■ Éduquée selon un modèle universel, la volonté des individus n'est
plus immédiate, mais rationalisée, et tend à une vie commune uni
verselle, dirigée non plus seulement selon l'impulsion du désir, mais
selon des principes pensés.
Cette vocation de l'individu trouve sa réa
lisation dans l'existence d'un État, concrétisation de la liberté de la
volonté rationnelle.
Que l'individu l'accepte ou non, le sache ou non, sa
volonté se réalise dans l'État.
■ Chacun choisit librement et à sa convenance le but de sa vie.
Les indi-
vidus trouvent immédiatement le droit, garanti par l'État, de vaquer à
leurs intérêts particuliers ; par la médiation de leurs activités profes
sionnelles et des corporations (groupements d'intérêts professionnels),
ils trouvent la conscience de l'universalité de leur volonté, dont la réali
sation est encore l'État.
L'É tat est le fondement et la destination de la
liberté des individus.
B.
L'organisation interne de l'État : la Constitution
11 L'État n'est pas un mécanisme, mais un organisme.
Il ne fonc
tionne pas comme plusieurs pièces agissent l'une sur l'autre, mais dans
la collaboration, en vue de la vie du tout, de membres dont les existences
dépendent les unes des autres.
■ La Constitution différencie l'État en plusieurs pouvoirs.
La distinc
tion des pouvoirs n'est pas une séparation des pouvoirs destinée à
leur équilibre mécanique par effet de contrepoids.
Indépendants les
uns des autres, les différents pouvoirs seraient impuissants ; chacun
d'eux appelle la collaboration, loin de toute idée de méfiance réciproque
et de compétition.
■ Selon la théorie classique (cf.
fiche 39), il y aurait trois pouvoirs:
législatif, exécutif, judiciaire.
Selon Hegel, le judiciaire appartient à la
sphère de la société civile.
Les trois pouvoirs sont le pouvoir législa
tif, universel et abstrait, le pouvoir gouvernemental, ou pouvoir de
délibération sur les cas concrets, et le pouvoir du prince ou chef de
l'É tat, pouvoir de décision.
■ Les trois éléments qui constituent l'État sont le législatif, l'exécutif
- qui comprend pouvoir gouvernemental et pouvoir du prince-, et les
états (différents de) 'État), correspondant aujourd'hui aux associations,
lobbies, syndicats, partis, etc.
Le peuple en effet ne forme pas un amas
de volontés diverses inorganisées qui pèsent en masse sur le pouvoir,
mais s'organise en une volonté unique, par l'intermédiaire de
regroupements en états.
Groupements d'intérêts englobant les corpo
rations, les états ont à la fois le sens du bien propre des particuliers et
celui de l'État (bien universel).
■ Des états sont issus les députés, dans la mesure où tous ne sauraient
participer aux délibérations publiques, ni avoir le sens des affaires
de l'État.
Cependant, les paiticuliers ont le droit d'exprimer leurs posi
tions à ce sujet: c'est l'opinion publique.
Le vrai et le faux s'y mêlent, mais
la liberté d'expression est moins dangereuse que sa répression.
C.
Le gouvernement et le prince
11 Le prince ne décide pas arbitrairement, mais en fonction des
lois universelles (législatif) et des délibérations du gouvernement
(gouvernemental).
S'en remettant à la connaissance étendue et appro
fondie de ce dernier, il se contente le plus souvent de signer.
■ Cependant, sa décision est essentielle parce que souveraine et
irrévocable.
Il faut que le pouvoir soit incarné par un individu.
Les
monarques ne se distinguent pas par une compétence particulière ; pourtant, des millions d'hommes leur obéissent.
C'est qu'il est de leur intérêt d'obéir à un pouvoir de décision absolu.
Le monarque est au-dessus
de toute responsabilité : ses serviteurs directs, ses conseillers sont responsables devant lui, et révocables.
2.
La raison et l'histoire
A.
L'histoire philosophique
■ L'histoire philosophique se fonde sur une....
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