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« Turquie (2005-2006): Incertitudes politiques et économiques Malgré les difficultés liées à l'adoption du Traité constitutionnel européen, les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE) ont commencé, comme prévu, le 3 octobre 2005, après que leurs conditions ont été âprement débattuesTurquie 2005-2006 Incertitudes politiques et économiques Malgré les difficultés liées à l'adoption du Traité constitutionnel européen, les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE) ont commencé, comme prévu, le 3 octobre 2005, après que leurs conditions ont été âprement débattues : l'option d'un partenariat privilégié a été enterrée, au profit de l'objectif d'une adhésion pleine et entière.

En revanche, l'issue des négociations demeurait ouverte et suspendue à la « capacité d'absorption » de l'Union.

Ainsi, un processus de criblage, devant juger de la compatibilité des règles en vigueur en Turquie avec les acquis communautaires, a débuté.

Sur chacun des 35 chapitres, la Commission européenne préparait un rapport, dont l'approbation à l'unanimité des pays membres était nécessaire à l'ouverture des négociations.

En juin 2006, celles-ci ont été entamées sur le premier chapitre (science et recherche), bien qu'un groupe de pays dirigé par la France ait souhaité soumettre le processus d'adhésion à l'inclusion de critères politiques, relevant normalement d'autres chapitres.

Pratique sans précédent, à laquelle se sont opposés d'autres membres de l'UE et la Commission elle-même.

La Turquie a craint qu'une telle inclusion n'entraîne des demandes politiquement sensibles, comme l'enseignement en langue kurde.

Le cas de Chypre a constitué un second blocage : bien qu'ayant signé le protocole additionnel élargissant l'union douanière aux nouveaux membres de l'UE, la Turquie a refusé d'y voir la reconnaissance de l'administration chypriote grecque, et a conditionné l'ouverture de ses ports de commerce à la fin de l'isolement de la république turque de Chypre nord.

Contre ceux qui voulaient lier sa candidature à la résolution de la question chypriote, la Turquie a privilégié son règlement sous les auspices de l'ONU. D'autre part, le rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie (novembre 2005) a déploré un ralentissement des réformes et leur application inégale.

Il a appelé Ankara à mettre fin aux restrictions à la liberté d'expression, critiquant notamment l'inculpation de l'écrivain Orhan Pamuk pour avoir évoqué la mort d'un million d'Arméniens dans un magazine suisse – inculpation finalement abandonnée au début de l'année 2006.

Les réformes ont continué, mais restaient timides : début 2006 toujours, trois médias ont été autorisés à émettre en langue kurde, mais au maximum quelques heures par semaine et avec des sous-titres ou des traductions turques.

Le gouvernement a aussi annoncé un 9e paquet de réformes d'harmonisation : le contrôle accru des dépenses militaires, la fin des restrictions au droit de propriété des fondations religieuses non musulmanes, la transparence dans le financement des partis ou la lutte contre la corruption ont été annoncés, cependant que la dépénalisation de tout propos injurieux à l'égard de l'État n'était pas envisagée. Équilibres fragiles en politique intérieure Et si le gouvernement préférait reporter ces négociations épineuses après les élections législatives ? Celles-ci sont en effet prévues à l'automne 2007.

Une partie de l'opposition a souhaité les avancer pour modifier les équilibres au Parlement, actuellement dominé par l'AKP (Parti de la justice et du développement, libéral-conservateur), puisque c'est ce dernier qui élira le président… en mai 2007.

Mais le parti au pouvoir a semblé avant tout vouloir stabiliser son assise électorale.

Il avait en effet bâti sa campagne sur la moralisation de la politique : or, des soupçons de corruption se sont notamment portés sur le ministre des Finances, Kemal Unakitan.

En outre, l'AKP s'est révélé tiraillé entre divers courants, les plus conservateurs critiquant par exemple son incapacité à faire accéder à l'université les diplômés des lycées religieux. De plus, les affrontements entre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, marxiste-léniniste) et les forces armées dans le sud-est du pays ont atteint, au printemps 2006, leur plus haut niveau depuis le milieu des années 1990.

Ainsi, des émeutes ont éclaté lors des cérémonies funéraires de guérilleros, se soldant par la mort de plusieurs personnes.

Les attentats se sont multipliés, y compris dans les grandes villes.

Malgré les promesses démocratiques faites par le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, à Diyarbakir en août 2005, la loi de lutte contre le terrorisme en préparation définit celui-ci de manière très large, étendant les prérogatives des forces de sécurité et alourdissant les peines encourues.

La question s'est trouvée de fait militarisée. En novembre 2005, dans le sud-est du pays encore, deux sous-officiers de la gendarmerie ont été manifestement impliqués dans un attentat contre une librairie pro-kurde.

Pour la première fois, un général, chef d'état-major de l'armée de terre, a été mis en cause par la justice pour création d'une « organisation clandestine criminelle » : l'attaque devait inciter le gouvernement turc à stopper l'octroi de droits culturels aux Kurdes, et conduire ainsi au blocage du processus d'adhésion à l'UE.

Quant à l'État-Major, il a soupçonné le procureur – entre-temps radié – d'être proche de l'AKP et de chercher à discréditer un général kémaliste.

La question de l'indépendance de la justice s'est posée avec acuité, et les relations entre civils et militaires risquaient de se tendre à nouveau. Embellie économique et diplomatique ? Les réformes économiques ont été également à l'ordre du jour, comme préalable au déblocage des crédits accordés en 2005 par le FMI, soit près de 10 milliards de dollars sur trois ans.

Après la réforme du système bancaire à la fin 2005, celle du régime de protection sociale, longtemps attendue et adoptée en avril 2006, visait à endiguer le creusement du déficit des retraites.

Elle prévoyait la gratuité des services de santé pour tous les mineurs, cotisants ou non, la fusion des trois organismes de sécurité sociale et un alignement à la baisse de leurs prestations, ainsi que le relèvement progressif de l'âge de la retraite à 65 ans pour les deux sexes, d'ici 2048.

La prochaine réforme structurelle devra simplifier le système fiscal et élargir l'assiette de l'impôt.

Enfin, les privatisations se sont multipliées et devraient toucher le domaine de l'énergie en 2006.

Encouragée par ces réformes, la Banque mondiale a accordé un troisième crédit d'aide à l'exportation, étalé sur cinq ans. En 2005, la croissance soutenue (7,4 %) et la stabilisation de l'inflation à un niveau historiquement bas ont conduit à l'afflux d'investissements étrangers, qui ont plus que doublé par rapport à 2004.

Les exportations et le tourisme se sont aussi très bien portés.

Cependant, des vulnérabilités persistaient, comme le niveau très élevé du déficit courant (autour de 6 % du PNB) et du taux de chômage (autour de 10,3 % en 2005), l'importance de l'économie informelle et les turbulences aboutissant à la dépréciation de la monnaie. Sur le plan extérieur, la Turquie a confirmé sa volonté de jouer un rôle régional.

Elle a ainsi tenté de se poser en médiateur entre Israël et le gouvernement palestinien, en recevant le Hamas et en appelant – sans succès – à rétablir les aides internationales à la Palestine.

Redoutant, pour sa propre sécurité, une guerre civile en Irak et le démembrement du territoire, la Turquie a encouragé les sunnites à participer aux élections, puis à la formation d'un gouvernement.

Même si elle a jugé insuffisante l'action américaine contre le PKK en Irak, ces initiatives ont permis un rapprochement stratégique avec les États-Unis.

Enfin, à la demande du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la Turquie a lancé avec l'Espagne l'initiative « Alliance des civilisations », qui s'est surtout manifestée, lors de l'affaire des caricatures de Mahomet, par une lettre appelant au calme et au respect mutuel, signée conjointement par les Premiers ministres turc et espagnol. : l'option d'un partenariat privilégié a été enterrée, au profit de l'objectif d'une adhésion pleine et entière.

En revanche, l'issue des négociations demeurait ouverte et suspendue à la « capacité d'absorption » de l'Union.

Ainsi, un processus de.... »

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