... Tout l'été ils le passèrent une pioche (ou, quand ils avaient de la chance, une pelle) (ln main à...
Extrait du document
«
...
Tout l'été ils le passèrent une pioche (ou, quand ils avaient de la
chance, une pelle) (ln main à des travaux de terrassement, puis, au début
de l'automne, ils furent envoyés dans une ferme arracher les pommes de
terre et les betteraves, puis Georges essaya de s'évader, fut repris (par
hasard et non par des soldats ou des gendarmes envoyés à sa recherche
mais - c'était un dimanche matin - dans un bois où il avait dormi, par de
paisibles chasseurs!, puis il fut ramené au camp et mis en cellule, puis
Blum se fit porter malade et rentra lui aussi au camp, et ils y restèrent tous
les deux, travaillant pendant les mois d'hiver à décharger des wagons de
charbon, maniant les larges fourches, se relevant lorsque la sentinelle
s'éloignait, minables et grotesques silhouettes, avec leurs calots rabattus
sur leurs oreilles, le col de leurs capotes relevé, tournant le dos au vent de
pluie ou de neige et soufflant dans leurs doigts tandis qu'ils essayaient de
se transporter par procuration {c'est-à-dire au moyen de leur imagination,
c'est-à-dire en rassemblant et combinant tout ce qu'ils pouvaient trouver
dans leur mémoire en fait de connaissances vues, entendues ou lues, de
façon
là, au milieu des rails mouillés et luisants, des wagons.
noirs,
des pins détrempés et noirs, dans la froide et blafarde journée d'un hiver
saxon
à faire surgir les images chatoyantes et lumineuses au moyen de
l'éphémère, l'incantatoire magie du langage, des mots inventés dans
l'espoir de rendre comestible
comme ces pâtes vaguement sucrées sous
lesquelles on dissimule aux enfants les médicaments amers - l'innomma
ble réalité) dans cet univers....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓