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Unités Allemandes Et Italiennes.

Publié le 03/03/2014

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Unités Allemandes Et Italiennes. Alors que la France et la Grande Bretagne affirment au second XIXe siècle leur puissance politique, économique et culturelle à travers leur légitimité d'Etats-Nations historiquement constitués, l'espace germanique et la péninsule italienne, malgré des rattrapages économiques prometteurs et des amorces de modernisation, restent condamnés à un morcellement géographique qui freine leur transition vers la modernité. Présent dés le début du XIXe siècle, le sentiment national ne restera pendant une longue période qu'au stade de l'idée dans ces entités politiquement fractionnées, mais socialement de plus en plus rassemblées qui conduisent à l'unification en 1871 : en quelques décennies, les différentes entités qui composent les deux pays ont fusionné en un seul grand état-nation. Outre la similitude chronologique, ces pays semblent partager des expériences communes, comme la naissance de mouvements nationaux contre les grandes puissances européennes et notamment l'Autriche, ainsi que l'expression révolutionnaire du sentiment national au printemps 1848, qui, s'il est un échec commun aux italiens et aux allemands, est le point de départ de leur unification respective. Enfin, l'émergence de grands dirigeants nationaux, Bismarck et Cavour, érigés en véritables héros de l'unité allemande ou italienne, est un autre trait commun de ces deux unifications. L'existence d'un parallélisme entre les deux pays semble donc indéniable à première vue. Mais sontelles pour autant comparables en tout point ? L'origine, les moyens mis en oeuvre et le déroulement des opérations est-il le même dans les deux cas ? En premier lieu, les unités allemandes et italiennes puisent des origines communes dans les idées du premier 19ème siècle et dans l'échec du printemps des Peuples en 1848. Dans les deux cas, c'est une unification par le haut, donc par les dirigeants, mais dont les modalités varient d'un pays à l'autre, qui est préférée. Enfin, la marche vers l'unité en ellemême se fera de façon différente, mais contre un ennemi commun, l'Autriche. I) Les unités allemande et italienne : des origines communes -1- l'héritage de 1848 Dès 1820, des mouvements nationaux en faveur de l'unité ont éclaté en Allemagne et en Italie. S'il est vrai que les libéraux, qui veulent obtenir des régimes constitutionnels dans les Etats Allemands et Italiens ont joué un grand rôle, ils s'appuient aussi sur un sentiment national de plus en plus puissant. On date souvent l'éclosion du sentiment national à l'occupation napoléonienne de l'Europe. Celle-ci a fédéré tous les opposants à la politique d'expansion de la France. Ce regroupement des opposants, s'il est encore balbutiant en Italie, est en revanche très fort en Allemagne, le Discours à la Nation Allemande de Fichte, prononcé en 1808 à l'université Humbolt de Berlin en étant un très bon exemple. L'influence du romantisme y est aussi palpable (notamment avec l'idée des frontières naturelles) De même, si les partisans de l'unité italienne ont été moins visibles pendant cette période, il n'en reste pas moins que le sentiment national y est très présent en 1848. L'article de Mazzini, L'Italie, l'Autriche et le pape, paru en 1845 dans la Revue Indépendante, un journal italien, est à cet égard très instructif. L'auteur, Mazzini, et un des initiateurs du Risorgimento, en fait un mouvement national et libéral d'opposition à l'Autriche. Mazzini souligne que la nation italienne (même si le mot « nation « n'est pas écrit), est une réalité tangible. En effet, les italiens partagent une langue, une histoire, des croyances, des coutumes et des moeurs communes...Bref, l'Italie existe en tant que nation, mais pas en tant qu'Etat. Mazzini déplore cet état de fait et l'explique en partie par la domination de l'Italie par une puissance étrangère, l'Autriche. Le nationalisme italien de l'époque, tout comme le nationalisme allemand, est donc un nationalisme d'opposition face à l'Autriche. Ainsi, en 1848, les nationalismes allemands et italiens sont forts, des mouvements nationaux existent déjà, et il ne reste plus qu'à obtenir l'unité. 1830 a vu la première poussée nationale, en Italie et en Allemagne, mais 1848 en est vraiment l'illustration la plus remarquable. En Italien des troubles éclatent à Milan et dans le royaume Lombard-Vénitien dirigé par l'Autriche. Cette vague contestatrice se répand ensuite dans toute l'Italie, et atteint les Etats de l'Eglise et le Royaume de Naples. Les espérances des révolutionnaires sont en fait doubles, libérales et nationales, en opposition avec l'Autriche, et les espoirs sont immenses. Les patriotes italiens (Cavour notamment) enjoignent le roi de Piémont, Charles-Albert, de réaliser l'unité de l'Italie autour de son royaume. Celui-ci entre alors en guerre, mais son armée est faible, d'autant plus qu'il refuse toute aide étrangère selon la maxime « Italia fara da se « = l'Italie se fera par ellemême. Il ne veut en effet pas être tributaire d'une aide extérieure à qui il devra un jour ou l'autre rendre des comptes. En Allemagne, l'élection du parlement de Francfort, en marge des événements révolutionnaires dans les différents Etats allemands, par la quasi-totalité des habitants de la Confédération Germanique, est la première réalisation unitaire. Un gouvernement fédéral est même nommé dans les jours qui suivent. Cependant, le mouvement unitaire allemand est miné par des divisions internes et les oppositions entre les partisans de la petite et de la grande Allemagne, entre libéraux et conservateurs... Surtout, ce gouvernement est totalement symbolique, puisque s'il a une certaine légitimité, en étant désigné par un parlement démocratiquement élu, il n'a dans les faits absolument aucun pouvoir, le monopole de la force restant la propriété des Etats. Les espoirs sont donc immenses, en 1848, en Allemagne comme en Italie. L'unité de ces deux pays est en passe d'être atteinte, par l'action du parlement de Francfort en Allemagne, et par l'action du roi de Piémont en Italie. Toutefois, ces espoirs seront rapidement déçus. Il faut dire que les sentiments nationaux ne pèsent pas lourds face à la force des armées. Tout d'abord, en Italie, l'intervention massive de l'Autriche met un terme brutal à l'aventure unificatrice de Charles-Albert, mais aussi à tous les mouvements populaires en cours dans la péninsule, et permet un retour à l'ordre ancien quasiment partout, sauf dans le Piémont, où la nature constitutionnelle du régime est conservée. L'unité italienne est donc rem...

« ne pèsent pas lourds face à la force des armées. Tout d’abord, en Italie, l’intervention massive de l’Autriche met un terme brutal à l’aventureunificatrice de Charles-Albert, mais aussi à tous les mouvements populaires en cours dansla péninsule, et permet un retour à l’ordre ancien quasiment partout, sauf dans le Piémont,où la nature constitutionnelle du régime est conservée.

L’unité italienne est donc remise àplus tard. En Allemagne, la situation est plus compliquée.

L’unité n’a en effet jamais semblé aussiproche.

Les tensions se sont apaisées, et la solution d’une petite Allemagne autour de laPrusse prend forme.

Mais le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, refuse la couronned’empereur d’Allemagne que lui propose le parlement de Francfort.

En effet s’il envisagede prendre la tête d’une Allemagne unifiée autour de son royaume, cela doit se faire selonla volonté des princes, et non selon celle du peuple.

Cependant, le retour de l’Autriche aucentre des relations politiques européennes rend cette solution inenvisageable.

L’unité del’Allemagne est donc repoussée. 1848 est donc un échec, que ce soit en Allemagne ou en Italie.

Certes, les sentimentsnationaux et le patriotisme sont forts dans ces deux pays, mais les mouvementspopulaires n’ont pas abouti.

Néanmoins, deux Etats, la Prusse et le Piémont, se sontaffirmés dans leur volonté unificatrice.

Par ailleurs, et aussi paradoxal que cela puisseparaître, ces échecs ont été prolifiques, car riches en enseignements pour les partisans del’unité. 2) un échec prolifique Passage du romantisme au réalisme // renforcement du rôle des élites : > Le sentiment national est dans les deux espaces majoritairement véhiculé par les élites.En Italie, le mouvement des Carbonari est le vecteur des premières protestations antiabsolutistes et revendique la lutte contre le despotisme et la quête des libertés essentiellescomme son principal objectif. La culture nationale des élites se retrouve également dans la jeunesse étudiante.

En Italie,l’engouement national des étudiants est au mieux incarné par Daniele Manin, figureemblématique du patriotisme fédéraliste en Vénétie et artisan de la proclamation de laRépublique de Venise après de brillantes études de droit.

Mais c’est surtout en Allemagneoù les idées libérales foisonnent au sein un fort tissu associatif étudiant dans les grandslycées (gymnasium) et universités où se développent de plus en plus de manifestations,dont celle de l’université de Heidelberg en 1832 où les étudiants appellent déjà « à l’unitéet à la liberté de la patrie allemande ». >Le rôle des élites se voit complété par la diffusion croissante de l’écrit, agissant commeun véritable vecteur du sentiment national dans la péninsule italienne et dans l’espacegermanique = exaltation du glorieux passé de leurs nations. Alors que les historiens italiens comme Cesare Balbo ou Massimo d’Azeglio véhiculent unromantisme plus libéral influencé par le succès du catholicisme libéral de Lamennais et deLacordaire, les historiens allemands sont davantage portés sur les traditions et les mythes,comme en témoignent les célèbres Contes des frères Grimm. Au-delà de l’exaltation historique, l’écrit se prête comme support d’une unification autourde la langue.

Les frères Grimm sont auteurs de la première grammaire allemandescientifique et en Italie, Alessandro Manzoni (petit fils de Beccaria) plaide pour l’unitélinguistique autour du dialecte toscan autour de ses romans historiques dont le pluscélèbre reste Les Fiancées.

La relative libéralisation de la presse permet égalementd’alimenter le sentiment national à travers le support du journal, qui connaît véritable essorautour des années 1848.

En Italie, Camillo de Cavour et Cesare Balbo créent avec succèsIl Risorgimento en 1847, journal au titre évocateur.

En Allemagne, le Rheinsische Zeitung(la Gazette Rhénane) connaît un franc succès avec l’arrivée de Karl Marx commerédacteur en chef, et véhicule les premières idées du socialisme matérialiste etscientifique. Bel et bien présent dans les deux espaces, le sentiment national ( fait majoritairementélitiste) du 1er XIXe siècle a survécu à l’échec de 1848, en se transformant : ces échecssont dus à la concurrence idéologique des projets nationaux.

Désormais, le réalismeprévaudra, en consacrant le rôle de grandes figures. II) Une unification « par le haut » dont les modalités varient d’un pays à l’autre L’échec prolifique de 1848 a démontré que l’unification ne peut se faire sans les élites, quiavaient craint les débordements révolutionnaires.

De ce fait, la voie choisie pour parvenir àl’unité, en Italie comme en Allemagne, sera de s’appuyer sur des figures motrices :royaumes, ou même hommes d’Etats. 1) Deux royaumes avant-gardistes : la Prusse et le Piémont Sardaigne a) une domination économique… La Prusse comme le Piémont appartiennent à la dorsale européenne, et accélèrent leurindustrialisation dans les années 1850-1860 : -La Prusse est la puissance montante de cette 2ème moitié du XIXème siècle.

L’industrieprussienne est à la pointe : la Prusse est le 2ème producteur de charbon au monde,englobe pas moins des 2/3 des ouvriers allemands et rassemble 2/3 des machines àvapeur du monde germanique, notamment grâce à ses possessions dans le Palatinat etdans la Ruhr.

// Le Piémont Sardaigne comptabilise 30% du commerce extérieur italien(ex : port de Gênes le plus important d’Italie), alors que pour le reste de l’Italie, l’économieest basée davantage sur des structures agraires, parfois archaïques, comme dans leMezzogiorno.

Ainsi, les domaines agricoles du Nord et les industries sont gérées avec unesprit d’entreprise capitaliste, à l’image des modèles français anglais et prussien. -Le rôle du chemin de fer est aussi primordial dans l’optique de l’unité : Cavour rêvera de« coudre la botte » par les voies ferrés, dans Des Chemins de fer en Italie.

En Prusse, lapremière ligne date de 1835, et par la suite, le chemin de fer ne cessera de se développer. »

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