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Turquie (1980-1981): Le retour d'Atatürk... Peu importe qu'il soit mort en 1938: par-delà les années, 1980 est son année. Souriant...

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« Turquie (1980-1981): Le retour d'Atatürk... Peu importe qu'il soit mort en 1938: par-delà les années, 1980 est son année. Souriant ou sévère, Mustafa Kemal Atatürk est partout, de pied ou en buste, sur les places des villes et villages d'Anatolie, en quadrichromie au fronton des édifices publics et dans les journaux encore autorisés à paraître. Ainsi qu'elle l'a fait en 1960, en intervenant contre "l'homme du libéralisme économique et de l'Amérique" (le Premier ministre Adnan Menderes, qu'elle a pendu), ainsi qu'elle l'a fait en 1971, en intervenant contre les premières révoltes sociales, les premières organisations ouvrières et les premiers mouvements de guérilla, l'armée au pouvoir depuis le 12 septembre 1980, pour la troisième fois en vingt ans, brandit une icône.

S'affichant résolument kémaliste, elle légitime son retour à la direction du pays pour "remettre la démocratie sur les rails" avant de regagner ses casernes: nul n'ignore qu'Atatürk lui a confié la garde du régime républicain, laïc, moderne qu'il a construit à force d'autoritarisme contre une Anatolie archaïque. Force de l'immaturité politique, du nationalisme et d'une absence quasi totale de tradition humaniste: beaucoup oublient la torture, généralisée avant et après le coup d'État, sous laquelle plusieurs personnes sont mortes.

Beaucoup regardent comme un mal nécessaire les peines de mort requises par dizaines et les pendaisons (dont celle d'un gosse de 17 ans) exécutées dans les cours des prisons militaires.

Beaucoup s'accommodent des kyrielles d'arrestations (30 000 de septembre à décembre 1980, selon les militaires eux-mêmes) et d'une garde à vue de...

trois mois. "Désormais, plus de communisme, plus de fascisme, plus de séparatisme, plus de théocratie", dit le général Kenan Evren, nouvel homme fort du pays.

Et derrière lui, derrière Atatürk, son "petit père" et le "petit père des Turcs", l'Anatolie rêve d'unité nationale, de force et berce ses nostalgies de splendeurs passées. L'Anatolie oublie.... »

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