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. UN EXEMPLE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ - ' . Il n'avait plus conscience du milieu, de l'espace, de rien; et,...

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« . UN EXEMPLE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ - ' . Il n'avait plus conscience du milieu, de l'espace, de rien; et, battant le sol du talon, en frappant avec sa canne les volets des boutiques, il allait toujours devant lui, au hasard, éperdu, entraîné. Un air humide l'enveloppa; il se reconnut au bord des quais. Les réverbères brillaient en deux lignes droites, indéfiniment, et de longues flammes rouges vacillaient dans la profondeur de l'eau. Elle était de couleur ardoise, tandis que le ciel, plus clair, semblait soutenu par les grandes masses d'ombre qui se levaient de chaque côté du fleuve.

Des édifices, que l'on n'apercevait pas, faisaient des redoublements d'obscurité.

Un brouillard lumineux flottait audelà, sur les toits; tous les bruits se fondaient en un seul bourdonnement; un vent léger soufflait. Il s'était arrêté au milieu du Pont-Neuf, et, tête nue, poitrine ouverte, il aspirait l'air.

Cependant, il sentait monter du fond de lui-même quelque chose d'intarissable, un afflux de tendresse qui l'énervait, comme le mouvement des ondes sous ses yeux.

A l'horloge d'une église, une heure sonna, lentement, pareille à une voix qui l'eût appelé. Alors, il fut saisi par un de ces frissons de l'âme où il vous semble qu'on est transporté dans un monde supérieur.

Une faculté extraordinaire, dont il ne savait pas l'objet, lui était venue.

Il se demanda, sérieusement, s'il serait un grand peintre ou un grand poète; - et il se décida pour la peinture, car les exigences de ce métier le rapprocheraient de Mme Arnoux.

Il avait donc trouvé sa vocation! Le but de son existence était clair maintenant, et l'avenir infaillible. Quand il eut refermé sa porte, il entendit quelqu'un qui ronflait dans le cabinet noir, près de la chambre.

C'était l'autre.

li n'y pensait plus. Son visage s'offrait à lui dans la glace.

Il se trouva beau; - et resta une minute à se regarder. Gustave Flaubert, l'Éducation sentimentale (1869), Paris, Gallimard, coll.

La Pléiade, t.

Il, p.

81-82. Pour ce commentaire, nous distinguerons les étapes pour mettre en évidence la structure; cela ne saurait dépasser la phase préparatoire et ces divisions formelles ne doivent jamais apparaître sur une copie. • Introduction Enirée en m·atière: Expérience· imaginaire de la vie, le roman rhoderne qu'inaugure le courant réaliste au milieu du xrx• siècle veut embrasser le réel dans toute sa diversité.

A ce titre, il est aussi un roman sentimental, de la passion comme du désespoir. Présentation du texte: A propos de L'Éducation sentimentale, Flaubert déclare : «Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma génération; sentimentale serait plus vraie.

C'est un livre d'amour, de passion mais de passion telle qu'elle peut exister maintenant, c'est-à-dire inactive (1).

» Cette faillite de l'action est parfaitement incarnée par Frédéric Moreau qui, dans ce roman, ne pourra satisfaire l'amour qu'il porte à Mme Arnoux.

Au début du roman, au sortir de son premier dîner chez les Arnoux, son exaltation le conduit à ima. . gmer sa vie. Définition de la problématique: Nous verrons donc comment Frédéric est présenté sous les traits d'un jeune homme romantique, déjà déphasé par rapport à son époque, ce qui le fait vivre dans une illusion constante, qu'impitoyablement l'auteur dénonce avec jubilation comme pour signifier le pouvoir déraisonnable de la fiction. • Première partie Première sous-partie : Il règne dans cet extrait une extrême confusion des sens et des sentiments.

D'abord le décor n'est pas nettement planté; il est dominé par le vague, les contours sont flous : un « air humide » laisse la place à un « brouillard lumineux».

De« grandes masses d'ombre», des éclairages incertains « de longues flammes rouges qui vacillaient» font de ce décor urbain (« réverbères », « quais ») un tableau dont Frédéric est le spectateur: le terme « masses » emprunté au lexique de la peinture, l'alternance de couleurs (« rouges », « ardoise »), l'usage du clair-obscur («ombre», «clair», «obscurité»), filent la métaphore picturale et peuvent évoquer le préimpressionnisme et les paysages de Boudin au bord de l'eau. Deuxième sous-partie ; C'est de plus un espace frontière quelque part entre terre et eau: sur un pont et qui plus est« au milieu (2) du Pont-Neuf».

Dans ce lieu suspendu comme le temps auquel l'imparfait accorde une valeur durative intéressante (« faisaient», «flottait», « se fondaient»), l'air et l'eau se confondent: «humide», «brouillard» pour dessiner un « no man's land » animé par la seule présence du héros.

Même les percep- tians auditives sont assourdies, victimes du même trouble difficilement identifiable: « tous les bruits se fondaient en un seul bourdonnement.

» Troisième sous-partie : Dès lors, la conscience elle aussi est victime du flou qui entoure la vision de Frédéric.

Ce dernier ne maîtrise pas ce qui lui arrive.

Il sort du dîner chez les Arnoux et se retrouve comme aveugle (« Il n'avait plus conscience du milieu, de l'espace, de rien») et guidé seulement par le bruit (« frappant avec sa canne »).

Il marche « devant lui, au hasard, éperdu, entraîné».

L'absence du complément d'agent après le participe passé« entraîné» indique la dépossession de l'être mû par des forces étrangères.

La conscience est floue car elle ne parvient pas à sortir de sa propre sphère : l'usage des pronominaux ( « se reconnut», «s'offrait», « se trouva», « se regarder») qui confondent en une seule et même personne le sujet et l'objet traduit cet enfermement dont le héros n'arrive pas à s'échapper.

La réalité du monde lui reste irréductiblement étrangère. Transition: De fait, Frédéric vit dans son monde traversé par les illusions. • Deuxième partie Première sous-partie: De nombreux indices confondent Frédéric avec les héros romantiques.

D'abord sa posture« tête nue et poitrine ouverte», afin de mieux sentir le« vent léger» que l'on pourrait rapprocher du souffle de l'inspiration, exprime son désir de se fondre davantage (car déjà« un air humide [l'enveloppe]») dans l'élément naturel environnant.

La présence del' eau permet de retrouver la thématique du reflet de.... »

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