Un critique écrit : « La littérature n'a pas pour vocation de se mêler des débats politiques ou sociaux. A...
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«
Un critique écrit : « La littérature n'a pas pour vocation de se mêler des
débats politiques ou sociaux.
A vouloir jouer ce rôle, elle se pervertit et ne
parvient même pas à être efficace.
» Ce jugement vous paraît-il fondé ?
Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet met en jeu le rôle de la littérature dans la vie politique et sociale.
L’expression « débats politiques ou sociaux » désigne une littérature polémique
s’occupant des problèmes de la cité et de la société, littérature qui n’a pas lieu d’être selon
ce critique.
D’une part le rôle que la littérature peut jouer dans de tels débats est limité selon
lui, puisqu’elle ne peut être efficace dans ce domaine, et, d’autre part, il pervertit la
littérature elle-même, c’est-à-dire qu’il la corrompt et la dénature.
Ce sujet, à travers l’idée d’une perversion de la littérature lorsqu’elle se mêle des
débats et polémiques publics, et aussi à travers la mention d’une « vocation », c’est-àdire, d’une destination, d’un penchant naturel, interroge sur la nature de la littérature.
Problématique : La littérature ne peut-elle avoir une fonction polémique et
jouer un rôle public ? Quelle est la véritable nature de la littérature et de ses
enjeux ?
I)
La fonction polémique de la littérature dans les débats publics
1)
La littérature : une arme politique
La littérature joue souvent un rôle politique, dénonçant le fonctionnement de la cité
ou proposant un autre mode d’organisation.
Certains auteurs veulent participer à l’action
politique en prévenant leurs lecteurs des problèmes et dangers dans ce domaine.
On peut
ici faire référence à un écrivain « engagé » politiquement au XIXe siècle : Victor Hugo.
Victor Hugo est élu représentant du peuple à Paris en 1848 et va lutter pour
l’avènement d’une démocratie libérale et humanitaire.
Le coup d'État du 2 décembre 1851
agit directement sur la vie et l'œuvre de Victor Hugo, puisqu'exilé jusqu'en 1870, l'écrivain
entreprit un terrible bras de fer contre Napoléon III.
Adossé à son île comme Gilliatt à son
rocher, Hugo brava les tempêtes d'un régime et, jour après jour, bâtit une œuvre dont
chaque texte était destiné à ébranler le Second Empire, et au-delà, tous les régimes antirépublicains.
(cf.
Les Châtiments)
2)
La littérature : un moyen pour la lutte sociale
La littérature est aussi un moyen de lutte sociale : les écrivains dénoncent souvent
les abus sociaux et autres inégalités de manière efficace souhaitant que leurs écrits aient
un impact réel et concret.
(ex : La critique sociale des rapports inégalitaires entre Maîtres
et Esclaves dans le théâtre de Marivaux à cf.
L’Ile des Esclaves).
Ils appellent souvent à
l’action en période de crise : cf.
Zola dans J’accuse ou dans La lettre à la jeunesse.
3)
La littérature : un rôle dans l’éducation des citoyens
En se présentant comme un moyen d’expliquer la société et la vie la littérature
acquiert une fonction didactique.
Elle est un moyen d’éducation politique, sociale, morale
ou même philosophique.
Elle apprend à vivre et acquiert ainsi un rôle d’utilité publique.
La
littérature est souvent à la base de toute éducation scolaire, notamment pour
l’apprentissage de la lecture ; ainsi dès l’Antiquité, l’idée d’une littérature comme outil de
formation était présente( cf.
le rôle des épopées homériques dans la païdeia c’est-à-dire,
dans la formation de l’homme grec).
La littérature permet aussi un apprentissage de la vie
citoyenne en dispensant au lecteur une éducation politique et sociale
Ex :
·
·
II)
Les écrivains du siècle des Lumières avaient pour ambition d’éclairer
les esprits du XVIIIe siècle à travers une littérature qui leur transmette
d’une part, une critique de l’autorité politique de la monarchie absolue et
du pouvoir de la religion ( cf.
Les Lettres philosophiques de Voltaire, Les
Lettres persanes de Montesquieu), et d’autre part, de nouveaux concepts
et outils pour transformer la vie politique ( cf.
La notion de contrat chez
Rousseau)
Balzac, dans La Comédie Humaine, a pour ambition de décrire de façon
quasi-exhaustive la société française de son temps.
Une partie de la
Comédie Humaine porte comme sous-titre « étude de mœurs » et mène
cette étude de la façon la plus réaliste et la plus exhaustive possible.
Le
terme d’ « étude » témoigne d’emblée de l’aspect scientifique et
instructif d’une telle entreprise.
L’ambition de Balzac dans cette
gigantesque entreprise est de chercher à expliquer les mœurs de son
temps :
A la base de l’édifice : les Études de mœurs
représentent les effets sociaux.
La seconde assise est les
Études philosophiques, car, après les effets viendront les
causes.
Puis, après les effets et les causes, doivent se
chercher les principes.
Les mœurs sont dans le spectacle,
les causes sont dans les coulisses et les machines.
Les
principes, c’est l’auteur, mais, à mesure que l’œuvre
gagne en spirales les hauteurs de la pensée, elle se
mesure et se condense
La littérature : une vision du monde essentiellement personnelle
et gratuite
1)
L’écrivain : avant tout un explorateur de sentiments
Le rôle de l’écrivain est avant tout de transmettre une expérience personnelle à
travers l’exploration des sentiments humains.
La littérature transmet une vision du monde
essentiellement lyrique et personnelle.
L’intimité, la vie d’un artiste, d’un écrivain suscite
l’intérêt du public, car elle semble être la source première de l’inspiration artistique, qui,
sublimée, aboutit à une œuvre d’art.
Ex :
·
La poésie Ronsardienne, évoquant les souffrances amoureuses
du poète( cf.
Les Amours), mais aussi sa vie et les peines qu’elle procure
( cf.
Les derniers vers de Ronsard, le poème « je n’ai plus que les os »,....
»
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