Ukraine (2005-2006): Un pouvoir paralysé par les rivalités La « révolution orange » de décembre 2004 n’aura pas abouti à...
Extrait du document
«
Ukraine (2005-2006): Un pouvoir paralysé par les rivalités
La « révolution orange » de décembre 2004 n’aura pas abouti à une transformation
radicale de l’Ukraine.
Au-delà d’appels répétés au changement, le président
Victor Iouchtchenko et son Premier ministre Ioulia Timochenko ne se retrouvaient
pas sur un même programme de réformes économiques et sociales.
Leurs dissensions
apparurent manifestes lorsque I.
Timochenko suggéra la « reprivatisation » (et
donc la renationalisation préalable) de 3 000 entreprises, tandis que le
président ne voyait la nécessité d’une telle manœuvre que dans le cas de 300
voire de 30 entreprises.
Au sein même du gouvernement, les orientations
différaient sensiblement selon les ministres et auguraient mal d’une véritable
transition.
Les divergences de vues au sommet de l’État furent d’ailleurs
institutionnalisées par la nomination d’un proche de V.
Iouchtchenko, Petro
Porochenko, à la tête du Conseil national de défense et de sécurité.
En
intervenant dans de nombreux dossiers à contre-courant du Premier ministre, P.
Porochenko contribua à miner l’autorité de celui-ci, provoquant finalement une
crise politique et sa démission.
Le contentieux qui scella le renvoi de I.
Timochenko portait en outre sur un conflit d’intérêts personnels autour d’une
entreprise sidérurgique (Nikipol Ferro-Alloy), alors même que la confusion entre
les sphères économique et politique avait été décriée sous le régime précédent.
Enfin, les rivalités politiques et l’absence d’une vision réformatrice pour
l’Ukraine affectaient d’autant plus la capacité d’action du nouveau pouvoir que
l’année qui suivit la « révolution orange » fut une année électorale.
Celle-ci ne fut guère mise à profit par le président Iouchtchenko.
Loin de lui
assurer un soutien au Parlement, les élections législatives du 26 mars 2006 ont
contribué à sa marginalisation.
Non seulement le Parti des régions, la formation
prorusse de son rival à l’élection présidentielle de 2004, Victor Ianoukovitch,
l’a emporté avec 32,1 % des suffrages, mais, au sein même du camp « orange », le
parti se réclamant des idées du président Iouchtchenko – Notre Ukraine – (13,9
%) a réalisé un score inférieur à celui de I.
Timochenko (22,2 %).
En outre, la
réforme institutionnelle que V.
Iouchtchenko avait consentie lors de la crise de
l’hiver 2004 a réduit les prérogatives de la fonction présidentielle au profit
du Premier ministre, de sorte que le capital politique acquis dans le contexte
de la « révolution orange » paraissait largement consumé.
Laborieuse mise en place des réformes
Le nouveau pouvoir n’a pu, en outre, s’appuyer sur des succès probants en
politique intérieure.
Les clarifications promises à propos de l’assassinat d’un
journaliste en 2000 (Gueorguy Gongadze) et de la tentative d’empoisonnement dont
V.
Iouchtchenko avait été l’objet en 2004 n’ont pas été fournies.
La mise en
place d’un véritable État de droit tardait.
Le remplacement de milliers de
fonctionnaires s’est davantage apparenté à une purge qu’à une modernisation
durable des structures administratives.
La réforme des douanes a apporté des
améliorations mais la corruption, dans ce domaine comme dans d’autres,
continuait de prospérer.
L’adhésion à l’OMC (Organisation mondiale du commerce),
envisagée lors de la Conférence ministérielle de l’organisation à Hong Kong en
décembre 2005, a été reportée, des groupes de pression étant parvenus à bloquer
l’adoption par le Parlement de concessions exigées par certains États membres.
Les progrès les plus sensibles ont porté sur la vie démocratique du pays.
Non
seulement les élections de mars 2006 ont été jugées « exemplaires » par le
Parlement européen, mais la vitalité de la société civile s’est confirmée, ainsi
que la liberté dont jouissaient les médias.
L’Union européenne (UE) a accordé à l’Ukraine le statut d’économie de marché
(gratification permettant uniquement de limiter l’impact financier d’éventuelles
sanctions antidumping).
Des négociations ont été engagées avec l’UE pour la
signature d’un accord de réadmission (retour des personnes en séjour irrégulier
dans leur pays d’origine), en contrepartie d’une plus grande souplesse dans
l’octroi de visas à certaines catégories de la population ukrainienne.
L’Ukraine
a par ailleurs apporté son soutien à la résolution du conflit de Transdniestrie
(territoire de la Moldavie qui a autoproclamé son indépendance) en autorisant
l’envoi d’une mission européenne chargée de surveiller la frontière
ukraino-moldave et d’interdire l’axe Odessa-Transdniestrie aux trafics suspectés
de financer le régime de Tiraspol.
L’intégration progressive de l’Ukraine à
l’espace énergétique européen, via de nouvelles interconnexions entre les
réseaux et une harmonisation des normes, a en outre été amorcée.
La délicate question....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓