Devoir de Philosophie

Turquie (1983-1984) Démocratie sous surveillance Après trois années de dictature, la junte militaire du général Evren a autorisé au printemps...

Extrait du document

« Turquie (1983-1984) Démocratie sous surveillance Après trois années de dictature, la junte militaire du général Evren a autorisé au printemps 1983 une timide avancée vers un régime parlementaire, en annonçant la tenue d'élections législatives pour le 6 novembre de la même année et en permettant - certes de façon extrêmement sélective - la création de nouveaux partis politiques pour remplacer ceux dissous après le coup d'État du 12 septembre 1980.

Assurée de maintenir sa mainmise sur les affaires du pays au moins jusqu'en 1989, grâce à la nouvelle Constitution musclée et taillée sur mesure pour perpétuer son autorité (adoptée par referendum le 7 novembre 1982), la junte a toutefois très fortement restreint les possibilités de constitution de "nouveaux" partis: usant et abusant de son droit de veto sur les fondateurs de nouvelles formations, elle a écarté des élections législatives toutes les formations politiques traditionnelles de droite ou de gauche.

N'ont donc pu se présenter aux élections que les trois partis ayant reçu l'aval du pouvoir, dont le représentant officieux des militaires, le Parti de la démocratie nationaliste (PDN). Avec un vote obligatoire, sous peine d'amende, la formation conservatrice de M. Turgut Ozal, le Parti de la mère patrie (PMP), est sortie victorieuse des élections avec 45% des voix.

(M.

Ozal avait été Vice-Premier ministre chargé de l'économie de septembre 1980 à juillet 1982.) Le grand perdant en a été le PDN (25% des voix), malgré l'intervention ouverte du général Evren en sa faveur à la veille des élections.

Devant l'absence d'une alternative plausible au régime militaire, l'électorat turc a choisi les plus "civils" des candidats.

Émanation de la bourgeoisie industrielle et financière, le PMP regroupait en effet en son sein des différents courants de la droite et même une partie du centre gauche. Un libéralisme sans démocratie Nommé Premier ministre, M.

Ozal a formé en décembre 1983 son cabinet sur la base d'un programme alliant libéralisme économique et conservatisme politique. Acceptant les principes préconisés par le Fonds monétaire international, les propositions économiques du gouvernement Ozal s'inscrivaient dans la droite ligne du programme économique du 24 janvier 1980, dont l'objectif était d'instaurer une économie de marché moins dépendante de l'État et plus ouverte vers l'exportation.

Le nouveau programme de M.

Ozal s'articulait autour de trois axes: 1) la restructuration du commerce extérieur et l'assouplissement du contrôle des changes ; 2) la libéralisation des taux d'intérêt ; 3) l'allégement des charges fiscales qui ont toujours pesé en Turquie essentiellement sur les salariés, et la réforme administrative pour réduire les lourdeurs bureaucratiques.

L'augmentation substantielle des prix étant le passage obligé de ce type de politique. Les résultats économiques de 1983 n'ont pourtant guère été encourageants.

Le taux d'inflation a frôlé 40% en 1983 et le PNB n'a progressé en volume que de 3,0% (contre 4,6% en 1982) ; la récession dans l'agriculture (-0,7%) a joué un rôle décisif dans ce ralentissement.

Les résultats à l'exportation, axe central de la politique de M.

Ozal, n'ont pas correspondu aux attentes et les 5,7 milliards de dollars de recettes ont été loin de couvrir les 9,3 milliards de dollars d'importations.

D'autant plus que l'insolvabilité croissante des nouveaux clients de la Turquie (Irak, Iran, Libye) a obligé l'État à prendre en charge les créances douteuses d'entrepreneurs turcs sur le Moyen-Orient (notamment la Libye).

La baisse des transferts de devises des travailleurs émigrés (1,5 milliard de dollars en 1983) et l'augmentation des intérêts de la dette extérieure (1,2 milliard de dollars d'intérêt pour une dette de 24 milliards), ont rendu encore plus aigu le problème du financement extérieur. En 1983, le volume des investissements a continué à baisser, ne représentant plus que 18% du PNB à la fin de l'année.

Comble d'une politique économique libérale, la part du secteur public dans ces investissements est devenue majoritaire.

Plus inquiétant encore, le chômage a poursuivi son ascension, atteignant près de 20% de la population active selon les estimations officielles.

La cure d'austérité imposée par le gouvernement se traduisait par une baisse dramatique du niveau de vie des classes.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓