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Turquie (1993-1994) Progression islamiste Au printemps de l'année 1993, la Turquie considérait avec espoir et sérénité aussi bien la résolution...

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« Turquie (1993-1994) Progression islamiste Au printemps de l'année 1993, la Turquie considérait avec espoir et sérénité aussi bien la résolution de ses problèmes internes que la prise en charge de sa vocation régionale, toutes deux apparemment en bonne voie, depuis qu'elle apparaissait comme le seul îlot de stabilité dans un environnement éclaté depuis les Balkans jusqu'au Caucase et du sud de la Russie à la Mésopotamie.

La brusque disparition, le 17 avril 1993, du président Turgut Özal, terrassé par une crise cardiaque, non seulement n'avait pas causé de bouleversements ou de crises de succession, mais, au contraire, avait supprimé les frictions de sa cohabitation avec le Parti de la juste voie (DVP) du Premier ministre Süleyman Demirel; la formation du chef de l'État, le Parti de la mère patrie étant passé dans l'opposition en novembre 1991.

S.

Demirel a accédé à la Présidence le 16 mai 1993.

Il a bientôt été remplacé à la tête de son parti et du gouvernement (le 13 juin 1993), par la première femme dans l'histoire turque à occuper ces fonctions, Tansu Çiller, présentée comme une brillante économiste, prête à s'attaquer aux maux chroniques du pays: l'inflation (de 60% à 70% par an à partir de 1981), l'endettement, et aux insuffisances d'un secteur public désuet et pléthorique.

Par ailleurs, la trêve unilatérale, proclamée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) - qui a mené à partir de 1984 la guérilla dans le sud-est du pays - à l'occasion du Nowrouz (ou "Nevruz") - le nouvel an kurde (21 mars 1993) -, permettait de nourrir quelques espoirs pour une amorce de négociations. A l'étranger, la Turquie continuait de tisser des liens avec les républiques turcophones d'Asie centrale et du Caucase (Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan).

Le président de l'Azerbaïdjan, Aboul-faz Eltchibey (alors encore au pouvoir), en particulier, apparaissait comme un précieux allié. La Turquie, dans le même temps, évitait de s'impliquer dans le conflit arméno-azéri, dans l'espoir d'offrir le profil d'une puissance responsable, susceptible d'amener l'apaisement dans la région.

Sa position tenait du même esprit dans les conflits dans l'ancienne Yougoslavie.

Mais, en dépit d'une opinion publique partiellement très favorable aux Musulmans de Bosnie, Ankara s'était abstenue de toute démonstration intempestive, déclarant cependant toujours être prête à mettre à la disposition de l'ONU des "casques bleus" si nécessaire.

La Turquie avait été à l'origine de la création d'accords régionaux, comme celui relatif à la Zone de coopération économique de la mer Noire (CEN), le 25 juin 1992, et oeuvre pour en ressusciter d'autres, comme l'Organisation de coopération économique (OCE, créée en 1992), pendant économique du CENTO (Central Treaty Organization, pacte militaire entre la Turquie, l'Iran et le Pakistan disparu en 1979).

L'OCE ressuscitée devait accueillir les nouveaux États d'Asie centrale et donner naissance à une sorte de marché commun, principalement voué à jouer un rôle d'intermédiaire entre les organismes régionaux et l'Union européenne.

Enfin, l'arrivée du Royaume-Uni à la présidence de l'Union européenne, au second semestre 1993, laissait espérer la mise en place d'une structure d'association privilégiée entre l'Union et la Turquie, en contrepartie de la promesse de la part de la seconde de lever toute barrière douanière avant la fin de l'année 1995. La question kurde Cet horizon, relativement dégagé, a commencé de s'assombrir dès le 24 mai 1993, lors de la rupture par le PKK de la trêve avec l'État, à laquelle l'armée turque n'avait, à la vérité, jamais voulu souscrire, et avec le renoncement complet par le nouveau Premier ministre d'un règlement de la question kurde sur le mode politique au profit, encore une fois, d'une solution militaire.

Ainsi toute action pour la résolution de la question kurde, ou même pour l'amélioration des conditions de vie dans la région a-t-elle été subordonnée à une victoire définitive sur le PKK.

La répression s'est inévitablement ranimée dans les campagnes comme dans les villes de la région.

Un rapport officiel du ministère de l'Intérieur turc, en date du 8 novembre 1993, évaluait le nombre des morts depuis le début des affrontements en 1984, à 3 689 militaires, 4 600 "civils" et 4 449 membres du PKK.

Ensuite, les informations dans la presse turque se sont faites plus discrètes, mais les opérations militaires ont continué tout le long d'un hiver particulièrement clément, débordant régulièrement la frontière avec l'Irak et visant les bases arrière du PKK.

Ce choix d'un règlement prioritairement militaire a conduit,.... »

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