Turquie (2004-2005) Ouverture des négociations d’adhésion à l’UE La fin de l’année 2004 a été marquée par l’octroi, lors du...
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Turquie (2004-2005)
Ouverture des négociations d’adhésion à l’UE
La fin de l’année 2004 a été marquée par l’octroi, lors du « sommet » des chefs
d’État et de gouvernement de l’UE à Bruxelles (les 16 et 17 décembre), d’une
date pour l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE : le 3
octobre 2005.
Cette étape a fait suite à de nombreuses réformes mises en place
par la Turquie depuis plusieurs années en vue de remplir les critères de
Copenhague, considérées comme suffisamment satisfaisantes par le rapport de la
Commission européenne de fin 2004.
Cette décision a été présentée comme une
victoire historique, et l’opinion de la Turquie, jugeant positifs les
développements ainsi amorcés, est restée massivement favorable à l’adhésion.
Cependant, l’ouverture des négociations est conditionnée à l’élargissement de
l’accord douanier de 1995 entre la Turquie et l’UE aux dix nouveaux membres de
l’UE – donc également la république de Chypre qu’elle ne reconnaît pas.
En
outre, même si le Conseil européen a affirmé que l’objectif des négociations est
l’adhésion, leur issue reste ouverte : rien ne garantit qu’elles aboutissent à
une intégration pleine et entière.
Enfin, une inquiétude s’est manifestée en
Turquie au sujet des clauses envisageant la possibilité de dérogations ou de
garanties transitoires, voire permanentes, notamment dans les domaines de la
liberté de circulation, des politiques structurelles ou de l’agriculture.
Toutefois, ces réserves reflètent avant tout les défis posés par l’intégration
de la Turquie et la difficulté de trouver un compromis entre les positions
divergentes des États membres.
Plusieurs d’entre eux se sont ouvertement opposés
à une adhésion pleine et entière, notamment en raison de la réticence des
opinions publiques.
Ainsi, l’idée d’un partenariat privilégié – dont le contenu
est rarement précisé – a été avancée par certains responsables politiques
européens, notamment par les chrétiens-démocrates allemands et autrichiens, mais
aussi par la droite et certains socialistes en France.
Les arguments les plus
couramment invoqués sont sa taille et sa faiblesse économique, qui rendraient la
Turquie inapte à intégrer l’Union et à y être « digérée » ; beaucoup de craintes
concernent un accroissement de l’immigration ou une invasion du marché du
travail.
En outre, la Turquie serait trop différente du fait de sa culture ou de
sa religion, voire géographiquement extérieure à l’Europe.
Ces débats virulents se sont accompagnés d’une surveillance pointilleuse des
événements politiques en Turquie, même après la fixation de la date d’ouverture
des négociations.
Ainsi, fin 2004, le soutien de l’AKP (Parti de la justice et
du développement, libéral-conservateur) au pouvoir à la criminalisation de
l’adultère dans le cadre de la réforme du Code pénal a provoqué des réactions
massives en Europe, l’obligeant à retirer cette disposition.
De même, en mars
2005, des violences policières perpétrées contre des manifestantes lors de la
journée de la femme ont été fortement médiatisées et critiquées en Europe.
Des changements en politique intérieure
Ces débats sont suivis de près, et souvent avec amertume, en Turquie.
Les
réserves européennes nourrissent les soupçons de ceux qui y voient un « deux
poids, deux mesures » en défaveur de la Turquie.
Cette méfiance a contribué à
alimenter un regain de nationalisme, notamment autour de la question du génocide
arménien débattu par de nouveaux parlements étrangers début 2005 (Allemagne,
Belgique, États-Unis).
Des tentatives de brûler le drapeau turc lors du Nevruz
(nouvel an kurde) à Mersin en mars 2005, ainsi que l’action de militants de
gauche radicale à Trabzon, en avril, ont donné lieu à des réactions
nationalistes musclées.
Au-delà, cependant, la contrainte européenne s’est desserrée.
Les réformes
figurant sur l’agenda européen – priorité absolue des dernières années – ont
laissé place à des mesures au programme du parti au pouvoir, ce qui a fait
l’objet de critiques en Europe.
A ainsi été adoptée début 2005 une loi de
décentralisation prévue de longue date.
Était également à l’ordre du jour une
amnistie pour les étudiants expulsés de l’Université – notamment en raison du
port du voile.
Les tensions entre institutions ont refait surface, avec vetos
présidentiels et recours juridiques.
Une fois une date obtenue, l’attente des négociations a dégagé plus de place
pour l'expression de diverses options, ce qui s’est manifesté dans une
fragmentation politique.
Au début 2005,....
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