Turquie (2003-2004) Stabilisation dans l’expectative L’agenda intérieur de la Turquie, en 2004, a été marqué par la tenue, fin mars,...
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Turquie (2003-2004)
Stabilisation dans l’expectative
L’agenda intérieur de la Turquie, en 2004, a été marqué par la tenue, fin mars,
d’élections locales (municipales, provinciales, et de quartier).
Très éloignés
de ceux du précédent scrutin local (1999), les résultats ont reproduit le séisme
politique des législatives de novembre 2002, confirmant la victoire du Parti de
la justice et du développement (AKP, libéral-conservateur) au pouvoir.
Profitant
probablement de l’idée répandue selon laquelle les municipalités de la même
couleur politique que le gouvernement ont un accès plus facile aux ressources
étatiques, l’AKP a obtenu 58 grandes municipalités sur 81.
Le principal parti
d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche), n’en a obtenu
que huit, toutes situées dans les régions côtières et dans la partie européenne
du pays.
La coalition entre le Parti du peuple social-démocrate (SHP) et le
Parti démocratique du peuple (DEHAP, prokurde) a obtenu quatre grandes
municipalités, exclusivement dans les régions à majorité kurde.
C’est donc dans
les régions les plus développées, ainsi que dans le sud-est, que l’AKP a obtenu
le moins de succès, notamment en raison du vote nationaliste kurde.
Vote de confiance en faveur du parti au pouvoir
Les résultats des élections provinciales ont également répété le séisme
politique de 2002.
Le CHP a obtenu 18 % des votes, en léger déclin par rapport
aux législatives.
Le Parti du mouvement nationaliste (MHP), droite
ultranationaliste) et le Parti de la juste voie (DYP, centre droit) se sont
légèrement ressaisis, obtenant chacun près de 10 % des suffrages.
Le Parti du
bonheur (SP, islamiste) et l’Union des forces démocratiques (DEHAP-SHP) ont
chacun obtenu entre 4 % et 5 % des voix.
Cette dernière a subi des pertes
importantes par rapport aux législatives de 2002, l’alliance entre
social-démocratie et nationalisme kurde n’ayant pas toujours été bien perçue par
les électeurs des deux camps.
À ce niveau aussi, l’AKP est sorti grand vainqueur
: avec 41,8 % des suffrages, il a obtenu 1,5 million de voix de plus qu’aux
législatives.
Ces résultats, qui traduisent un vote de confiance à l’égard de
l’AKP, au pouvoir à compter de fin 2002, indiquent que ce dernier est parvenu à
convaincre un électorat varié.
Pourtant, sa législature a été marquée par des difficultés majeures en politique
étrangère.
Ses efforts pour obtenir un engagement ferme pour entamer les
négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE) lors du «sommet» de
Copenhague, fin 2002, se sont soldés par un ajournement de la décision à fin
2004.
Début 2003, le conflit irakien déclencha une seconde crise.
Son alliance
avec les États-Unis, les incitations financières et le désir d’obtenir un droit
de regard sur l’Irak du Nord poussaient la Turquie à s’engager dans le conflit ;
l’opinion publique opposée à la guerre, craignant l’arrivée de milliers de
réfugiés et l’autonomisation de l’Irak du Nord contrôlé par les partis kurdes,
et les mises en garde des Européens l’encourageaient à s’en tenir éloignée.
Le
gouvernement ne parvint pas à faire voter par le Parlement le stationnement de
troupes américaines sur le sol turc.
Lors d’un second vote, l’Assemblée a
autorisé le survol de l’espace aérien par la coalition.
La tension entre Ankara
et Washington fut à son comble en juillet 2003, lorsque des troupes américaines
arrêtèrent des militaires turcs dans le nord de l’Irak.
Ébranlée, l’alliance
stratégique entre la Turquie et les États-Unis s’est peu à peu rétablie.
Finalement, la non-intervention dans la guerre semble avoir contribué à la
popularité du gouvernement.
Les séries d’attentats survenus à Istanbul en novembre 2003, visant des
synagogues puis des institutions diplomatiques et économiques britanniques (63
morts), ainsi que ceux contre le «sommet» de l'OTAN (Organisation du traité de
l'Atlantique nord) organisé à Istanbul fin juin 2004 ont révélé que des
groupuscules violents, islamistes et de gauche, restaient actifs dans le pays.
Elles ont surtout montré que cet État pro-occidental, musulman et gouverné par
un parti issu d’une tradition islamiste, figurait au centre de la tension
internationale.
Cependant, elles n’ont pas eu d’effet déstabilisateur notable ;
le gouvernement s’est....
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