Vénézuela (1984-1985) Le 22 septembre 1984, huit mois après son entrée en fonction, le président de la République, M. Jaime...
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Vénézuela (1984-1985)
Le 22 septembre 1984, huit mois après son entrée en fonction, le président de la
République, M.
Jaime Lusinchi, annonçait de New York que son gouvernement avait
remporté un "triomphe": venant enfin à bout des réticences manifestées par les
banques créditrices, il avait obtenu d'elles le principe d'un accord de
refinancement de la dette extérieure publique.
Portant sur 22 milliards de
dollars, soit 94% du total, cet accord était conclu à des conditions aussi
"avantageuses" que celles arrachées par le Mexique, mais, différence de taille,
sans avoir accepté le "parrainage" du Fonds monétaire international (FMI).
La
raison officielle en était que le pays, jouissant de confortables réserves de
change et recevant, bon an mal an, 15 milliards de dollars au titre des rentrées
pétrolières, n'avait pas besoin d'argent frais et pouvait tracer, en toute
autonomie, son propre plan de redressement.
En réalité, le "paquet" de mesures
économiques annoncé en deux temps (février et mars 1984) avait repris, sans
toutefois les suivre à la lettre, plusieurs des recommandations faites par les
experts du FMI: dévaluation de 74% du bolivar, avec maintien momentané d'une
triple cotation par rapport au billet vert, réduction drastique des dépenses
publiques, triplement du prix de l'essence, libération des prix - jusqu'alors
contrôlés - de nombreux aliments de base (lait, viande, huile, sucre etc.).
Conscient que l'austérité frapperait durement les couches populaires qui
l'avaient porté au pouvoir, le chef de l'État s'employa à juguler l'inflation elle a tourné autour de 20% en 1984 -, et offrit aux salariés les plus mal lotis
quelques timides compensations telles que l'octroi d'un "bon de transport" de
100 bolivars par mois et l'accès à des cantines installées dans les usines.
Mais
il n'a pas procédé à la hausse générale des salaires que réclamait la puissante
Confédération générale des travailleurs (CTV), très liée au parti
gouvernemental, l'Action démocratique, d'inspiration social-démocrate et
populiste.
Plus grave encore: il n'a pu faire respecter dans la pratique l'ordre
donné au patronat d'augmenter de 10% l'effectif du personnel employé dans les
entreprises.
Ainsi le pari selon lequel 200 000 emplois seraient créés a-t-il
été perdu, alors même que le chômage prenait des proportions dramatiques (25% de
la population active).
Tout cela explique la démission spectaculaire, en janvier 1985, du ministre de
la Planification, M.
Luis Matos Azocar, la "bête noire" des grands groupes
privés.
Au bout du compte, l'idée maîtresse de l'équipe gouvernementale diminuer les inégalités criantes et favoriser un développement plus équilibré
grâce à la mise en oeuvre d'un "pacte social" entre représentants de l'État,
chefs d'entreprise et délégués syndicaux - s'est heurtée non seulement à la
résistance tenace d'une bourgeoisie plus encline à spéculer ou à expatrier ses
capitaux qu'à jouer un rôle dynamique, mais aussi....
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