Turquie (1999-2000): Séisme meurtrier En 1999, le pouvoir en Turquie est resté soumis à l'armée, par l'intermédiaire du Conseil de...
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Turquie (1999-2000): Séisme meurtrier
En 1999, le pouvoir en Turquie est resté soumis à l'armée, par l'intermédiaire
du Conseil de sécurité nationale (MGK), dont les "recommandations" et de simples
menaces avaient suffi pour mettre fin au gouvernement islamiste de Necmettin
Erbakan (juin 1996-juin 1997).
Après l'épisode islamiste, le pouvoir est passé à
une coalition de centre droit (juin 1997-novembre 1998), défaite par des
affaires de corruption, puis au Parti de la gauche démocratique (DSP) de Bülent
Ecevit, réputé pour son intégrité (janvier 1999).
Enfin, les élections
anticipées du 18 avril 1999 ont profité à la fois au DSP (22 % des voix) et au
Parti nationaliste du mouvement (MHP, extrême droite, 18 %) ; les islamistes,
majoritaires au Parlement pendant quatre ans mais affaiblis par les mesures qui
ont frappé leur parti, le Refah, son dirigeant N.
Erbakan et le maire d'Istanbul
Recep T.
Erdogan, ont subi une grave défaite, le Fazilet (ou Parti de la vertu,
constitué en remplacement du Refah interdit) n'ayant obtenu que 15 % des
suffrages.
Les partis du centre ont été marginalisés.
B.
Ecevit a formé une
coalition avec le DSP (qui a obtenu 11 ministères, dont les Affaires étrangères,
la Justice, l'Éducation et l'Environnement), le MHP (11 ministères, dont la
Défense, l'Agriculture, les Transports et la Santé) et le Parti de la mère
patrie (ANAP, conservateur ; 10 ministères, dont l'Intérieur, les Finances,
l'Énergie et le Travail).
La Turquie est restée très marquée par le nationalisme, tandis que l'armée
continuait d'imposer une "laïcité" rigide et un rituel idéologique pétrifié.
Depuis la chute du gouvernement islamiste en 1997, la lutte contre la "réaction
religieuse" est restée prioritaire.
Le début de l'année 2000 a vu des
affrontements armés entre des islamistes et la police à Istanbul et à Van et, en
février, la découverte des corps de 56 personnes suppliciées probablement par
l'organisation islamique clandestine Hezbollah - qui avait été utilisée par le
pouvoir pour lutter contre les insurgés du PKK (Parti des travailleurs du
Kurdistan) - a relancé la répression ; des centaines de militants ont été
incarcérés.
En juillet 2000, N.
Erbakan a été condamné à un an de prison pour
"incitation à la haine raciale ou religieuse", ce qui pouvait bien l'écarter
définitivement de la vie politique.
Toutefois, à l'approche de l'élection
présidentielle (mai 2000), le Fazilet, qui affichait des positions modérées,
s'est vu courtisé pour jouer un rôle d'arbitre au Parlement.
De fait, les cinq
Necdet Sezer à la
majorité absolue,
constitutionnelle
politique.
grands partis se sont alliés pour permettre l'élection d'Ahmet
présidence de la République.
Élu par le Parlement à la
le 5 mai 2000, cet ancien président de la Cour
a fait grandir l'espoir d'une démocratisation de la vie
Poursuite de la répression des partis prokurdes
L'actualité de 1999 a été marquée par les difficultés rencontrées par le PKK
(marxiste-léniniste), qui menait une guerre de guérilla contre l'armée turque
dans le sud-est de la Turquie depuis 1984.
En fuite depuis octobre 1998, son
président Abdullah Öcalan a été enlevé par un commando turc au Kénya (15 février
1999), incarcéré puis jugé par la Cour de sûreté de l'État.
Il a été condamné à
mort (29 juin 1999), malgré son attitude repentante.
En novembre suivant,
l'État-Major estimait que les affrontements avaient diminué de 90 %, mais l'état
d'urgence était maintenu dans cinq provinces du Sud-Est.
Malgré la pression
d'une opinion publique influencée par l'extrême droite, le gouvernement a
décidé, en janvier 2000, de surseoir à la sentence de mort, annonçant qu'il
respecterait la décision de la Cour européenne de justice saisie par les avocats
d'A.
Öcalan.
La répression contre les forces politiques prokurdes n'a toutefois pas cessé.
La
langue kurde est restée interdite dans l'enseignement et les médias.
Tandis que
le PKK déclarait renoncer à la lutte armée (février 2000), les maires prokurdes
des principales villes du Sud-Est étaient inculpés et des dirigeants du HADEP
(Parti démocratique du peuple) condamnés à des peines de prison.
Par ailleurs,
les incursions turques en territoire irakien ont continué en 1999.
Les organismes de contrôle et de répression sont demeurés très actifs : la
Fondation de l'enseignement supérieur (YÖK) a continué de brider la vie
universitaire, et la Haute Fondation de la radio et télévision (RTÜK) a prononcé
450 suspensions de chaînes entre 1994 et la mi-2000....
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