Turquie (1997-1998) Reprise en main par l'armée Les législatives de décembre 1995 avaient fait du Refah (Parti de la prospérité,...
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Turquie (1997-1998)
Reprise en main par l'armée
Les législatives de décembre 1995 avaient fait du Refah (Parti de la prospérité,
islamiste) la première force politique du pays (21 %), suivie de près par le
Parti de la mère patrie (ANAP, centre droit, 19,7 %) et le Parti de la juste
voie (DYP, centre droit, 19,6 %).
De juin 1996 à juillet 1997, une coalition
menée par les islamistes a dirigé le pays, Necmettin Erbakan (Refah) étant
Premier ministre et Tansu Çiller (DYP) vice-premier ministre et ministre des
Affaires étrangères.
N.
Erbakan avait tenté de réorienter le pays vers le monde musulman ; à partir
du 28 février 1997, la vie politique a cependant été soumise aux pressions du
Conseil national de sécurité (MGK), par lequel l'armée contrôle l'État.
A partir
de mai 1997, en raison de la défection de députés du DYP, la coalition n'avait
plus la majorité absolue.
La Cour suprême lançait une procédure visant à
l'interdiction du Refah, accusé de contrevenir au principe de laïcité.
N.
Erbakan a été contraint de démissionner le 18 juin 1997.
Une nouvelle coalition,
dirigée par Mesul Yilmaz (ANAP), comprenant l'ANAP, le DSP (Parti de la gauche
démocratique, dirigé par Bûlent Ecevit) et le DTP (Parti démocratique de
Turquie, dirigé par Hüsamettin Cindoruk), obtenait, le 12 juillet 1997, le vote
de confiance du Parlement.
L'adoption, le 16 août, d'une loi visant, en prolongeant la scolarité
obligatoire à huit ans, à gêner l'enseignement religieux a provoqué une vague de
manifestations islamistes.
L'armée a été épurée (décembre) elle parti Refah
interdit le 22 février 1998.
Des personnalités dont N.
Erbakan ont été
condamnées à cinq ans d'interdiction d'activités politiques.
Toutefois, un
nouveau parti islamiste, le Fazilet (Parti de la vertu), a accueilli les députés
du Refah et est devenu, en mars 1998, le premier parti du pays.
Dès lors, la
menace d'un coup d'État était une nouvelle fois évoquée, le MGK ayant fait
savoir que les mesures contre la " réaction religieuse " étaient insuffisantes.
En avril, des coups étaient portés contre les milieux d'affaires islamistes et
contre le maire d'Istanbul, Recep Tayyip Erdogan.
La réaction contre le
gouvernement précédent s'est aussi manifestée par une mise en accusation pour
corruption de T.
Çiller.
Depuis juin 1997, la question de la tenue d'élections législatives anticipées
avait agité le monde politique ; finalement, le 31 juillet 1998, le
gouvernement, approuvé par le Parlement, a décidé de les organiser le 18 avril
1999.
La Constitution fait obstacle à la démocratisation
En novembre 1996, le pays avait été secoué par l'affaire dite " de Susurluk ",
révélant les liens entre l'État, la mafia et l'extrême droite, confirmés par une
enquête parlementaire en avril 1997.
Sans être au pouvoir, l'extrême droite a
continué de tenir le haut du pavé.
L'État a maintenu un contrôle sévère sur les
universités et les médias.
Arrestations et condamnations pour délit d'opinion se
sont poursuivies.
La justice a couvert les exactions policières.
En revanche, la
Cour de sûreté de l'État (DGM) a infligé des peines disproportionnées (jusqu'à
vingt ans de prison) à de simples manifestants.
La violence politique aurait
fait près de 4 000 victimes de 1991 à 1995.
En janvier 1998, les services de la
présidence de la République admettaient que la Constitution de 1982 était un
obstacle important à la démocratisation.
Le conflit opposant depuis 1984, dans le Sud-Est, l'armée aux insurgés du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), séparatiste, s'est poursuivi.
Les rebelles
auraient compté plus de 20 000 morts entre 1984 et 1997.
A partir de mars 1995,
les offensives de l'armée contre les camps du PKK du nord de l'Irak sont
devenues courantes : l'opération massive de mai-juin 1997 a été suivie, fin
1997, de plusieurs incursions plus limitées ; en avril 1998, Semdin Sakik,
numéro deux du PKK, a été enlevé en territoire irakien.
Depuis 1996, le PKK a
cherché à étendre son domaine d'opérations vers le centre, la mer Noire et le
Taurus méditerranéen.
Les " équipes spéciales " et les 90 000 " protecteurs de
villages ", instaurés par l'État, mal....
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