URSS (1980-1981): Raidissement et indécision Après l'intervention en Afghanistan au début de l'année 1980, l'URSS se retrouve relativement isolée: les...
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URSS (1980-1981): Raidissement et indécision
Après l'intervention en Afghanistan au début de l'année 1980, l'URSS se retrouve
relativement isolée: les "alliés" de l'Europe de l'Est eux-mêmes traînent les
pieds ; la menace du gouvernement Carter de mettre un terme au développement des
échanges économiques Est-Ouest pèse lourdement.
Les dirigeants du Kremlin
prennent conscience de la dépendance de leur économie, en particulier dans le
domaine de l'extraction pétrolière et de l'agriculture.
Ils ne vont pas tarder à réagir.
Devant leurs "alliés", ils soulignent la
faiblesse du "camp adverse", et Souslov évoque, par exemple devant le PC
polonais, les "succès irrésistibles du camp socialiste".
Devant leurs
interlocuteurs d'Europe de l'Ouest, en particulier la France et la RFA, ils
insistent sur l'interpénétration économique des deux blocs.
L'URSS n'ignore pas
que les Européens sont sensibles aux intérêts qu'ils ont déjà dans le pays et
aux possibilités futures...
Face au reste du monde, enfin, les Soviétiques
arguent du rôle international qu'ils peuvent jouer, ne serait-ce que pour faire
contrepoids aux États-Unis.
Les Jeux olympiques sont au coeur de cette triple offensive: ils serviront à la
fois à rompre l'isolement et à tester la réussite de la politique soviétique.
Dans ce domaine, il est vrai que les Soviétiques ont marqué des points
importants: il ne s'est pas formé un "front de la fermeté" chez les Occidentaux
; le tiers monde, quant à lui, avale plus ou moins difficilement la couleuvre de
l'Afghanistan ; enfin, l'embargo américain et les restrictions au commerce se
sont révélés inopérants, grâce en particulier à certains régimes militaires
comme l'Argentine ou le Brésil qui n'ont pas suivi les consignes de boycott.
Indice de ce succès: le bon déroulement des JO.
Si, en effet, il y a boycott de
certains pays, il reste marginal.
Et l'URSS n'est pas isolée dans l'ensemble des
organismes internationaux (ONU, CIO, etc.).
Mais, au moment où s'estompent les effets de ces événements, deux faits vont
modifier la situation.
D'une part, la crise polonaise paralyse la diplomatie
soviétique.
Cette crise "interne" n'est pas dissociable en effet du contexte
international.
Pour la première fois, l'URSS n'est pas libre de ses mouvements
dans sa sphère d'influence: intervenir en Pologne signifierait la ruine de ses
efforts.
L'élection de Reagan et la politique de la nouvelle administration
américaine modifient d'autre part sensiblement le cadre international.
Les
Soviétiques ne peuvent plus tabler sur la méfiance des dirigeants européens à
l'égard de Carter.
Si l'URSS ne se retrouve pas isolée comme le souhaitait
l'ancien président américain, elle n'en est pas moins "en sursis".
Ses
dirigeants doivent également compter avec la dégradation considérable de son
"image de marque" et avec la méfiance grandissante qu'elle inspire, même dans
les milieux de gauche et dans certains pays du tiers monde.
La crise économique
Ces problèmes internationaux viennent s'ajouter à d'importantes difficultés
économiques.
Le ralentissement de la croissance, provoqué à la fois par la
dégradation des mécanismes internes et l'épuisement des investissements, se fait
lourdement sentir ; de nombreux goulots d'étranglement apparaissent dans
l'industrie.
Le problème énergétique, dans le pays qui possède les réserves
d'énergie les plus importantes du monde, illustre bien une situation dont les
effets commencent à être ressentis par les consommateurs: la consommation, qui
avait régulièrement augmenté de 1965 à 1975, stagne, diminue même ; de plus, le
rationnement redevient un moyen nécessaire de régulation.
L'agriculture reste le talon d'Achille de l'économie soviétique.
La faible
productivité repose le problème des liens entre l'exploitation individuelle et
le kolkhoze ou le sovkhoze.
Dans son cadre actuel, le "lopin" ne peut permettre
un développement de la production agricole: il faudrait augmenter sa surface et
accorder des moyens plus importants à ce type d'exploitation.
A l'inverse, si le
kolkhoze ou le sovkhoze disposent de moyens matériels adéquats, ceux-ci restent
inutilisables tant que la situation des paysans qui y travaillent ne change pas.
Les travailleurs de la terre ne peuvent s'impliquer réellement dans ces
organismes tant que ces derniers seront de simples instruments de contrôle et de
prélèvements, subis de gré ou de force.
On voit, dès lors, la contradiction qui mine l'économie: la faible productivité
conduit à une pénurie de main-d'oeuvre.
Or, en raison des problèmes de
l'agriculture, il n'est pas possible de prélever dans ce secteur des
travailleurs supplémentaires.
Les pénuries enlèvent enfin toute valeur aux
stimulants monétaires: pourquoi travailler - donc gagner plus - si on ne peut
consommer plus?
Face à une telle situation, les dirigeants soviétiques réagissent
traditionnellement de deux façons:
a) ils tentent de tourner le problème de la productivité par l'achat de
matériels étrangers - une politique qui repose sur l'illusion que seuls les
problèmes matériels sont responsables de la faible productivité.
Non seulement
cette politique est inefficace - et les achats de machines des dix dernières
années le prouvent -, mais elle accentue la dépendance de l'URSS vis-à-vis des
Occidentaux ;
b) ils accentuent le contrôle sur l'économie.
Contrairement à l'évolution
amorcée avec les réformes de 1965, on....
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