Devoir de Philosophie

Venise, quand je vous vis, un quart de siècle écoulé, vous étiez sous l'empire du grand homme (1), votre oppresseur...

Extrait du document

« Venise, quand je vous vis, un quart de siècle écoulé, vous étiez sous l'empire du grand homme (1), votre oppresseur et le mien; une île atten­ dait sa tombe ; une île est la vôtre : vous dormez l'un et l'autre immortels dans vos Sainte-Hélène.

Venise! nos destins ont été pareils! mes songes s'évanouissent à mesure que vos palais s'écroulent; les heures de mon printemps se sont noircies, comme les arabesques dont le faîte de vos . monuments est orné.

Mais vous périssez à votre insu ; moi, je sais mes ruines ; votre ciel voluptueux, la vénusté (2) des flots qui vous lavent, me trouvent aussi sensible que je le fus jamais.

Inutilement je vieillis ; je rêve encore mille chimères.

L'énergie de ma nature s'est resserrée au fond de mon cœur ; les ans au lieu de m'assagir, n'ont réussi qu'à chasser ma jeunesse extérieure, à la faire rentrer dans mon sein.

Quelles caresses l'attireront maintenant au dehors, pour l'empêcher de m'étouffer ? Quelle rosée descendra sur moi ? Quelle brise émanée des fleurs, me pénètrera de sa tiède haleine ? Le vent qui souffle sur une tête à demi dépouillée, ne vient d'aucun rivage heureux ! CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe. Vous expliquerez ce texte sous la forme d'un commentaire composé.

Vous montrerez par exemple comment ce poème en prose constitue une méditation dont vous essaierez de préciser les thèmes et l'art avec lequel Chateaubriand les combine les uns avec les autres.

Mais ces indications ne sont pas contrai­ gnantes : vous avez toute latitude pour orienter votre lecture à votre gré. remarque Outre le· devoir précédent, utiliser pour traiter ce texte, la formule suivante de Sainte-Beuve : « Quand on est René, on est double ; on est deux êtres d'âge différent, et l'un des deux, le plus vieux, le plus froid, le plus désabusé, regarde l'autre agir et sentir...

». (!) Napoléon l" (2) Grâce, beauté. 29 PLAN DÉTAILLÉ Grenoble-Ile Maurice-Mayotte/]" (La comtesse Pietranera revient chez son frère au château de Grianta situé sur les bords du Lac de Côme, au nord de Milan en Italie) Au milieu de ces collines aux formes admirables et se précipitant vers le lac par des pentes si singulières, je puis garder toutes les illusions des descriptions du Tasse et de I'Arioste.

Tout est noble et tendre, tout parle d'amour, rien ne rappelle les laideurs de la civilisation.

Les villages situés à mi-côte sont cachés par de grands arbres, et au-dessus des sommets des arbres s'élève l'architecture charmante de leurs jolis clochers.

Si quelque petit champ de cinquante pas de large vient interrompre de temps à autre les bouquets de châtaigniers et de cerisiers sauvages, l'œil satisfait y voit croître des plantes plus vigoureuses et plus heureuses là qu'ailleurs.

Par­ delà ces collines, dont le faîte offre des ermitages qu'on voudrait tous habiter, l'œil étonné aperçoit les pics des Alpes, toujours couverts de neige, et leur austérité sévère lui rappelle des malheurs de la vie ce qu'il en faut pour accroître la volupté présente.

L'imagination est touchée par le son lointain de la cloche de quelque petit village caché sous les arbres : ces sons portés sur les eaux qui les adoucissent prennent une teinte de douce mélancolie et de résignation, et semblent dire à l'homme : la vie s'enfuit, ne te montre donc point si difficile envers le bonheur qui se présente, hâte-toi de jouir.

Le langage de ces lieux ravissants, et qui n'ont point de pareils au monde,.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓