Turquie (1988-1989): Özal en difficulté L'année 1988 et les premiers mois de 1989 ont été une période de difficultés politiques...
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Turquie (1988-1989): Özal en difficulté
L'année 1988 et les premiers mois de 1989 ont été une période de difficultés
politiques et économiques.
Les élections municipales du 26 mars 1989 ont très
nettement confirmé le déclin progressif du parti gouvernemental, annonçant une
période qui risquait d'entraîner le pays dans l'instabilité politique.
Les
élections générales anticipées paraissaient désormais inéluctables et la
désignation par l'Assemblée nationale du président de la République, prévue pour
novembre 1989, revêtait une importance particulière.
Vers un éclatement du parti gouvernemental?
Outre les quelques anciens sociaux-démocrates qui, lors de la transition à un
régime civil, avaient placé leurs espoirs dans le Parti de la mère patrie (PMP),
on distingue généralement trois grandes tendances dans cette formation: les
libéraux, les nationalistes et les islamistes.
Celles-ci se sont livré, depuis
1983, une bataille sans merci pour s'assurer le contrôle du parti.
Lors du
congrès du PMP (20-25 juin 1988), certains membres des ailes nationaliste et
islamiste, agissant ensemble au sein de l'"Alliance sacrée" ont littéralement
balayé les éléments libéraux du comité exécutif.
Cette alliance tactique des
tenants de la synthèse turco-islamique met l'accent sur les valeurs telles que
le nationalisme et la religion ; elle est passéiste et, dans sa composante
nationaliste, antidémocratique.
La tendance turco-islamiste était toutefois sous-représentée au gouvernement
avant la consultation de mars 1989.
Mehmet Keçeciler, chef de file de la
tendance islamiste et redoutable homme d'appareil marginalisé par Turgut Özal,
préférait mener la lutte au sein du PMP plutôt que de constituer une formation
autonome.
Visant sans doute à briser l'"Alliance", T.
Özal a choisi d'écarter
les islamistes dans son nouveau gouvernement, constitué début avril, retenant
les libéraux et les nationalistes.
Les évidentes concessions qu'il a faites à
ces derniers, paraissaient encore insuffisantes à Alparslan Türkes, le président
du Parti du travail nationaliste, qui a obtenu 4,3% des suffrages le 26 mars.
Affairisme et népotisme
Jusqu'à cette consultation, tout au moins, T.
Özal avait gardé la haute main sur
sa formation, au prix d'une personnalisation extrême du pouvoir.
Le pays était
pratiquement dirigé par lui et sa famille, bien que cette dernière fût divisée,
à l'image de la Turquie, entre traditionalistes et modernistes.
Si le frère et
le cousin ont été écartés du gouvernement, l'épouse et le fils ont gardé leur
influence.
Ce dernier notamment est proche des "princes" (économistes ou
ingénieurs formés pour la plupart aux États-Unis et occupant souvent des postes
clés dans l'appareil étatique) dont l'un, président de la Banque immobilière
d'État, a provoqué la démission, le 4 janvier 1989, du Vice-Premier ministre,
Kaya Erdem: ce dernier avait des liens compromettants avec un "homme d'affaires"
impliqué dans le détournement de fonds de la banque en question.
Ce scandale,
parmi d'autres, a alourdi le climat politique.
Bon nombre d'affaires de corruption proviennent d'exportations fictives ou de
ristournes fiscales accordées par le gouvernement aux exportateurs pour
réintégrer dans le circuit l'"argent noir" souvent gagné grâce à divers trafics
du "milieu" turc.
Ce dernier a acquis un pouvoir non négligeable: il contrôle
une partie du marché immobilier des grandes villes et bénéficie de certaines
complicités au gouvernement.
Les enquêtes sur le meurtre du président de la
Chambre de commerce d'Istanbul, le 1er juin 1988, et sur la tentative
d'assassinat du Premier ministre, le 18 juin, n'ont abouti à aucun résultat
tangible mais tout laisse à penser que le "milieu", lié à l'extrême droite
nationaliste, n'y était pas étranger.
Personnalisation du pouvoir, affairisme et népotisme ont contribué, dans une
large mesure, à l'échec de T.
Özal lors du référendum insolite du 25 septembre
1988 portant sur l'avancement des élections municipales.
Rejetées par le corps
électoral, ces élections ont finalement eu lieu le 26 mars 1989 et se sont
soldées par une défaite cuisante pour le PMP: avec 21,7% seulement des
suffrages, il est arrivé derrière le Parti populaire social-démocrate (PPSD,
28,3%) et le Parti de la juste voie (PJV, 25,3%).
Les deux autres formations, le
Parti de la gauche démocratique de Bülent....
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