URSS (1990-1991): La dernière année Gorbatchev? L'Union soviétique a cessé d'exister en tant qu'État en décembre 1991. Les quinze républiques...
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URSS (1990-1991): La dernière année Gorbatchev?
L'Union soviétique a cessé d'exister en tant qu'État en décembre 1991.
Les
quinze républiques qui étaient "fédérées" au sein de l'URSS sont devenues
indépendantes.
Pour les années suivantes, consulter Arménie, Azerbaïdjan,
Biélorussie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizstan, Lettonie, Lituanie,
Moldavie, Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan, Ukraine.
La montée des désordres internes et les bouleversements des positions
soviétiques sur la scène internationale ont provoqué à l'automne 1990 une
réaction des forces conservatrices sur lesquelles Mikhaïl Gorbatchev s'est
appuyé pour tenter une reprise en main du pays.
Au lieu de conduire à une remise
en ordre et à une relance des réformes, ce sursaut a semblé mener l'URSS dans
une impasse.
"La perestroïka, telle qu'elle a été conçue au départ, a échoué." Que ce constat
ait été fait, le 19 décembre 1990, par le Premier ministre Nikolaï Ryjkov,
l'artisan avec Mikhaïl Gorbatchev de cette politique, en disait long sur la
gravité de la situation.
Dans le domaine économique notamment, celle-ci est
devenue très préoccupante.
En 1990, le produit matériel net a officiellement
diminué de 4%, la productivité de 3%, la production industrielle de 1,2%, celle
de l'agriculture de 2,3%.
La production énergétique a, quant à elle, baissé pour
la seconde année consécutive (de 6% pour le pétrole, de 5% pour le charbon).
Les
exportations de pétrole, importante source de devises, ont chuté de 18%.
Le
commerce extérieur total, de 6,9%.
Le déficit budgétaire, en revanche, n'a pas
été réduit de façon significative: il a atteint quelque 6% du PNB (8,1% selon
l'ONU, Commission économique pour l'Europe).
Les pressions inflationnistes se
sont accentuées: les revenus ont augmenté de 17% et l'inflation était à la fin
de l'année, selon l'ONU, de 19%.
Il n'y a pas eu de famine, mais les pénuries se
sont aggravées et les rationnements ont été étendus.
Une détérioration aux allures d'effondrement
Cette détérioration a pris au début de 1991 des allures d'effondrement.
Le PMN a
chuté de 12% au premier trimestre par rapport à la même période de 1990, la
production industrielle de 5,4% (quatre premiers mois) et de 6,6% en avril,
celle de charbon de 20% (ce qui s'explique par des grèves massives de mineurs).
115 des 156 postes de la nomenclature de production répertoriés par
l'administration étaient en baisse.
Le déficit budgétaire était, lui, 2,3 fois
plus important qu'au premier trimestre 1990.
Pour l'ensemble de l'année, la
chute de la production était alors estimée se situer dans une fourchette entre
18 et 22%.
Les mesures prises pour remédier à cette situation sont demeurées très
traditionnelles.
Les dépenses de défense ont continué à peser très lourdement
sur l'économie.
Les dénationalisations n'ont pas commencé.
Dans l'agriculture,
les baux ont été portés à cent ans, mais la propriété privée de la terre n'a pas
été autorisée.
Les prix de gros le 1er janvier 1991, puis de détail, le 2 avril,
ont été relevés, mais le système de formation des prix n'a pas été modifié.
Les
projets de réforme ont continué à se succéder, cependant qu'aucun n'était mis en
oeuvre de façon cohérente.
Après les programmes Abalkine - du nom du
vice-Premier ministre - et Ryjkov de 1989 et du printemps 1990, deux
été étudiés à l'automne: le plan Ryjkov, revu et corrigé, et le plan
l'économiste Chataline, dit "des 500 jours", nettement plus radical.
compromis peu contraignant qui a finalement été adopté.
premier
autres ont
de
C'est un
Le gouvernement formé en janvier 1991 par Valentin Pavlov - après avoir imposé
une réduction de l'épargne (retrait de la circulation des billets de 50 et 100
roubles) et décidé d'une hausse des prix - a défini en avril un plan anti-crise.
Destiné à la fois à stabiliser de façon autoritaire la situation et à permettre
une transition au marché, celui-ci ne pouvait de toute façon pas sortir le pays
de la crise tant que n'était pas réglé le problème essentiel de la répartition
des compétences entre le centre et la périphérie.
Le pouvoir central a continué en 1990 à faire preuve d'une volonté de
centralisation qui a de moins en moins correspondu à la réalité, car les
réformes politiques engagées en 1988 ont débouché sur un bouleversement du jeu
politique que le Kremlin s'est montré incapable de gérer.
Le PCUS (Parti
communiste de l'Union soviétique) n'a pas résisté au pluralisme qui s'est
développé.
Les nombreuses démissions, notamment celles de personnalités
réformatrices comme Boris Eltsine (au début juillet, un mois après qu'il eut été
élu président de Russie), Gavril Popov et Anatoli Sobtchak, les maires de Moscou
et de Léningrad, la constitution de formations indépendantes, la désaffection de
l'opinion à son égard...
ont témoigné de l'affaiblissement de son autorité, que
n'a pas réussi à freiner la réforme en juillet 1990 du Politburo.
Pour pouvoir
faire face à une situation chaque jour plus complexe, Mikhaïl Gorbatchev a
demandé et obtenu un renforcement de ses pouvoirs.
Le Parlement l'a autorisé en
septembre 1990 à légiférer pendant dix-huit mois par décrets, et en décembre à
restructurer les institutions.
Le gouvernement, rebaptisé cabinet ministériel, a
été placé directement sous sa responsabilité.
Un poste de vice-président de
l'URSS et un Conseil de sécurité ont été créés.
Le Conseil de la fédération créé
en mars 1990 et qui rassemble les dirigeants des différentes républiques a été
doté de nouvelles compétences.
Mais ces décisions ont été impuissantes à stopper
l'effritement de l'autorité centrale, contestée et même souvent ignorée aux
quatre coins du pays.
Éclatement de l'empire
Malgré les efforts du Kremlin, l'éclatement de l'empire s'est accéléré.
Les pays
Baltes ont confirmé leur volonté d'indépendance.
L'Arménie et la Géorgie se sont
engagées sur la même voie.
Des démarches massivement soutenues par la
population: 90% des Lituaniens, 77% des Estoniens et des Lettons, 99% des
Géorgiens se sont, au début de 1991, lors de référendums organisés par leurs
républiques, prononcés pour la rupture avec l'Union.
Les autres républiques
fédérées, pour la plupart entre juin et octobre 1990, ont proclamé leur
souveraineté et la suprématie de leurs lois sur celles de l'URSS.
Elles ont été
suivies par plusieurs républiques autonomes (dont beaucoup, comme la Carélie, la
Bachkirie et la Iakoutie, sont rattachées à la Fédération de Russie) et même par
certaines minorités sans autonomie administrative (cela a été le cas des
Gagaouzes et des Russes du Dniestr en Moldavie).
Le refus de la conscription dans l'armée soviétique qui a atteint dans certaines
républiques des taux de 70% à 80% témoigne de ce démantèlement de la structure
fédérale.
Celui-ci s'est accompagné dans maintes régions de graves conflits.
Entre les Arméniens et les Azéris, les Géorgiens et les Ossètes, les Kirghizes
et les Ouzbeks, les Moldaves, les Gagaouzes et les Russes du Dniestr...
les
affrontements ont été très violents et parfois meurtriers.
Le plus grave pour le pouvoir central a été l'extraordinaire émergence de la
Russie, de loin la plus puissante des républiques soviétiques, qui s'est
affirmée comme une force autonome contestataire.
A plusieurs reprises, elle
s'est engagée dans de véritables épreuves de force avec le Kremlin, revendiquant
le contrôle des banques et du système financier, ainsi que celui des ressources
de son sous-sol, décidant de réduire sa contribution au budget de l'URSS, etc.
Rivalité de deux hiérarchies, mais aussi de deux hommes, Boris Eltsine
apparaissant de plus en plus comme le rival de Mikhaïl Gorbatchev, dont il a
maintes fois, en des termes très sévères, critiqué la politique et le
renforcement des pouvoirs et même demandé la démission.
Son élection, le 12 juin
1991, au suffrage universel à la présidence de la république russe, lui donnant
une légitimité que n'avait pas Mikhaïl Gorbatchev - président de l'Union élu, le
15 mars 1990, par le Congrès des....
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