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Turquie (1995-1996): Succès des islamistes De juin 1993 à septembre 1995, le pays avait connu une relative stabilité politique grâce...

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« Turquie (1995-1996): Succès des islamistes De juin 1993 à septembre 1995, le pays avait connu une relative stabilité politique grâce à une coalition entre le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche) et le Parti de la juste voie (DYP, centre droit), lequel tenait les rênes de l'État avec Mme Tansu Çiller, à la tête du gouvernement, et Süleyman Demirel, à la présidence de la République.

En raison de désaccords politiques et personnels, l'équilibre a pris fin le 20 septembre 1995.

L'échec d'une tentative d'alliance entre le DYP et le Parti de la mère patrie (ANAP, centre droit) a conduit à organiser des élections le 24 décembre 1995. Le scrutin a fait du Parti de la prospérité (Refah Partisi - RP -, islamiste) la première force du pays (21 %), suivie de près par l'ANAP (19,7 %) et le DYP (19,6 %).

Les formations de centre gauche ont, quant à elles, obtenu des scores médiocres (Parti de la gauche démocratique, 14,4 % et CHP, 10,6 %).

Comme un quota de 10 % des voix était nécessaire pour obtenir des sièges au Parlement, le Parti démocratique du peuple (HADEP, pro-kurde) et le Parti nationaliste du mouvement (MHP, extrême droite) n'ont pas obtenu de représentation. A l'issue de longs pourparlers, l'ANAP a accepté de s'allier au RP; un gouvernement comportant des islamistes a été virtuellement formé, mais ce processus a échoué le 25 février 1996, peut-être en raison de pressions de l'armée.

Le 5 mars, une alliance entre l'ANAP et le DYP prévoyant une alternance du pouvoir a permis à Mesut Yilmaz (ANAP) de former un gouvernement qui a obtenu la confiance du Parlement. Cependant, ce gouvernement a été paralysé par la rivalité personnelle opposant M.

Yilmaz et T.

Çiller, et plus encore par de graves affaires de corruption.

En outre, le 15 mai 1996, la Cour constitutionnelle a invalidé, à la requête du Refah, le vote de confiance de mars; le 2 juin 1996, lors d'élections partielles, le parti islamiste remportait 33,5 % des voix; le 5 juin, M.

Yilmaz démissionnait et, le 7, le président Demirel confiait à Necmettin Erbakan (Refah) la tâche de former le gouvernement.

Le 27 juin, T.

Çiller acceptait son offre de coalition, et le 8 juillet 1996, le gouvernement Refah-DYP dirigé par N.

Erbakan obtenait la confiance du Parlement.

Pour la première fois de son existence, la République de Turquie était dirigée par un islamiste.

Néanmoins, il n'entendait pas remettre en question la laïcité ni les engagements internationaux de la Turquie, devenus la responsabilité de T.

Çiller, nommée ministre des Affaires étrangères. La montée des islamistes, qui proposent une nouvelle justice sociale et une réorientation de la Turquie vers le monde musulman, et détiennent les mairies des plus grandes villes (Ankara, Istanbul...) depuis mars 1994, a pu être attribuée à un mécontentement grandissant et à une grave crise des valeurs.

Ce militantisme a inquiété les alévi, minorité d'obédience chiite, généralement de gauche et laïque.

Importante composante politique et culturelle du pays, ils sont périodiquement la cible d'extrémistes bénéficiant de la passivité ou de la complicité du pouvoir.

Du 12 au 15 mars 1995, dans deux quartiers alévi d'Istanbul, la police a tiré sur des manifestants protestant contre une provocation islamiste, faisant dix-sept morts. Conflit kurde, le risque de gangrène En 1995 et 1996, la question kurde est restée le principal problème de la Turquie.

Le conflit opposant, dans le Sud-Est, l'armée aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) a fait plus de 17 000 victimes depuis 1984 (4 400 en 1995, dont plus de 600 civils); cette guerre a engendré de graves problèmes économiques et une émigration massive qui a, depuis 1990, aggravé les disparités régionales et fait doubler ou tripler la population des villes de l'Est et gonfler celle des métropoles de l'Ouest, dont 40 % vit en habitat précaire. Du 20 mars au 4 mai 1995, l'armée turque a lancé, contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak (peuplé de Kurdes et échappant au contrôle de Bagdad depuis la guerre du Golfe en 1991), une offensive impliquant 35 000 hommes, sans pour autant régler le problème, puisque les affrontements ont continué durant toute l'année 1995.

Au début de 1996, l'opinion s'est fortement inquiétée de l'extension géographique des combats vers le centre du pays (région de Sivas). Certaines opérations très meurtrières pour l'armée turque ont ébranlé le pays en avril 1996.

Début juillet, à Tunceli (Sud-Est), le PKK a commis le premier attentat suicide de l'histoire du conflit. Le Parti démocratique des travailleurs (DEP, pro-kurde) a été interdit en 1994, et trois de ses députés ont été condamnés à quinze ans de prison.

Des organes de presse ont dû cesser de paraître.

Des intellectuels sympathisants ont été inculpés ou emprisonnés.

Or, la loi électorale de 1995 ayant empêché la représentation au Parlement du HADEP, nouveau parti kurde légaliste, la population kurde n'avait le choix qu'entre l'assimilation et le soutien au PKK. L'interminable crise gouvernementale qu'a connue le pays a favorisé la recherche d'une.... »

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