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Un �éros -ambigu • Le héros du drame romantique est toujours un person­ nage ambigu, 'à la fois idéalisé et...

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« Un �éros -ambigu • Le héros du drame romantique est toujours un person­ nage ambigu, 'à la fois idéalisé et marqué d'une étrange impuissance.

En lutte contre l'ordre social, il finit générale­ ment par être broyé dans cet affrontement. - MA UN PERSONNAGE HORS DU COMMUN Le héros du drame romantique est souvent identifié par le titre même de l'œuvre.

C'est le cas pour Lorenzaccio, de Musset, pour Hernani ou Ruy Blas, de Hugo.

Le choix d'un tel titre se justifie par plusieurs traits qui font du héros un personnage exceptionnel, plus important que tous les autres . � . ":' Un personnage omnfiprésent_ Les héros du drame romantique se reconnaissent d'abord à leur grande présence scénique.

Ainsi, Lorenzo est présent dans dix-sept des quarante et une scènes de Lorenzaccio, bien plus qu'aucun autre personnage.

Hernani apparaît dans seize des vingt-six scènes du drame qui porte son nom, et le personnage-titre de Ruy Blas dans quinze scènes sur vingt-sept également.

C'est d'abord leur pré­ sence physique qui donne à ces personnages une stature exceptionnelle, une position unique dans le drame 1. Souvent en scène, le héros y parle beaucoup.

C'est à lui surtout que reviennent les plus longues tirades.

Qu'on songe à la longue scène centrale de Lorenzaccio (Ill, 3), ou à la grande tirade d'Hernani, également en position centrale (H, Ill, 4).

Le héros affectionne également les monologues2 . 1.

Dans Îe théâtre classique, la'présence sur scène des différents protagonistes est beaucoup plus équilibrée. 2.

Une tirade est une longue réplique adressée à un autre person-·· nage présent sur scène.

Un monologue est le discours d'un per­ sonnage seul sur scène. On compte deux monologues du héros dans Hemani (1, 4; V, 4) 1, trois dans Ruy Blas (Ill, 4: IV.

1 ; V, .1 ), et quatre dans le seul quatrième'acte de Lorenzaccio (scènes 1,3,5,9). · Or, dans ces longs moments de 'discours, tirades ou mo­ nologues, le héros parle surtout de lui.

On connaît ainsi son histoire et ses sentiments, bien davantage que ceux des autres personnages.

Aussi le héros constitue+il le centre d'intérêt majeur du drame, et le principal support , d'identification pour le lecteur ou le spectateur.

· " Un être jeune, passionné, énerg�que: Le Romantisme a longtemps été soutenu par les jeunes générations, tandis que les gens d'âge mQr étaient le plus souvent « classiques ».

Aussi ne s'étonnera-t-on pas que le héros du drame romantique soit jeune, dans la grande ma­ jorité des cas.

Sa jeunesse est parfois encore accentuée par la présence d'un vieillard, avec lequel il forme un couple contrasté (Lorenzo et Philippe Strozzi dans Lorenzaccio, ou Hernani et don Ruy Gomez dans Hernam}. [e ·héros romantique est souvent un amoureux pas­ sionné.

C'est même ce trait qui,- dans Hernani, conserve finalement au personnage-titre son statut de héros du drame.

En effet, à bien des égards, le roi don Carlos pour­ rait faire figure de héros, au moins autant qu'Hemani.

Mais quand au quatrième acte, le roi, devenu empereur, renonce à l'amour2, il renonce du même coup au statut de héros dramatique.

Et, de fait, le cinquième acte se joue sans lui3. Le héros est souvent un jeune homme cultivé, un ami de l'étude et de la pensée.

Lorenzo, avant de jouer le rôle d'â�me damnée du'duc de Florence, a vécu dans l�s livres � 1.

Dans Hernani, c'est néanmoins don Carlos qui monologue le plus (IV, 2 - plus de 150 vers! - et IV, 5).

De fait, ce personnage concurrence Hernani dans la position de héros du drame. 2.

Don Carlos ne renonce pas seulement-à son amour pour dofia Sol,'mais à tout amour dans l'avenir:.

« Éteins-toi, cœur jeune et plein de flamme! / [...) Tes amours désormais, tes maîtresses, hélas! / C'est l'Allemagne, c'est la Flandre, -c'est l'Espagne!» . .,,_ (H, IV.

4, v.

1766, 1768!1769)., 3.

Inversement, c'est principalement son amour pour Marianne qui fait de Cœlio, par ailleurs assez peu présent, le héros des Caprices de Marianne. • ' ·· · • � (L, 1, 6 i 11, 4; Ill, 3).

Et c'est dans les livres sans doute qu'il a puisé « la résolution de tuer un tyran» (111, 3), comme le moo.trent ses fréquentes allusions aux deux Brutus de l'histoire romaine 1 (Il, 4; 111, 3, etc.).

Ruy Blas a été «nourri» de «science» (RB, 1, 3, v.

298-299), et la reine voit sur son front « la couronne» du «génie» (Ill, 3) 2 . Enfin et surtout, le héros du drame romantique se caractérise par l'énergie.

Elle sauve cet amoureux, volontiers rêveur, de toute mièvrerie.

Dans une scène de Lorenzaccio (Ill, 1), l'énergie physique du héros étonne Scoronconcolo, qui est pourtant un tueur à gages, u_!1 professionnel de l'action violente.

Le brigand Hernani est un guerrier, qui à la tête de ses montagnards affronte les troupes du roi en bataille rangée (H, Ill, 1).

Cette énergie peut devenir-féroce: Lorenzaccio, comme Ruy Blas; tuent de leurs mains (L, IV,- 11 et RB, V, 3). FAIBLESSES DU HÉROS Homme de sen~iment, de pensée et d'action, le héros du drame romantique pourrait apparaître comme un individu complet, une sorte de surhomme, En fait, il n'en est rien.

Car sa grandeur ne masque pas ses faiblesses. Une efficacité limitée Le rôle du héros dans l'action du drame s'avère souvent beaucoup moins important que ne le laisseraient supposer sa grande présence scénique, l'abondance de sa parole et ses prédispositions à l'action concrète.

C'est frappant pour Hernani.

Cet homme d'ac_tion, ce chef de bande, n'est directement à l'origine d'aucune des péripéties du drame. Sur scène, tous ses projets avortent: l'enlèvement de 1.

Brutus l'Ancien, d'après la légende, simula la folie auprès du roi romain Tarquin le Superbe, pour endormir sa méfiance, avant de soulever le peuple contre lui et d'abolir la royauté {env.

509 av.

J.-C.). Brutus le Jeune assassina Jules César, son père adoptif, en 44 av.

J.-C., pour l'empêcher de remplacer la république par l'empire. 2.

Ajoutons que plusieurs drames romantiques ont pour héros un artiste: un peintre dans André del Sarto de Musset, un poète dans Chatterton de Vigny, un acteur dans Kean de Dumas. dona Sol (Il), l'assassinat de don Carlos (IV).' Ce n'est pas le héros qui fait «avancer l'action».

C'est don Carlos, puis don Ruy Gomez au dernier acte 1. ·Dans Les Caprices de Marianne de Musset, le héros amoureux, Cœlio, laisse entièrement à son ami Octave l'initiative de l'action (la séduction de Marianne).

Dans Lorenzaccio, en revanche, le héros est bien le moteur de l'intrigue principale, celle qui aboutira au meurtre du duc Alexandre.

Mais Lorenzo n'a aucune part directe dans les autres intrig,ues, dont les acteurs sont la marquise et le cardinal Cibo, ou la famille Strozzr Ce n'est pas en la per­ sonne du héros que se réunissent les différentes actions de ce drame, mais en la personne du duc, objet de celles­ ci.

Et dans le dernier acte, déterminant pour les déstins de Florence, Lorenzo renoncé" à toute action. Des qualités impuissantes · · ou dévoyées Ses grandes qualités individuelles ne parviennent pas à faire du héros un personnage pleinement positif.-,Ainsi Cœlio, le héros des Caprices de Marianne, était l'amou­ reux idéal (voir surtout 11, 6).

Et cependant, il n'a pas su se faire aimer.

Dans Hernani, l'énergie du héros lui ei,t inutile, parce qu'il ne la maîtrise pas.

«Je suis une force qui va!»; dit-il.

Mais il ajoute aussitôt': « Où vais-je? je ne sais.

» Paradoxalement, cette énergie en fait un héros'passif, et fatal: il se sent «poussé» par elle, vers «l'abîme» (111, 4, v.

992 et suivants).

Les grandes qualités de Ruy Blas le font certes aimer de la reine, mais elles servent en fait la vengeance de don Salluste contre la reine elle-même. Celui-ci avait en effet ordonné à son laquais de «plaire à cette femme et d'être son amant» (RB, 1, 5, v.

584), Quant au Lorenzaccio de Musset, il offre le spectacle affligeant de la perversion des plus hautes qualités.

Jeune encore, il parle de sa jeunesse comme d'une période lointaine, définitivement passée.

Et ses propos le font pa­ raître plus vieux que le vieillard Philippe Strozzi (L, Ill, 3). 1.

Et enfin doiia Sol: en choisissant de mourir avec Hernani elle transforme leur mort en nuit de noces et provoque le suicide de -. , , don Ruy Gomez (H, V, 6). « Il n'est même plus beau», se lamente sa mère (1, 6).

Son enthousiasme, son amour de la patrie ont disparu (voir Ill.

3). Même son courage est devenu sujet à caution: nul ne . peut dire si son évanouissement, lorsqu'on le provoque à.... »

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