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Un homme passe sous la fenêtre et chante Nous étions faits pour être libres Nous étions faits pour être heureux...

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« Un homme passe sous la fenêtre et chante Nous étions faits pour être libres Nous étions faits pour être heureux Comme la vitre pour le givre Et les vêpres pour les aveux Comme la grive pour être ivre Le printemps pour être amoureux Nous étions faits pour être libres Nous étions faits pour être heureux Le temps qui passe passe passe Avec sa corde fait des nœuds Autour de ceux qui s'embrassent Sans le voir tourner autour d'eux Il marque'Ieur front d'un sarcasme Il éteint leurs yeux lumineux Le temps qui passe passe· passe Avec sa corde fait des nœuds On n'a tiré de sa jeunesse Que ce qu'on peut etc'est bien peu Si c'est ma faute eh bien qu'on laisse Ma mise à celui qui dit mieux Mais pourquoi faut-il qu'on s'y blesse Qui a donc tué l'oiseau bleu On n'a tiré de sajeunesse · Que ce qu'on peut et c'est bien peu. ARAGON, Elsa. Ili Sentiments éprouvés par le poète certes et communs à tous («Ah! insensé qui crois que je ne suis pas toi!» s'excl�me Hugo le romantique.) ■ Mais ici Aragon efface son moi (ce qu'il fait rare­ ment!) et prend en quelque sorte l'aspect du Destin. Cf..

dans Electre.: le Jardinier (Giraudoux), dans Les Mouches : le voyageur qui est d'ailleurs Jupiter (Sartre), dans Madame Bovary: la lancinante chanson de l'aveu­ gle, passant lui aussi sous les fenêtres (Flaubert), ou dans le film de Carné Les Enfants du Paradis, le mendiant vendeur de ballons. II.

Le renouvellement du thème lyrique. ■ On pourrait dire encore que la facture d'ensemble du poème : une chanson - l'homme«chante» - est tradi­ tionnelle... Cf.

chansons médiévales,.

ou poètes chansonniers actuels : Léo Ferré, Brassens, Brel... ■ .

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Que le choix mêni.e du vers est traditionnel dans l'élégie : l'octosyllabe est èelui des chanso.ns de Rutebeuf ou de Ch.

d'Orléans, parfois aussi de Villon, celui de bien des poèmes lyriques du xvre siècle, celui que retrou­ vent aussi romantiques ou modernes lorsqu'ils repren­ nent les thèmes traditionnels.

Cf.

Jehan Rictus. ■ Mais justement c'est là qu'apparaît l'originalité d'Aragon : une construction mélodique domine toute la structure du poème. ■ 3 strophes de huit octosyllabes cerclées de deux vers repris en refrain. ■ Rimes disposées symétriquement d'une strophe à l'autre, véritable support musical. ■ Rimes répétées trois fois par strophes : «libres/givre/ivre; h�ureux/aveux/amoureüx» par exemple. ■ Plus proches de l'assonance que de la rime sévère de Malherbe ; «passe/embrasse/sarcasme» par exemple'. ■ Non grammaticales, mais musicales par leur tracé. Il Cependant ces rimes servent également d'appui aux images qui se construisent d'un vers à l'autre et sont particulièrement choisies pour renouveler le thème usé. ■ Importance des associations d'images pour cetranifüge du.

surréalisme. ■ Du jeu verbal presque précieux qui fut d'abord exer� · .

dce métaphorique (cf Feu de joie; 1917), Aragon gar­ dera, comme tous les écrivains issus de ·cette école, la maîtrise d'une image «:qui conim_ande la texture du chant» (A.

Breton). ■ Simplicité et modernisme à la fois de cet art où le .

créateur laisse au lecteur le soin de trouver le rythine musical.... »

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